Laval Virtual 2016 : la réalité augmentée multiplie ses applications professionnelles
Réparti sur 5 200 mètres carrés d'exposition et avec une audience attendue de près de 6 000 personnes, le 18ème salon Laval Virtual dédié aux technologies et usages dans le domaine de la réalité virtuelle et augmentée, monte en puissance. Thales, Dassault Aviations et ERDF multiplient les projets dans ce domaine.
PublicitéAprès un cru 2015 déjà excellent en matière d'usages en réalité virtuelle et augmentée destinés aux entreprises, la 18ème édition du salon Laval Virtual s'est encore bonifié en un an. « Le marché est en train d'exploser avec une très forte croissance du secteur pro », nous a confirmé Laurent Chrétien, directeur du Laval Virtual. Ainsi, on ne compte plus pour cette édition 2016 de Laval Virtual (23-27 mars) les usages professionnels liés à ces technologies.
Expérimentant depuis 3 ans des solutions de réalité augmentée, Thales est par exemple passé cette année à la vitesse supérieure. Signe des temps, c'est d'ailleurs la première année où la société est présente sur le salon Laval Virtual (au même titre qu'AMD d'ailleurs). Le géant de la défense a ainsi présenté plusieurs applications. Dont une simulation immersive pour la formation baptisée Immersive Virtual Simulation qui utilise le moteur de rendu 3D Unity, permettant de modéliser à partir de photos ou d'un environnement réel, un objet ou un équipement 3D. Une autre solution est de type réalité augmentée afin d'aider les opérateurs à localiser et monter des pièces. Une solution utilisée par exemple par la société américaine Iridium pour assembler, aux côtés d'autres solutions, les 60 000 pièces d'un satellite actuellement en cours de montage.
La solution de réalité augmentée de Thales permet aux opérateurs de réaliser des opérations de montage ou de maintenance sur des pièces complexes tels qu'un satellite. (crédit : LMI)
Autre exemple dans le domaine industriel : Diota. En partenariat avec le CEA, la société propose ainsi un système de réalité augmentée permettant d'aider les techniciens à réaliser des opérations de maintenance sur des pièces industrielles. Parmi les clients, on trouve notamment Dassault Aviations, Safran, Snecma, ou encore PSA Peugeot Citroën, Volkswagen et Daimler. Basée sur une technologie de recalage, ne nécessitant pas de marqueurs, la solution de Diota permet de restituer des indicateurs virtuels permettant d'aider les techniciens à effectuer leurs opérations de maintenance. A noter que cette solution s'interconnecte en natif avec les principales applications de PLM du marché (Dassault Systèmes, Siemens...).
Le système de réalité augmentée de Diota est basée sur une technologie de recalage propriétaire qui fait la fierté de la société. (crédit : LMI)
Le marché de la réalité virtuelle et augmentée n'intéresse pas seulement les acteurs pure players du secteur, les start-ups ou les grands fournisseurs de l'industrie et de la défense. Les SSII investissent également la place. « Ce qui est intéressant, c'est de voir que les SSII commencent sérieusement à s'intéresser au sujet de la réalité virtuelle et augmentée comme c'est le cas d'On-X ou encore de Capgemini », nous a indiqué Laurent Chrétien. Chez On-X justement, ces sujets sont tellement considérés comme un levier de business qu'une antenne locale à Laval vient d'être spécialement mise sur pied. « Il s'agit d'un bureau soeur à celui de Paris », nous a confirmé Jean-Philippe Deblonde, directeur technique de la SSII. Parmi les projets menés, on retiendra ceux menés pour le compte d'Orange afin de former 38 000 techniciens pour réaliser des opérations de maintenance sur des DSLAM notamment. Un marqueur permet de faire apparaître un double virtuel de l'équipement sur lequel l'opérateur sera amené à travailler. « Le marqueur recrée la mémoire du geste et génère à la fois des économies de temps et de coûts liés au déplacement des collaborateurs sur les lieux où les équipements cibles de la formation sont localisés, parfois dans des endroits reculés », poursuit Jean-Philippe Deblonde.
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On-X a développé la solution de formation en réalité augmentée pour le compte d'Orange. Un marqueur (en bas à gauche) est repéré par la tablette qui affiche le plan 3D et joue la séquence de formation correspondante. (crédit : LMI)
Idem chez ERDF pris dans le tourbillon du remplacement des 17 millions de compteurs de gaz à horizon 2020. « Il n'y a pas assez de temps pour permettre de former l'ensemble des opérateurs au changement de compteurs. La formation en réalité augmentée peut se faire sur 5 jours contre 20 avec une formation traditionnelle », poursuit Jean-Philippe Deblonde. Ce type de formation en réalité virtuelle est toutefois bien complétée, à un moment donné, par le relais en présentiel.
Parmi les solutions qui ont marqué l'attention de la rédaction dans le domaine de la santé, on trouve notamment celles présentées par la société IRV, créée en mai 2013, à savoir ERG Design, Virteasy Dental et Virteasy Birth. ERG Design est un simulateur d'environnement de poste de travail composé de 4 écrans et d'un système de capture de mouvements permettant d'optimiser la conception des postes de travail pour anticiper les problèmes liés à l'apparition des troubles musculo-squelletiques notamment. Cette solution a par exemple été utilisée pour le projet de l'UPSA pour son étude ergonomique des postes de travail. Virteasy Dental est un simulateur d'apprentissage pour les dentistes. Il propose un environnement virtuel 3D permettant de reproduire les gestes et soins à pratiquer. Quant à Virteasy Birth, il s'agit d'un simulateur d'accouchement pour former les sage-femmes embarquant un système haptique capable de reproduire la descente du foetus, utilisé par des universités à Nancy et Paris, mais aussi en Angleterre, au Chili, en Russie ou encore en Chine.
Virteasy Dental permet d'aider les apprentis dentistes à s'entraîner à réaliser les bons gestes sur des hommes et des femmes virtuelles avant de s'attaquer à des modèles humains. (crédit : LMI)
Il n'y a pas que dans le domaine des jeux-vidéo, de la santé ou de l'industrie que la réalité virtuelle et augmentée est utilisée. Dassault Systèmes a pu le démontrer avec un projet issu tout droit de son laboratoire à innovation : 3DSExperience Lab. Ce dernier a vocation a être utilisé en amont de tout processus de création afin d'aider les individus, parties prenantes d'un projet, à libérer au maximum leurs idées en désinhibant leur imagination. Equipé d'un casque, il est ainsi possible de créer, modeler et dessiner tout autour de soi un environnement virtuel. Une façon de faire exploser en somme sa créativité tout en s'affranchissant des éventuelles difficultés techniques rencontrées, comme par exemple le fait de ne pas savoir bien dessiner en 2D. Dans cet environnement 3D, la réalisation de dessins aussi complexes qu'artistiques tend à désinhiber l'utilisateur, permettant alors de faire exploser son processus créatif au grand jour et de favoriser ensuite l'éclosion d'idées lors de l'étape de création de projet, dans la vie réelle cette fois.
La solution « d'apprentissage de libération d'imagination » 3DSExperience Lab de Dassault Systèmes. (crédit : LMI)
On retiendra aussi un projet original développé par l'Université Ritsumekan au Japon, Virtual-ISU, une interface de simulation de mouvements immersifs pour réalité virtuelle. Le système, qui se compose de capteurs de pression, se place sous le siège et sous les pieds d'un utilisateur qui peut, en exerçant différentes pressions, simuler des réactions de son avatar dans un environnement 3D. Pour l'instant à l'état de PoC, Virtual-ISU cible dans un premier temps un usage orienté jeu vidéo mais il pourrait être testé pour des applications d'entraînement physique ou d'assistance pour personnes à mobilité réduite.
Le capteur de mouvement intégré au siège fait partie du système développé par l'université japonaise Ritsumekan. (crédit : LMI)
Enfin, qui n'a jamais trouvé les séances de fitness en salles (ou à la maison pour les plus fortunés et/ou ayant suffisamment de place pour accueillir ces encombrantes machines) peu attractives ? Pour tenter de rendre l'utile à l'agréable, la start-up Holodia a présenté à Virtual Laval un système de fitness augmenté. De quoi s'agit-il ? Venant se greffer sur un système de fitness traditionnel (vélo, vélo elliptique ou rameur), le système Holofit se compose d'une Holobox (en fait un PC embarquant notamment un chipset graphique Nvidia 980 et 8Go de RAM), d'un casque de réalité virtelle (en l'occurence HTC avec qui la start-up a noué un partenariat) et également d'un châssis haut sur lequel viennent courir les fils afin d'éviter à l'utilisateur d'être gêné en plein effort. Avec le casque vissé au crâne et faisant défiler, comme un jeu vidéo, un paysage de canyon, l'attractivité pour l'effort devient tout de suite plus intéressante. A ce jour, Holodia a signé plusieurs contrats avec des grandes salles de gym, des palaces ou encore des structures comme le Club Med Gym. Un contrat cadre a même été signé avec le groupe Accor qui va équiper certains de ses hôtels Pullman de rameurs dopés à la réalité virtuelle. 50 pièces ont été commandées pour la première année.
La start-up Holodia innove dans le fitness dopé à la réalité virtuelle. (crédit : LMI)
Article rédigé par
Dominique Filippone, Chef des actualités LMI
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