Technologies

La tendance est au service, pas aux innovations matérielles

Duncan Stewart, directeur du centre de recherche TMT au sein du réseau Deloitte, a dressé les tendances technologiques.

Selon les TMT Prédictions du cabinet Deloitte, les dépenses des consommateurs comme des entreprises vont d'abord aux services et au logiciel, guère au matériel.

PublicitéAutant pour les entreprises que pour les consommateurs, la tendance n'est pas à adopter des innovations basées sur le renouvellement du matériel, notamment des terminaux, du moins selon l'étude TMT Prédictions du cabinet Deloitte. Les tendances ont été présentées par Duncan Stewart, directeur du centre de recherche TMT au sein du réseau Deloitte. L'objectif de ces prédictions est de guider les entreprises dans leurs choix d'investissements, y compris pour mieux répondre aux attentes de leurs clients finaux. Faute de matériel, la tendance est bien de privilégier les nouveaux services et, de façon connexe, les logiciels qui rendent ceux-ci possibles.
Ainsi, les drones, la vidéo 3D ou l'impression 3D ont soulevé un certain enthousiasme qui s'est révélé une erreur. Les dépenses en matériel, notamment en terminaux, ne cessent de baisser. En valeur, les terminaux les plus achetés sont en premier les smartphones, en deuxième les PC et en troisième les téléviseurs. Ces trois terminaux représentent 94 % des achats de terminaux. Si les assistants domestiques de type Amazon Alexa ou Google Home connaissent une très forte croissante, leur acquisition reste marginale. Quant aux tablettes, c'est la Bérézina. Pour expliquer ce désamour, Duncan Stewart indique simplement qu'il n'y a plus vraiment d'innovation visible et qu'il n'y en aura pas dans les prochaines années. Par contre, il signale des « innovations invisibles » s'appuyant tout de même sur du matériel.

Plus de course à la puissance mais à l'utilisation de la puissance

Le coût moyen des smartphones continue de progresser alors même que ce type de terminal polyvalent s'est généralisé. Il était de 305$ en 2015, 306 en 2016, 328 en 2017 et devrait atteindre les 350 en 2018. Leur puissance s'accroît mais c'est surtout leurs usages qui augmentent. L'une des raisons de leur augmentation de prix est celui de la mémoire. De nouvelles puces coûteuses y sont également intégrées. Le smartphone a ainsi tendance à remplacer l'appareil photo, le PC mobile, la montre, etc.
Le premier usage de cette puissance nouvelle est la réalité augmentée. Les filtres pour selfies sont l'usage numéro 1, de très loin en volume. Un simple jeu ? « Les nouvelles technologies débutent souvent par des jeux » a averti Duncan Stewart. Car les usages à valeur ajoutée so,t déjà fréquent, y compris dans des apps de smartphones, par exemple pour simuler la présence d'un meuble dans une pièce avant d'acheter ce meuble. La mesure des objets et des espaces a atteint un niveau de précision qui la rend utilisable. L'impact sur le commerce de la réalité augmentée est donc déjà une réalité.

Machine learning et Intelligence Artificielle

L'augmentation de la puissance disponible rend possible des usages qui n'étaient jadis que rêvés. Ainsi, a rappelé Duncan Stewart, les premiers travaux sur les réseaux neuronaux ou l'intelligence artificielle datent de 1943... Mais, aujourd'hui, la puissance disponible à moindre coût rend utilisable l'IA à grande échelle.
L'une des grandes tendances en la matière est le machine learning (ML). Selon les TMT Prédictions, le marché doublera en 2018 par rapport à 2017 et de nouveau d'ici 2020. Malgré son détestable côté Black Box (boîte noire), les usages du ML sont nombreux comme, par exemple, la reconnaissance vocale. Un autre usage est évidemment la cybersécurité. Pour Duncan Stewart, il n'y a pas de révolution technologique en cours dans ce domaine. La seule révolution est la chute des coûts qui entraîne la multiplication des usages. Il a ainsi comparé la situation au cône en aluminium coiffant l'obélisque du Mail à Washington : de matière la plus précieuse du monde, l'aluminium est devenu quelques années plus tard un métal des plus courants à cause d'une révolution dans la méthode de production.