Le DG de la Société Générale plaide pour la mutualisation de tous les SI des banques françaises
Slawomir Krupa imagine une consolidation des SI bancaires des principaux établissements français au sein d'un acteur spécialisé. À la clef : une économie d'environ 10 Md€ sur les investissements IT de la place.
PublicitéDans un podcast enregistré à l'occasion du 160e anniversaire de la Société Générale, Slawomir Krupa, directeur général de la banque aux 126 000 salariés depuis septembre 2022, lâche une petite bombe : ni plus ni moins que la mutualisation des systèmes d'information des principales banques françaises. « Est-ce qu'il préférable que cinq ou six acteurs différents dépensent 25 Md€ dans la technologie tous les ans, chacun dans son coin ? Ou est-ce que, à un moment donné, un géant spécialisé dans la technologie va émerger qui pourra gérer plus efficacement ces 25 milliards, ou probablement, 15 milliards au lieu de 25 ? », lance le dirigeant. En 2022, Société Générale dépensait 4,7 Md€ dans ses systèmes d'information. « Notre technologie est coûteuse par rapport à sa taille et à nos concurrents », estimait Slawomir Krupa, en septembre 2023, lors de l'annonce du plan stratégique pour 2026 de la banque, en septembre 2023. Slawomir Krupa avait alors engagé une stratégie de plateforme visant à réduire ses coûts IT de 600 M€, stratégie passant notamment par l'hébergement de plus de 75% de ses applications sur le cloud public ou privé d'ici 2026.
Des discontinuités dans les processus IT
Selon le dirigeant, les établissements bancaires gagneraient tous à tirer parti de leurs forces spécifiques. Autrement dit, à mutualiser les SI bancaires pour se concentrer sur leurs savoir-faire spécifiques. « On va devoir être clair sur notre spécialité et sur la valeur ajoutée que nous, les banques, allons pouvoir apporter », explique Slawomir Krupa, dans ce podcast. Soit comprendre les besoins bancaires et les risques d'un client dans un secteur et un territoire donné, puis « intégrer ce service en fonction de la capacité des différents acteurs impliqués ». Pour le dirigeant, alors que les contraintes s'accumulent autour des banques - révolution technologique, réglementations... -, la question est aujourd'hui, plus que jamais, d'actualité.
Dans ce même podcast, le dirigeant souligne également le potentiel de l'IA pour bousculer les équilibres actuels sur le marché bancaire. Avant tout, Slawomir Krupa y voit une opportunité en matière d'efficacité, « en particulier dans les banques où un grand nombre de processus industriels ne sont pas optimisés. On a tous des systèmes plus ou moins avancés dont l'architecture originelle date d'une quarantaine d'années. Ils sont beaucoup moins optimisés que dans la plupart des autres secteurs. Les banques, c'est surtout de l'IT. Or, on a beaucoup de discontinuités, de processus manuels à effectuer. De ce point de vue, l'IA est une énorme opportunité. »
L'IA à l'assaut du « village médiéval »
PublicitéSauf que, selon le dirigeant, qui a gravi tous les échelons de la Société Générale depuis son entrée dans le groupe en 1996, tout dépend de la rapidité avec laquelle les différents acteurs s'empareront avec succès de la technologie. « Dans notre secteur, on a probablement été un peu plus paresseux que dans la plupart des autres secteurs. Malgré le bruit autour des Fintechs, nous vivons derrière une sorte de muraille réglementaire. Nous sommes comme dans un village médiéval fortifié par des murs très élevés et rempli de réglementations », image Slawomir Krupa.
« Si, au sein de ce village, l'un d'entre nous capte tout le potentiel de l'IA en termes d'efficacité, sans même parler de processus de démarche commerciale, avant les autres, alors nous allons assister à des perturbations massives [...]. Car, dans ce village, nous sommes tous en concurrence pour nos investisseurs. » L'équilibre existant pourrait ainsi se voir bousculé, « si un acteur parvient à économiser 10, 15, 20% de ses coûts et améliorer de 20 points son coefficient d'exploitation. » Des objectifs que Slawomir Krupa juge donc atteignables avec un déploiement réussi de l'IA.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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