Le Crédit Agricole va refondre son SI autour du client pour 450 millions d'euros
Le projet NICE provoque une grève nationale mais propulsera la vieille dame dans le vingt-et-unième siècle.
PublicitéLes quatre lettres de Nice, signifiant « nouvelle informatique convergente évolutive », ont provoqué une grève nationale au Crédit Agricole le 8 décembre dernier. De l'aveu même de la direction, la grève a touché 51,95% des 2500 informaticiens concernés par le projet. « Il y a clairement une inquiétude sur le manque de visibilité de l'organisation cible mais cette organisation cible est à ce jour inconnue dans les détails car on ne peut pas faire le projet avant de l'avoir commencé » plaide Patrick Kleer, Directeur Général Adjoint de la Direction Fonctionnement, Technologies et ressources industrielles de la Fédération Nationale du Crédit Agricole. Mais il précise aussitôt : « la fibre sociale est dans les gènes du groupe et nous affirmons que chacun conservera un emploi dans le groupe, en dehors des départs à la retraite, même s'il aura peut-être à changer de fonctions ». Ce projet est colossal à tous points de vue et également très innovant dans son approche. C'est en effet presque toute l'informatique, tant sur le plan technique qu'organisationnelle, de l'ensemble des entités relevant de la Fédération Nationale (notamment toutes les caisses régionales), qui va être repensé d'ici fin 2013. Le budget annoncé est à la hauteur du défi : 450 millions d'euros. Ce budget comprend aussi bien les développements et les déploiements que la conduite du changement (hors temps passé par les agents en formation). Un seul système au lieu de cinq Le projet Nice vise à définir l'informatique de l'ensemble des caisses régionales du Crédit Agricole pour (au moins) les dix années à venir. Il s'agit de « faire une relation bancaire renouvelée pour nos clients et celle-ci a besoin d'une nouvelle informatique » selon les termes employés par la banque. A l'heure actuelle, il existe cinq GIE informatiques regroupant chacun un ensemble de caisses et proposant chacun un système d'information régional (SIR) différent : AMT, Synergie, Atlantica, Exa et Comète. L'ensemble des SIR est cependant développé sur les mêmes technologies : du Cobol développé sous l'AGL Pac-Base pour le coeur métier, avec des applicatifs Java à sa périphérie. Au terme du projet Nice, il n'y aura plus, au niveau national, qu'un seul système d'information commun à toutes les caisses et deux GIE : un de maîtrise d'oeuvre et un autre de maîtrise d'ouvrage (également en charge des études amont). La maintenance de proximité (assistance bureautique...) sera, par contre, migrée vers chaque caisse. De 60 sites (maintenance de proximité incluse), les deux GIE informatiques devraient se recentrer sur 16 sites. L'essentiel du personnel interne (hors maintenance de proximité) va passer au plus tôt sur le seul projet Nice, le recours à la sous-traitance se voulant marginal. Vers un SI unique orienté client et web 2.0 Vers un SI unique orienté client et web 2.0 La vision « silo » va céder le pas à une vision « orientée client » multicanale, ce qui est classique, mais l'ergonomie générale du poste de travail sera la même que celle de l'interface proposée aux clients via Internet. Les « droits » affectés à l'utilisateur ainsi que les fonctions à sa disposition dépendront uniquement de son profil (client, guichetier...). Les choix technologiques ne sont pas fixés. Après avoir testé Adobe Flex, le Crédit Agricole a choisi Microsoft Silverlight pour réaliser le prototype Pentagone de nouveau poste de travail. « Nous avons fait ce choix, qui n'est pas définitif, sur le critère de la facilité à industrialiser des développements » indique Jacques Delort, directeur général du GIE Exa et en charge du dossier. Le poste de travail du futur, au Crédit Agricole, aura une ergonomie webifiée au maximum, avec des capacités de vidéoconférence, de ToIP, etc. Chaque outil se présentera sous le forme d'un « gadget » sur un bureau virtuel. L'interface pourra posséder des variantes sur outils mobiles (iPhone...) ou tactiles voire, en agence, sur des outils comme Surface de Microsoft. Le client connecté via Internet sera soumis à des publicités contextuelles pour les produits bancaires, en fonction de ce qu'il est en train de faire et de son profil et pourra contacter par chat un centre de contact avec la capacité à passer en conversation orale en VoIP si le besoin s'en fait sentir, l'agent bancaire pouvant « pousser » des documents vers l'écran de son client tout en lui parlant. Un outil comme le gadget de calcul de prêt sera le même pour le client et pour l'agent mais les fonctions proposées seront évidemment avec d'importantes variantes. La recherche d'information au travers du système passera plus par une logique de moteur de recherche que par les menus. A ce jour, Fast et Sinequa ont été testés. La logique choisie pour mener le projet est celle de prototypes successifs dans différentes technologies et avec des enrichissements métiers progressifs simultanés. Une souche solide conservée, un nouveau SI client créé Côté système central, si chaque caisse conservera la souplesse liée à son autonomie marketing et de gestion, il n'y aura plus qu'un seul SI basé sur celui du GIE AMT avec quelques améliorations issus des autres GIE. Chaque caisse pourra ainsi développer des gadgets spécifiques mais en respectant des technologies communes à tout le groupe. A côté de la souche en Cobol/Pac-Base, qui concernera tous les outils métiers classiques (calcul de crédits...), un tout nouveau système dit de « distribution » (commercial) sera construit et remplacera tous ceux existants. Les questions d'architecture ne sont pas tranchées à ce jour, même si les outils traditionnels du groupe sont Tomcat, Websphere et Biztalk. Une migration progressive Une migration progressive Dans un premier temps, une version sera développée et déployée dans les trois plus grands GIE (AMT, Synergie et Atlantica) représentant les trois quarts des caisses régionales. Le back office passera sur le socle commun et le poste de travail nouveau style fera son apparition. Mi-2012, une version mature sera déployée sur l'ensemble du groupe. Enfin, la totalité des fonctions sera embarquée dans le nouveau SI avec la troisième version, mi-2013.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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