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Le distributeur Spar tente de solder l'échec de son projet SAP

Le logo de Spar. Le groupe, qui réalise un tiers de son chiffre d’affaires en Europe, a vu sa marge plonger en Afrique suite au déploiement de SAP sur une seule région en Afrique du Sud. (Photo : Denise Jans/Unsplash)

Présent dans les pays du sud de l'Afrique, mais aussi en Europe, le distributeur Spar met son projet SAP sur pause. En cause : une dégradation de sa marge provoquée par un premier déploiement chaotique.

PublicitéActif dans 48 pays au travers de plus de 13 500 magasins, le logisticien et distributeur sud-africain Spar (7,9 Md€ de chiffre d'affaires lors de sa dernière année fiscale, close le 30 septembre dernier) tente de tirer un trait sur l'échec de son projet SAP, avec lequel l'entreprise se débat depuis déjà de nombreux mois. Dans son dernier bilan annuel, le distributeur reconnaît que les errements de son nouvel ERP, pourtant seulement déployé dans une des régions où opère le groupe, lui ont coûté environ 109 M€ de ventes perdues en 2023 et que le centre de distribution affecté (la région du KwaZulu-Natal en Afrique du Sud) a généré une perte de près de 15 M€ en 2024, contre un profit habituellement situé aux environs de 15 à 20 M€ les années normales. Une contre-performance attribuée à l'implémentation de l'ERP dans cette région qui, à elle seule, a abaissé la marge des activités de Spar en Afrique sous les 2%, contre plus de 3% habituellement.

Perte de confiance des détaillants

Ce projet a été lancé « pour rationaliser les processus et améliorer la visibilité sur les données », indique le distributeur. « Cependant, sa complexité et la rigidité de ses protocoles ont entraîné des inefficacités opérationnelles considérables. » Et Spar de citer des perturbations dans la supply chain et les entrepôts, dans la gestion des marges et dans la visibilité sur les prix. « L'instabilité du système a entraîné un manque d'efficacité et une perte de confiance des détaillants (que livre Spar, NDLR). Ceux-ci se sont tournés vers d'autres fournisseurs, ce qui a entraîné des pertes de revenus considérables. Les taux de fidélisation ont chuté de 10 à 15 % », détaille le groupe sud-africain.

Pour remédier à cette situation, l'entreprise dit avoir lancé un plan de formation et d'adaptation de la solution, passant notamment par de nouveaux tableaux de bord améliorant la visibilité sur les prix. « Nous prévoyons que le système adapté sera pleinement opérationnel dans les mois à venir. Grâce aux améliorations, à la formation et aux ajustements opérationnels en cours, nous sommes optimistes quant à la possibilité de retrouver nos niveaux de rentabilité antérieurs », indique Spar dans son rapport annuel.

SAP cité 47 fois dans le rapport annuel

La situation que traverse le retailer n'en est pas moins sérieuse. Le sujet, qui semble avoir coûté son poste au précédent DSI, parti fin 2023 officiellement pour raisons personnelles, est remonté au niveau du conseil d'administration, qui a mobilisé un comité de pilotage dédié à l'implémentation dans la région pilote, le comité d'audit et le comité des risques. Ce dernier indique avoir mené une analyse post-implémentation sur le déploiement au KwaZulu-Natal, qui a débuté en février 2023, et avoir mis en oeuvre des adaptations dans la gouvernance, la migration de données et la formation des utilisateurs. « Un système de gestion d'entrepôt distinct, CSNX, a été choisi pour toutes les mises en oeuvre futures », tranche au passage le groupe dans son rapport annuel. Un document qui cite SAP pas moins de 47 fois ! Et l'éditeur l'était même à 66 reprises dans le précédent rapport annuel du groupe.

PublicitéMalgré ces adaptations, et la supervision du programme par des tiers, le groupe se veut prudent et précise que son nouveau plan de déploiement vise d'abord à limiter les risques, en ciblant désormais une des plus petites divisions du groupe. Par ailleurs, cette seconde étape n'est programmée qu'en septembre prochain. Enfin, le groupe a déprécié son actif SAP de 5,5 M€ pour tenir compte des errements d'un projet représentant un investissement de 93 M€ pour le groupe, selon le rapport annuel de 2023.

Les difficultés rencontrées par Spar ne sont pas sans rappeler celles qu'ont connues l'industriel américain Lamb Weston, le retailer britannique Asda ou encore le distributeur français Gifi avec leurs projets SAP respectifs. Avec, à chaque fois, des conséquences assez lourdes.