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Le groupe La Poste expérimente une plateforme IoT agnostique pour sa logistique

Le groupe La Poste expérimente une plateforme IoT agnostique pour sa logistique
Fabrice Plateau, directeur Innovation IT (BSCC) du groupe La Poste : « L’API proposé par Kuzzle permet d’intégrer les capteurs par simple paramétrage. »

Le département d'innovation IT de la branche services courrier-colis du groupe La Poste a évalué la plateforme IoT (Internet des objets) de Kuzzle, spin-off de Kaliop, pour des usages logistiques. La solution a été retenue pour sa capacité à collecter et agréger des données provenant de capteurs hétérogènes.

PublicitéLe département d'innovation IT de la branche services courrier-colis (BSCC) du groupe La Poste mène plusieurs expérimentations autour de l'Internet des Objets (IoT). Dans une optique de « smart logistique », il a notamment bâti un Proof of Concept (POC) autour de la plateforme Kuzzle, une spin-off de Kaliop, afin de remonter des informations provenant de capteurs embarqués sur les conteneurs. Fabrice Plateau, directeur Innovation IT de la branche services courrier-colis (BSCC) du groupe La Poste, revient sur ce projet présenté lors de la 5e édition du salon Vivatech et en partage les enseignements.

« Le département innovation teste de nouvelles solutions pour les métiers. Notre objectif avec ce POC était de piloter des caisses mobiles, afin de les identifier et de fournir des informations aux sites destinataires, pour indiquer par exemple qu'un camion arrive ou qu'il a du retard », explique Fabrice Plateau. Cette expérimentation sur l'IoT vise à remonter des données brutes afin de les exploiter ensuite dans de nouveaux services. Pour cela, il faut des capteurs qui mesurent les données à la source, des réseaux pour les remonter et une plateforme pour les traiter, les agréger et les restituer. « Pouvoir embarquer ces technologies est très intéressant d'un point de vue métier. Pour le POC, nous avons choisi des données de positionnement, mais nous pourrions aussi suivre la température, la pente, etc., le tout sans intervention humaine. Cela retire les contraintes actuelles, où les opérateurs et chauffeurs doivent cliquer sur des applications ou scanner des codes, tout en nous permettant de piloter finement nos assets », développe le directeur innovation. L'équipe a cherché une plateforme IoT afin de collecter les données et de restituer les informations. La plateforme Kuzzle a attiré son attention grâce à son caractère agnostique. « Il ne s'agissait pas d'une solution propriétaire ni liée à un fournisseur de composants. Ce caractère agnostique nous permet de piloter des composants de marques différentes, et ainsi de nous affranchir du discours des constructeurs », affirme Fabrice Plateau. Le groupe voulait aussi maîtriser le paramétrage des capteurs. « Nous voulons par exemple pouvoir utiliser nos propres réseaux quand les capteurs sont à proximité d'une borne WiFi. Il faut pouvoir le programmer facilement dans les capteurs », explique le directeur innovation.

Un POC basé sur la technologie LoRa

Le département d'innovation IT a ensuite monté un Proof of Concept (POC) en collaboration avec l'éditeur, un projet géré et piloté par Jean Paul Fabre, responsable du Lab Paris au sein du groupe La Poste. Quatre familles de capteurs différents ont été installées dans les remorques et intégrées dans la plateforme, début mars 2021. « Dans ce type de projet, il s'agit de capteurs qu'il faut laisser vivre, ce n'est pas pertinent de devoir intervenir dessus fréquemment », pointe Fabrice Plateau. L'une des difficultés concernait donc la consommation d'énergie : la batterie peut en effet vite s'user s'il faut remonter des données toutes les minutes. « Pour nos tests, nous avons choisi un rythme de remontée d'information au quart d'heure, sachant que la plateforme permet de changer les paramètres et de reprogrammer les capteurs en ligne. Notre objectif était une durée de vie d'au moins trois ans, donc nous avons privilégié des capteurs à basse consommation du marché, basés sur la technologie LoRa et d'installation simple », détaille Fabrice Plateau. Pour Vivatech, l'équipe a également développé un démonstrateur sous forme d'applications mobiles Ios et Android. « Ces applications permettent de visualiser la localisation de nos camions », décrit le directeur innovation IT.

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Cette carte illustre les éléments de localisation remontés par les capteurs (en vert) sur un parcours, les points orange étant ceux remontées par les plateformes internes du groupe.

Le POC a permis de valider la simplicité d'intégration des capteurs de grande consommation à la plateforme. L'effort a été minime, selon Fabrice Plateau. « Grâce à l'API proposée par Kuzzle, il n'y a pas eu besoin de développement, seulement du paramétrage. Cela évite de devoir tout réécrire à chaque nouveau capteur ajouté », souligne-t-il, saluant au passage la réactivité des équipes de l'éditeur. « Nous avons atteint les objectifs fixés par le POC, plusieurs données ont été remontées positivement et nous avons pu mesurer les éléments souhaités », estime le directeur de l'innovation IT.

Des tests prévus sur d'autres métiers

L'expérimentation menée a également permis de révéler certains points d'attention selon Fabrice Plateau. « Malgré les discours des opérateurs, il reste encore des zones blanches en France, où nous perdons la trace des capteurs. Par ailleurs, tous les capteurs du marché ne sont pas équivalents », note-t-il. Par ailleurs, si la technologie est mature et fonctionne, le coût d'accès reste un frein à certains usages de grande consommation. « À l'heure actuelle, les capteurs que nous évaluons coûtent en moyenne 100 €. Avoir l'information en temps réel peut être utile pour certains clients, mais il faut bien segmenter le marché en termes de cas d'usage, et peut-être réfléchir à des capteurs recyclables et/ou réutilisables. Demain, si le coût de production des capteurs baisse, on peut imaginer la mise en place de capteurs dans chaque colis, ainsi que la restitution des informations aux consommateurs, à la place du flashage », se projette Fabrice Plateau. Parmi les sujets à adresser, celui-ci évoque également la dimension internationale. « Les étiquettes de suivi sont différentes selon les pays. Il faut pouvoir relier les différentes plateformes techniques, en travaillant avec les postes étrangères. Sur ce point, la blockchain pourrait avoir un intérêt pour assurer une traçabilité à l'échelle globale. »

Le département innovation a identifié d'autres cas d'usage possibles pour l'IoT, notamment en embarquant des capteurs sur les vélos ou les voitures. « L'IoT nécessite de l'éducation et de la formation, mais cela permet d'avoir des données qualitatives, si on peut capter les informations à la source. Nous avons des tests prévus sur les besoins d'autres métiers que la logistique. L'idée est de réutiliser la plateforme pour différents besoins », confie Fabrice Plateau. Actuellement, celui-ci estime être « au milieu du gué » sur ces technologies. « Il revient désormais aux métiers, qui regardent également les solutions proposées par les constructeurs, de digérer l'expérimentation. La décision d'industrialiser la solution leur revient », indique-t-il en conclusion.

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