Tribunes

Le mainframe, citoyen du Web.

Le mainframe, citoyen du Web.

Pour un retour de la vengeance du fantôme du mainframe qui ne veut pas mourir.

PublicitéRien ne semble plus éloigné de l'Internet qu'un mainframe. Les mainframeurs se désignent souvent eux-mêmes comme des « dinosaures » ou des « crocodiles », peut-être pour signifier combien ils ont la peau dure aux quolibets. Dans de nombreuses grandes entreprises, on trouve encore aujourd'hui beaucoup de données et d'applications sur des grands systèmes. Pourquoi cette survie ? Pour trois raisons. Tout d'abord, obéissant, comme tout le secteur informatique, à la loi de Moore les grands systèmes ont gagné en fiabilité et leurs prix ont baissé, accompagnant ainsi la croissance des entreprises. Ensuite, leur concept : on redécouvre leur intérêt en termes de virtualisation et d'organisation de la sécurité. Enfin leur contenu : au fil des améliorations, année par année, la valeur des grands systèmes s'est renforcée. Simultanément, le web est en pleine révolution. Pour que l'entreprise vive, la seule identité Internet apparaît insuffisante, ou le sera à brève échéance. La vie de l'entreprise, ses échanges avec ses fournisseurs, clients, prospects, employés, contractants doivent s'effectuer via des applications internet. Ces applications sont donc constamment présentes et sollicitées. Ainsi, chaque échange peut être mis en échec à tout moment. De plus, les autorisations des intervenants, virtuels ou réels, doivent être gérées par des professionnels. Il est amusant de reconnaître ici, le « style mainframe », autrefois dominant, où chacun formait un « monde » par lui-même, où les applications devaient se montrer robustes et économes, et où la multiplicité des intervenants était normale, chacun d'eux pouvant, de manière contrôlée, mettre à jour une partie du système. D'où une opportunité de synergie entre les grands systèmes et le web : d'une part, les applications des premiers peuvent, à peu de frais, être transposées en applications Internet ; d'autre part, l'ouverture de l'entreprise peut s'accélérer grâce à la réutilisation des applications grands systèmes. Voici quelques années, la difficulté de la transposition rebutait et menait parfois à l'abandon du grand système. A présent, des fournisseurs ont résolu les divers problèmes posés. A tel point qu'il est souvent impossible de dire si une application a été transposée ou réécrite. Quant à la complexité des applications, on découvre bientôt qu'elle tient moins à l'ancienneté qu'aux contraintes d'origines des grands systèmes : permanence du service, résistance aux incidents, économie de moyens, gestion des sécurités. Cette complexité, nécessaire, répond à des problèmes toujours d'actualité, et les solutions apportées sont par définition compatibles avec le reste du système d'information. On voit s'esquisser quelques possibilités de gains faciles autour du mariage du grand système avec les technologies du web. Encore faut-il déceler la pépite sous la poussiéreuse application 3270 toujours en production. Et comprendre comment l'améliorer grâce aux techniques web, sans perte de performance et avec gain fonctionnel. On dit souvent que les modes sont cycliques. Pourquoi n'y aurait il pas une nouvelle vogue, celle du grand système, citoyen du web ?

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