Le groupe de prêt-à-porter SMCP rhabille sa comptabilité sur le cloud
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Le groupe français de prêt-à-porter, qui emploie quelque 6600 personnes, a rationalisé sa comptabilité et son contrôle de gestion sur une solution unique, couvrant l'ensemble de ses filiales dans 23 pays.
PublicitéAvoir une visibilité sur la comptabilité en temps réel. C'est cette ambition que poursuivait le groupe français de prêt-à-porter SMCP (Sandro, Maje, Claudie Pierlot) via le déploiement d'un outil en SaaS couvrant l'ensemble de ses activités. « Nous avions auparavant une organisation assez dispersée, avec une comptabilité par pays, qui était soit externalisée, soit gérée par des équipes placées dans les filiales, avec des outils et processus propres », raconte Guillaume Sauret, responsable applicatif finance de SMCP. Les consolidations financières étaient alors effectuées, chaque mois, par échanges de fichiers.
Dès 2018, le groupe fondé en 2010 prend la décision de passer sur un outil comptable unique et sur une solution de contrôle de gestion centralisée. Tout en conservant des consolidations par business units, des découpages par régions et/ou par marques. « Notre volonté était de mettre en oeuvre un outil couvrant l'ensemble des pays, dont ceux d'Asie, Chine y compris, détaille Guillaume Sauret. Par ailleurs, la solution devait intégrer des fonctions de contrôle de gestion. » Ces deux critères permettent à Oracle de se détacher, SMCP s'orientant d'emblée vers la version SaaS de l'éditeur américain, Cloud ERP. « Nous étions parmi les premiers utilisateurs en France, reprend le responsable applicatif finance. Il s'agissait pour nous d'un critère de sélection, pour des questions de simplicité d'installation, mais aussi d'accès des cabinets comptables tiers avec lesquels nous travaillons, notamment sur les aspects relatifs à la fiscalité. »
Un coup d'arrêt dû au Covid
Le projet démarre par la définition d'un core model, prévoyant les intégrations aux outils périphériques utilisés par le groupe. Ce modèle est notamment construit avec les équipes de Véronique Couviller, aujourd'hui directrice comptable Shared Service Center de SMCP et à l'époque responsable de la comptabilité pour la France. « Comme c'est le marché coeur du groupe et que c'est aussi le plus complexe, notre modèle a été défini sur ce socle », justifie-t-elle. Les premières migrations démarrent fin 2018 aux Etats-Unis et au Canada, des périmètres sur lesquels les interfaces étaient les plus légères, réduisant ainsi la complexité des premières opérations. Puis suit la migration de la France en avril 2019, celle d'autres pays européens cette même année et celle de la Chine au tout début de 2020.
Guillaume Sauret, responsable applicatif finance de SMCP. Selon lui, le projet sera amorti en deux à trois ans. (Photo : D.R.)
La crise du Covid, avec ses conséquences sur l'activité du groupe - les confinements mettant à l'arrêt le commerce traditionnel, un choc pour une entreprise comptant 1700 points de vente dans le monde -, mais aussi sur le projet, du fait de la mise en pause des voyages, enraye cette mécanique. « Notre modèle de déploiement et notre feuille de route ont été revus », résume Véronique Couviller. Le groupe de prêt-à-porter poursuit toutefois le projet avec une équipe allégée, change de prestataire pour réaliser des économies et internalise les connaissances en paramétrage. Dans le projet, 2020 s'apparente donc à une année de transition, même si deux nouveaux pays migrent tout de même vers la solution SaaS.
PublicitéEncaisser les évolutions de périmètre
Une fois passé ce creux de la vague, SMCP relance les migrations. Ce qui lui permet d'achever son projet mi-2024, avec la migration des derniers pays européens figurant sur la feuille de route. En tout, 23 pays et une quarantaine d'entités légales sont désormais couverts par la solution SaaS. « Depuis le lancement du projet, le périmètre du groupe a aussi évolué, avec l'intégration de Fursac (racheté en 2019, NDLR), l'ouverture d'activités en Océanie ou la croissance de l'Asie. Sans oublier des évolutions réglementaires ou métiers qui ont également eu un impact sur nos plans initiaux », souligne Guillaume Sauret. Dans le courant du projet, les équipes chargées de la compatibilité et du contrôle de gestion au sein de ce groupe de quelque 6 600 personnes (1,2 Md€ de chiffre d'affaires en 2023) ont travaillé en mode hybride, une partie des consolidations étant effectuée dans la solution Oracle, tandis que les autres se perpétuaient via les processus traditionnels.
La solution, désormais exploitée par quelque 120 utilisateurs pour le volet comptabilité et une cinquantaine pour le contrôle de gestion, a d'abord permis à SMCP de gagner en délai de clôture, un facteur clef pour cette société cotée. « La décision de lancer le projet est d'ailleurs venue de là, souligne Véronique Couviller. Nous avons également économisé plusieurs centaines de milliers d'euros par an en frais de cabinets comptables et gagné en lisibilité, toute la comptabilité de tous les pays étant accessible de la même manière. Ce qui sécurise les écritures et raffermit les pistes d'audit. »
Simplifier l'arrivée de la facturation électronique
Pour Guillaume Sauret, le projet sera pleinement amorti en deux à trois ans, en raison également des économies d'échelle apportées par la consolidation des équipes et par la polyvalence accrue des comptables, ceux-ci travaillant désormais sur des processus harmonisés. Un centre de services partagés, que dirige Véronique Couviller et qui compte environ 45 personnes, a ainsi été créé pour les activités en Europe. « Sans oublier les bénéfices en termes de nouvelles analyses de données sur la trésorerie, les fournisseurs ou les clients », ajoute Guillaume Sauret.
La consolidation des outils et de l'organisation permet, enfin, au groupe de prêt à porter de voir arriver les réglementations européennes sur le reporting et la facturation électronique avec une certaine sérénité. « Avoir la maîtrise de l'outil et la connaissance des données représente un gain de temps pour ces projets de mise en conformité », assure le responsable applicatif finance. De quoi faire face à la prochaine échéance majeure sur ce terrain, le 1er septembre 2026, date de l'entrée en vigueur de cette réglementation en France.
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Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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