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La télémédecine malade de ses expérimentations

Le député Pierre Lasbordes va remettre un rapport qui tire le bilan de la télésanté en France et vise à son développement.

PublicitéEn 2006, le député Pierre Lasbordes avait commis un rapport sur la sécurité des systèmes d'information ayant débouché notamment sur la création de l'ANSSI et diverses dispositions dans le Livre Blanc de la Défense, qu'il avait commentées pour nous. Il va rendre sous peu un nouveau rapport sur les systèmes d'information mais cette fois à la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot-Narquin, au sujet de la télémédecine. En avant-première, il a dévoilé quelques pistes de son rapport au cours d'un diner organisé par l'Aden (Association pour le Développement de l'Economie Numérique en France). En matière de télémédecine, « il y a plein d'expérimentations ; il est clairement temps de déployer » a-t-il ainsi martelé. Il s'est étonné d'une gouvernance catastrophique du sujet. Par exemple : « déjà, quand on parle de DMP, on sait qu'il s'agit d'un dossier médical mais est-il patient, personnel, partagé... ? » Il n'y a aucune définition commune, aucune cible claire. Or la télémédecine est nécessaire selon le député : « le nombre de médecins chute tandis que s'accroissent leur concentration dans les zones urbaines au détriment des zones rurales et leur spécialisation. » Dans les zones rurales, pouvoir consulter à distance sera donc de plus en plus indispensable... en admettant que les infrastructures télécoms nécessaires soient disponibles. Le député estime aussi qu'il y aura une nouvelle répartition des tâches entre médecins, infirmiers et pharmaciens, certains gestes « locaux » pouvant être réalisés par des infirmiers ou des pharmaciens sous la conduite de médecins-experts situés à distance. La réalisation d'examens dans des structures locales de soin entre totalement dans ce schéma. A l'inverse, rien ne démontre que la télémédecine permettrait de baisser les coûts des soins en France. Certes, il y aurait moins de déplacements, moins de journées d'hospitalisations, moins de consultations, mais la télémédecine elle-même a un coût. Plusieurs freins demeurent à son développement selon le député. Le premier et principal est culturel : la télémédecine change notre rapport aux soins et aux thérapeutes. Un autre frein est juridique : qui sera responsable de quoi lorsqu'un médecin-expert interviendra à distance pour piloter un autre intervenant au chevet du malade ou le malade lui-même ? Enfin, il existe un frein non pas financier mais tarifaire : il s'agit de rémunérer les actes des thérapeutes agissant dans le cadre de la télémédecine. Et la négociation d'une nouvelle grille tarifaire peut prendre des années...

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