Le multi-cloud, une évolution pas nécessairement naturelle du cloud

Le 24 janvier 2018, le CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) a réuni des fournisseurs de technologies pour débattre du multi-cloud.
PublicitéLe mot « cloud » ne fait plus tellement frémir dans les chaumières de DSI. Il est rentré dans les moeurs. L'utiliser va de soi. Du moins, c'est ce que l'on pourrait croire. L'évolution du cloud vers le multi-cloud, qui pourrait sembler naturelle mais ne l'est pas tant que ça, montre bien les limites actuelles du modèle. Le CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) a consacré son débat du 24 janvier 2018 à l'avènement du multi-cloud.
« La maturité des entreprises clientes est très variable » a constaté Franck Lecaillon, directeur technique Infrastructure Management Services chez Econocom. Le terme de cloud renvoie à un ensemble de technologies de virtualisation, d'automatisation et d'industrialisation des infrastructures IT. Mais un cloud peut être privé local, privé externalisé chez un tiers, communautaire, public, etc. et concerner la seule infrastructure (IaaS), une plate-forme à valeur ajoutée (PaaS) ou bien aller jusqu'à la délivrance de logiciels en ligne (SaaS). Or l'automatisation, point fort du cloud, n'est pas si évidente que cela selon Franck Lecaillon qui ajoute : « il existe encore beaucoup de services hébergés dans un cloud qui ne peuvent pas être transférés aisément dans un autre cloud ». Cette réversibilité est au coeur de la problématique de multi-cloud.
Le transfert entre clouds différents n'est pas une évidence
« De fait le cloud n'est là que pour atteindre des objectifs précis » a renchérit Xavier Poisson Gouyou Beauchamps, vice-président mondial Service Providers et Cloud28+ chez HPE. Agilité, moindre coût... le cloud n'est en effet qu'un moyen pour y parvenir. Et la migration d'un cloud dans l'autre peut ne pas être si évidente qu'il le faudrait, pas seulement pour des raisons techniques d'ailleurs. François Baranger, directeur technique chez T-Systems a ainsi relevé : « même si la transformation est transparente techniquement, elle ne l'est pas nécessairement économiquement. »
Un changement de cloud peut en effet être l'occasion d'une amélioration ou d'une évolution, c'est à dire d'un projet avec son coût propre. Mais le changement lui-même peut être problématique à cause des modèles de facturation du cloud public. En effet, si le stockage pur y est peu coûteux, la puissance de calcul peut l'être davantage. Et les coûts réseaux peuvent être rédhibitoires pour migrer des tera-octets de données, dans un sens comme dans l'autre. Ces limitations très économiques du cloud public permettent de conforter la position défendue avec unanimité par les fournisseurs présents : merci de ne pas oublier le cloud privé !
Faire communiquer des clouds dédiés à des progiciels
« Il faut souligner un fait rare : tous les fournisseurs ont le même discours » a ainsi constaté Sébastien Verger, directeur technique chez Dell/EMC France. Il a ajouté : « les DSI ont freiné autant qu'ils ont pu le cloud public qui est arrivé en Shadow-IT. Ils ont alors constaté que, finalement, c'était pas mal. Et, aujourd'hui, on est souvent en cloud first. » Et les éditeurs de progiciels poussent, aujourd'hui, tous au cloud : Microsoft, Cegid, SAP, Oracle...
Mais, de ce fait, et pour disposer d'un véritable SI unifié, il faut donc faire communiquer les clouds. Et c'est là que les ennuis commencent. L'utilisation d'un middleware est bien sûr une première réponse technique. Il reste à trouver une réponse acceptable sur le plan financier.
PublicitéLes lendemains qui chantent du cloud brokering
Et si la réponse, pour le côté économique, était du côté du cloud brokering ? « Le cloud brokering, c'est la possibilité de consommer des ressources cloud issues de divers services de cloud selon la performance, la disponibilité ou le coût, à la demande » a défini Adrien Pestel, directeur technique des offres Cloud Public et Consulting chez Oxalide. Bref, le cloud broker est, en quelque sorte, un cloud de clouds. Et il permettrait donc de réellement bénéficier de toute la force et l'agilité du cloud. Sauf que la dépendance des fournisseurs d'infrastructures se fait remplacer par celle au broker. Surtout, pour pouvoir changer de clouds, il faut que les services utilisés soient les mêmes sur chaque cloud. Autrement dit, l'approche par cloud brokering implique un nivellement par le bas et un renoncement aux innovations de tel ou tel fournisseur.
« On finit par créer des monstres qui s'empilent » s'est inquiété Jean-Claude Bellando, directeur Product Marketing MFT chez Axway. La bonne solution serait donc d'opter pour des micro-services communicants afin de changer individuellement les micro-services en cas de besoin. Cette logique repose sur des API exposées au travers d'un portail, l'API gateway Quant aux conteneurs (type Docker), la technologie est prometteuse mais en est concrètement aux prémices. « Il n'existe pas de panacée technique, tout dépend des usages » a insisté Xavier Poisson Gouyou Beauchamps.
Il reste alors à se poser la question des compétences. Vaste débat ! Certes, les automatisations mettent à mal certains postes mais de nouveaux profils apparaissent dans les besoins. Le plus bel exemple est le fameux Finops dont le rôle est d'optimiser les coûts en ayant une vraie compétence technique.
Sur le même sujet, la CIOnférence Software Defined Everything organisée par CIO aura lieu le 13 février 2018 à Paris.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire