Projets

Le groupe Essilor transfère ses applications métier sur le cloud

Le groupe Essilor transfère ses applications métier sur le cloud
Séverine Bellier (Essilor) : « la coordination a joué un rôle clef dans la migration rapide de nos applications vers Oracle Cloud Infrastructure. »

Lors d'une webconférence organisée par Oracle, le groupe Essilor est revenu sur la récente migration de ses applications E-Business Suite sur Oracle Cloud Infrastructure. Un projet achevé en une dizaine de mois, qui a permis d'améliorer les performances et la sécurité.

PublicitéGroupe industriel spécialisé dans l'optique, Essilor est membre de longue date de l'AUFO, club utilisateurs des solutions Oracle. « Les échanges avec les utilisateurs nous permettent d'anticiper les évolutions, de nous aider dans nos choix et d'éviter certaines erreurs », souligne Séverine Bellier, responsable domaine ERP chez Essilor et également secrétaire générale de l'AUFO. Lors d'une webconférence organisée par Oracle, l'entreprise a souhaité à son tour partager son expérience avec la communauté des utilisateurs, en détaillant la migration de ses applications E-Business Suite sur Oracle Cloud Infrastructure (OCI).

Au niveau IT, Essilor exploite environ 8000 serveurs, dont 35 à 40% dans le cloud. Sur ceux-ci tournent plus de 1000 applications. « La DSI a deux priorités à l'heure actuelle : l'intégration avec Luxottica, qui génère de nombreux projets de synergie, ainsi que la sécurisation des applications et infrastructures », explique Fernando Lopez de Varo, directeur infrastructure Europe chez Essilor. La migration vers OCI répond précisément à cette seconde priorité. « Les solutions Oracle E-Business Suite couvrent les besoins de treize de nos usines dans le monde, qui produisent 250 millions de verres par an. Elles assurent aussi la  gestion de quatre laboratoires et quatre stocks importants, ainsi que la finance pour le siège et les filiales européennes. Au total, cela représente environ 4000 utilisateurs dans le monde, en 24*7 », indique Séverine Bellier. Essilor utilise notamment les modules Finance, Achats, Supply Chain, la gestion d'entrepôts (WMS) ainsi qu'une brique middleware SOA, avec une proportion importante de développements spécifiques.

Une migration à isopérimètre pour aller vite

Le passage au cloud a été décidé pour plusieurs raisons. D'une part, les environnements étaient hébergés sur des infrastructures internes sur Exadata en fin de vie, qui devenaient assez complexes à maintenir. « Nous souhaitions continuer avec ce type d'infrastructures, mais en déléguant la maintenance, d'où ce choix du cloud, facilité par une expérience antérieure avec un autre fournisseur », souligne Fernando Lopez de Varo. Par ailleurs, le datacenter faisait l'objet d'une préemption de terrain, devant fermer ses portes fin 2020. Comme il fallait aller vite, Essilor a opté pour une migration à isopérimètre fonctionnel, en basculant ses instances E-Business Suite (en version 12.2) vers OCI et Exadata Cloud Service. « Le passage à une solution SaaS représente un gros projet dans un groupe comme Essilor, le moment ne s'y prêtait pas », précise Séverine Bellier. La migration envisagée concernait sept instances de production et deux instances d'archives, représentant une trentaine de bases de données, pour une volumétrie d'environ 20 téraoctets. Il fallait pouvoir migrer rapidement l'ensemble, afin de pouvoir décommissionner les environnements Exadata on-premise en parallèle.

PublicitéLe business case présenté au management offrait plusieurs intérêts. D'une part, le retour sur investissement était rapide, environ un an et demi. « C'était un réel déclencheur », pointe Fernando Lopez de Varo. Par ailleurs, le projet s'inscrivait parfaitement dans la stratégie IT d'Essilor, qui prévoit d'avoir 50% de ses environnements dans le cloud à horizon 2022. Enfin, migrer dans le cloud apportait de la réactivité, en permettant de pouvoir adapter les infrastructures à la hausse comme à la baisse. « Quand nous avons fait l'étude de faisabilité avec Oracle, nous avons monté un Proof of Concept (PoC) afin de valider un certain nombre de critères », raconte Fernando Lopez de Varo. Les indicateurs évalués portaient sur l'architecture technique OCI, le bon fonctionnement de l'écosystème Essilor connecté à E-Business Suite, les coûts ainsi que la possibilité de monter un vrai PRA (Plan de Reprise de l'Activité), un aspect essentiel. « Nous avons aussi vérifié que les arrêts nécessités par la migration restaient acceptables », ajoute le directeur infrastructure Europe.


Fernando Lopez de Varo (Essilor) : « la connectivité réseau est un point de vigilance dans ce type de projet ».

Vigilance sur les architectures

« Après cette phase de PoC, nous avons démarré le projet proprement dit, en septembre 2019. Nous avons travaillé sur la conception de l'architecture, puis sur un pilote, accompagnés par Oracle Consulting », indique Séverine Bellier. Pour un tel projet, Essilor souhaitait en effet se faire accompagner directement par l'éditeur. Une fois la méthodologie de migration en place, celle-ci a été déroulée sur chaque instance : d'abord une migration test, ensuite un run à blanc puis la bascule proprement dite. La première instance a été migrée en octobre 2019. « Nous avons démarré par un référentiel, car il y avait moins de contraintes en termes d'interruption de service. La migration suivante a été effectuée en décembre, après quoi nous avons migré au rythme d'une instance par mois - exception faite de mars, où nous avons dû faire une pause à cause du confinement », relate Séverine Bellier. Toutes ces interventions ont eu lieu le week-end. « Si la première a demandé 12 heures, au fil du temps nous avons amélioré le processus, pour réduire le délai à 8 heures sur les plus grosses instances (plus de 7 téraoctets) », précise la responsable domaine ERP.

Un tel projet soulève plusieurs points d'attention. Le premier est lié à la complexité de l'écosystème Essilor, avec de nombreuses interconnexions et plusieurs sites connectés dans le monde. Pour Fernando Lopez de Varo, la connectivité réseau est un aspect important, davantage que les interfaces applicatives. « Nous utilisons des liens FastConnect pour relier nos datacenters avec OCI. Il n'a pas été nécessaire de faire des changements au niveau applicatif, simplement au niveau du paramétrage réseau », précise-t-il. Un autre point de vigilance concerne l'architecture. « Au niveau d'OCI, l'architecture mise en place fonctionne parfaitement. En revanche, nous aurions dû passer davantage de temps sur l'architecture d'E-Business Suite dans le cloud, afin de limiter les périodes d'interruption des services lors des mises à jour de sécurité » estime Fernando Lopez de Varo. Actuellement, celles-ci nécessitent en effet un arrêt par trimestre, d'environ 8 heures. « Avec une architecture différente, nous aurions pu en faire davantage à chaud. Il ne faut pas sous-estimer la complexité liée à E-Business Suite », prévient-il.
Une sécurité et des performances accrues

La migration des neuf instances s'est achevée fin juin 2020. « Aujourd'hui, l'environnement cloud est opérationnel. En passant sur OCI, nous avons gagné en performance et en scalabilité », se réjouit Fernando Lopez de Varo. « Nous envisageons de déployer les solutions en Asie, l'infrastructure n'est plus un point de blocage. Le maintien en conditions opérationnelles est effectué par les équipes d'Oracle, nous devons juste veiller à garder des créneaux pour leurs interventions. Les mises à niveau sont également facilitées par rapport à la version sur site. Enfin, la sécurité est accrue grâce à la mise en place d'un vrai PRA, que nous avons testé, avec un site primaire et secondaire. » Si le projet a pu être mené aussi rapidement, c'est aussi grâce à la très bonne collaboration entre les trois équipes impliquées : celle d'Oracle, l'équipe Infrastructure et l'équipe Applications. « La coordination joue un rôle essentiel dans la réussite », confirme Séverine Bellier.

Parmi les prochaines étapes, une révision de l'architecture est prévue afin de réduire les temps d'arrêt liés aux maintenances. La migration de deux instances supplémentaires, en version 11i, est aussi à l'étude. Essilor cherche également à tirer parti des différents services du cloud Oracle, notamment le Developer Cloud Service, outil permettant de gérer les tickets, les sources et de faire du déploiement automatique. « Nous étudions aussi certaines options incluses dans l'offre PaaS d'Oracle pour des projets de sécurité », confie Fernando Lopez de Varo, qui indique par ailleurs regarder les solutions autonomes d'Oracle, pour Linux et les SGBD. Enfin, au niveau du groupe, d'autres régions géographiques s'intéressent au projet, envisageant elles aussi de basculer sur OCI.

Partager cet article

Commentaire

Avatar
Envoyer
Ecrire un commentaire...

INFORMATION

Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.

Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire

    Publicité

    Abonnez-vous à la newsletter CIO

    Recevez notre newsletter tous les lundis et jeudis