le DSI était le 7ème et avant-dernier « personnage » de l'entreprise
Publicité CIO. Comment se positionnent le DSI et sa légitimité dans l'organisation ? Cela a-t-il évolué pendant ces cinq années ? Georges Epinette. J'ai lu récemment dans je ne sais plus quelle revue que le DSI était le 7ème et avant-dernier « personnage » de l'entreprise juste .... devant le DRH ! Ce classement, caricatural s'il en est, demeure toutefois assez significatif quand on connaît l'importance du capital humain et l'omniprésence des SI à la compétitivité de l'entreprise ! En fait, je pense que la légitimité du DSI dépend du niveau de maturité de ses dirigeants. Les entreprises ont les Collaborateurs et l'informatique qu'ils méritent ! Pour ce qui relève de notre fonction, c'est vrai que nous sommes passés progressivement d'une responsabilité de patron de l'usine informatique (de Grand Prêtre des Ordinateurs), parfois empêtré dans ses problèmes opérationnels, à un management des SI axé sur les coûts (en faire davantage pour moins cher). Et puis, progressivement, maturité des parties aidante, le DSI s'est retrouvé au carrefour des consultations. En effet, qui connaît mieux les flux de l'entreprise ? De plus en plus, en démystifiant et démythifiant sa fonction, on s'adresse volontiers à lui, notamment : s'il sait jouer la partition de la transparence, de la confiance ; et s'il se montré disposé à co-manager le SI avec ses Collègues des directions métiers. Il ne s'agit pas d'un déplacement de responsabilités mais de nouvelles opportunités qui plaident en faveur de nouveaux rôles : Consultant, Stratège, Patron des Processus, de la Sécurité et/ou de la Gestion des Risques, de l'Innovation, que sais-je ? CIO. Quels sont les changements les plus notables que vous avez observés depuis cinq ans ? G.E En règle générale, en interne, les DSI semblent être passés du « mal nécessaire » (on comprend rien, çà coûte cher...), informés après coup (l'intendance suivra), à des partenaires reconnus par leur capacité à entreprendre, à conseiller et à suggérer des voies nouvelles en dehors des cadres standards... Le DSI est désormais partie prenantes des grandes décisions et doit trouver naturellement sa place au sein des Comex. Du côté de la relation d'affaires avec les fournisseurs, il y a eu des grands changements. Comme partout les concentrations ont continué à s'accélérer créant de nouveaux monopoles qui limitent l'espace de choix et de liberté. Le long-terme n'existe plus et la relation commerciale devient de plus en plus déshumanisée au profit de l'immédiat quarter. Sauf exceptions, avec une telle vision courtermiste les engagements initiaux ont du mal à être tenus. Que de temps perdu dans les arcanes contractuels à lever toutes les chausse-trappes ! Il est grand temps de renouer avec une éthique des relations : celle du respect de la parole donnée... mais sans doute suis-je trop idéaliste car mon interlocuteur d'aujourd'hui ne sera peut être plus là demain. Même chose pour la « DLC» (Date de limite de Consommation) du DSI qui tourne autour de 3 ans. Comment voulez-vous mener une politique audacieuse en si peu de temps ! En fait, rien n'est acquis, nous vivons dans un monde fait d'incertains, il faut être prêt à retransformer les... transformations récentes, à désassembler les assemblages d'hier. L'agilité devient donc un leitmotiv... et met la DSI en situation de stress permanent. Enfin, la mondialisation (la Terre Plate de M. Friedman) suggère de nouveaux enjeux qui vont avoir un impact certains sur les emplois et les fonctions existantes. Et cela me semble préoccupant... CIO. Quel sont les impacts sur l'organisation des systèmes d'information ? G.E Gouvernance et urbanisation, manière de conduire et de lotir les projets, développement des applications (SOA-MDA), business case... nous entrons dans un tableau impressionniste : des petites touches qui suggèrent une approche globale à travers une kyrielle de points de couleurs. L'harmonie du tableau réside désormais dans l'ordonnancement des plans soutenus par les référentiels de bonnes pratiques qui tendent à devenir des standards. Notons toutes fois que ces standards imposent un ticket d'entrée assez élevé qui risque de scinder la manière d'aborder ces thématiques en fonction de la taille, et des budgets, de la DSI. CIO. Cela change-t-il le profil des DSI ? G.E Oui, le DSI se positionnera de plus en plus en tant que patron de tous les flux de l'entreprise. Certes, il continuera à s'occuper des infrastructures (même en cas d'externalisation) mais celles-ci tendront à être reléguées au rand des commodités comme le sont actuellement les Services Généraux d'une Entreprise. Au-delà de ce point, je pense sincèrement que la hiérarchie de l'entreprise sera bouleversée et que les 7ième et 8ième d'aujourd'hui peuvent devenir les n°2 et 3. Je dis cela un peu par provocation dans le sens où de plus en plus, l'actuelle hiérarchie de fonctions sera remplacée par une co-direction combinant les talents de chacun pour les transcender en une vision commune. CIO. Comment concevez-vous le profil du DSI de demain ? G.E Paradoxalement, je pense de moins en moins à une mutation transversale du DSI. Par exemple, un DSI qui passerait de la Banque à la Distribution ne me semble pas évident car on demande de plus en plus un homme parlant et connaissant les métiers des utilisateurs. D'ailleurs le DSI de demain sera-t-il un homme issu de la technique ou un homme issu des métiers de l'entreprise ? Je plaide davantage en faveur de la seconde alternative. CIO. Quels sont les facteurs de succès du DSI ? G.E L'Adhésion aux valeurs de l'entreprise, mais aussi et surtout la communication toujours propice à la confiance. CIO. Comment se compose votre journée de travail ? G.E Je ne dispose pas d'une journée de travail type mais plutôt d'une semaine type. Lundi c'est le jour des réunions Comex Groupe et des Coordinations avec le Comité de Direction Stime. Les mardis et mercredis sont consacrés aux Adhérents, les vrais patrons de notre Groupement, et donc la plupart des réunions avec les Directions Métiers se passent ces jours-là. Le jeudi et vendredi sont consacrés à l'animation des projets et aux négociations. Enfin, comme de nombreux dirigeants, la mobilité et les réseaux ont décloisonné les moments de travail des loisirs. Mon PC m'accompagnant partout, je travaille tout le temps, n'importe où et n'importe quand... connecté en permanence et profitant des week-ends ou des soirées pour traiter les dossiers délicats. Ainsi, comme beaucoup de DSI, je fais les 35h... de sommeil par semaine ! Mais quand on aime on ne compte pas : n'est-ce pas ?
Article rédigé par
Sandrine Chilotti
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