Le plan Cloud gouvernemental a oublié les grandes entreprises
Une dizaine de mesures présentées dans un rapport d'un groupe de travail devraient développer le cloud en France. Mais les grandes entreprises sont négligées en regard des administrations et des PME.
PublicitéLe gouvernement, au travers d'un groupe de travail formé par des acteurs de premier plan du Cloud tricolore, comme Atos et OVH, a publié une dizaine de mesures phares destinées à accroître l'offre et la demande du Cloud.
Ce plan gouvernemental par nature très « consensuel » concerne par conséquent tous les acteurs du marché du Cloud : grand public, TPE / PME, administrations publiques, grandes entreprises clientes, startups spécialisées sans oublier bien sûr les grandes firmes informatiques.
Les grandes entreprises représentant un marché en pleine accélération et très prometteur en termes de Cloud, on est en droit de regretter que le plan ne les concerne que très peu.
Les grandes entreprises, les « oubliées » du plan Cloud
La majeure partie des indications du plan (8 sur 10) concerne les PME, le grand public, les collectivités locales ainsi que les administrations.
Certes les PME sont au coeur du PIB français et le grand public est friand d'applications web « cloudifiées »... pourtant les grandes entreprises vont être également fortement consommatrices de Cloud à court et moyen termes.
Par ailleurs, certaines mesures sur les administrations semblent même aller à l'encontre des principes fondateurs du Cloud : ajouter des « contraintes de neutralité » au processus marché public risque d'allonger la durée de sélection d'un fournisseur -- actuellement plus d'un an ! - alors que le marché est en pleine ébullition (consolidation des fournisseurs, lutte acharnée pour une baisse perpétuelle des prix...). Le risque de voir les appels d'offres devenir caduques est de ce fait élevé. La flexibilité est dans l'ADN du Cloud, elle doit se ressentir sur le marché.
Deux mesures « positionnantes » ?
La création d'un label « Secure Cloud » ainsi que l'incitation à la construction de datacenters en France sont les deux mesures qui concernent les grandes entreprises.
On ne peut que saluer la première initiative. Il faudra cependant s'assurer que la certification « Secure cloud » ne soit pas une simple formalité mais une réelle certification pour les hébergeurs de Cloud.
La seconde initiative incitant à la création des datacenters en France, aura pour effet de positionner la France comme place de choix pour l'implantation des datacenters des géants du web et des opérateurs. La France jouissait déjà une bonne attractivité du fait de son faible coût énergétique et d'un réseau de fibre optique développé.
Des mesures absentes mais pourtant nécessaires
Aujourd'hui en Europe, en l'absence d'une offre mature et développée en services à valeur ajoutée, les grandes entreprises se tournent vers les offres de Cloud américaines celles d'AWS, de Microsoft, HP, IBM, Salesforce...
Par conséquent, les problématiques actuelles des grandes entreprises concernent la confidentialité des données et les potentiels impacts de l'armada de surveillance (Patriot Act, Prism).
Il serait essentiel de clarifier et d'expliquer les réels risques et contraintes légales par secteur d'activité, qu'encoure une société française à contractualiser ou faire héberger ses données sur des Clouds américains, que les données soient en France ou non.
PublicitéUn plan très abstrait loin de l'accomplissement du projet « Andromède »
Rappelons que ce plan « Cloud » en 10 points est inclus dans un plan plus global sur l'innovation industrielle pour la France traitant d'autres problématiques importantes (cybercriminalité, souveraineté des télécoms...). Sans réelle suite concrète, ce plan risque d'être vite oublié. L'initiative « Andromède » qui a donné naissance aux deux fournisseurs de Cloud souverains (Numergy et Cloudwatt) trois ans plus tôt avait un objectif beaucoup plus concret. On ne peut que regretter que ce nouveau plan ne soit pas de la même veine.
Article rédigé par
Yannick Neff, Manager - Architecture des SI chez Solucom
Ingénieur diplômé de l'EPITA en Informatique Option SIGL (Système d'Informations & Génie Logiciel), il est aujourd'hui chargé des TD d'architecture pour la majeure SIGL de cette école.
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