La SNCF garantit la MaaS via des API
En faisant évoluer son application mobile en L'Assistant, la SNCF veut intégrer le porte-à-porte avec paiement et billetterie unifiés. Dans l'esprit de la LOM, cette nouvelle app sera la première de MaaS (Mobility as a Service), intégrant de multiples offres (y compris à terme de concurrents) via des API.
PublicitéEn France, 82 % des trajets s'effectuent en voiture avec une moyenne de 1,05 personne par véhicule. La raison en est simple : la voiture permet le voyage porte-à-porte, quelques soient le point de départ et celui d'arrivée. Avec d'énormes pertes de temps et des coûts économique comme écologique considérables. Pour la SNCF, l'enjeu est bien d'abaisser ce chiffre faramineux de 82 % en amenant les gens à utiliser les transports collectifs, notamment et surtout en zones peu peuplées. Pour faciliter les déplacements de porte à porte, la SNCF fait évoluer son application en L'Assistant SNCF. Progressivement, cette nouvelle app va permettre d'organiser un trajet de porte à porte, en mixant autant de modes de transport que nécessaire, et en proposant un paiement unique. Au passage, l'app est aussi prévue pour être pilotée à la voix. Et des expérience de pilotage en gare via réalité augmentée sont aussi menées.
La démarche de la SNCF s'inscrit en avance de phase, sur un certain nombre de sujets, sur la Loi d'Orientation des Mobilités (LOM), actuellement en discussion au Parlement. En particulier, l'approche MaaS (Mobility as a Service) consiste à mettre en place une plate-forme unifiant divers modes de transport. Alexandre Viros, directeur général e-Voyageurs SNCF, a insisté sur trois caractéristiques fondamentales de cette nouvelle app : capacité à réserver et payer tous les modes de transports en une seule fois, intégration des titres de transport dans l'app (notamment sous forme de NFC) et enfin création d'un compte client unique permettant une personnalisation des offres, SNCF Connect. Côté opérateurs de transports, comme prévu dans la LOM, L'Assistant sera une plate-forme agrégeant des offres aux tarifs voulus par les opérateurs eux-mêmes, avec prélèvement d'une commission à la transaction.
Des services multiples de mobilité, une plate-forme unique pour les unifier
En ouvrant la présentation, le 18 juin 2019, Guillaume Pépy, président du directoire de la SNCF, a clairement affiché les convictions à l'origine de L'Assistant SNCF : un service concret pour faciliter le droit à la mobilité dans l'esprit de la LOM, un outil pionnier amené à avoir des concurrents, une ouverture totale à toutes les autorités organisatrices (communautés de communes, régions, Etat) et tous les opérateurs (y compris concurrents de la SNCF comme Thello ou Flix) au seul service des voyageurs, de multiples évolutions régulières au fil du temps et enfin une priorité aux transports du quotidien. Pour l'heure, les services destinés à des voyageurs longues distances n'ont donc pas été privilégiés par rapport aux dessertes locales. Et l'outil sera proposé en marque blanche aux autorités organisatrices locales, par exemple une région qui voudrait une app à son nom.
PublicitéLe service ouvre avec peu de partenaires : la SNCF et les cars TER bien sûr mais aussi les taxis adhérant à la plate-forme Karhoo (essentiellement le réseau Alpha) et les transports en commun de la communauté de Strasbourg. Plusieurs autres partenaires ont d'ores et déjà annoncé leur raccordement d'ici la fin de l'année 2019 comme BlaBlaLines (le service du trajet quotidien de BlaBlaCar), les VTC d'Uber, Felix (scooters-taxis électriques), les Bus Directs Paris-Aéroport... La RATP est également attendue avant la fin 2019. En termes de simple recherche d'itinéraire (sans billetique), la SNCF revendique 100 % des villes de plus de 100 000 habitants, 89 % de celles de plus de 50 000 et une verture directe de 70 % de la population française. A terme, trains, taxis, vélos, voitures (co-voiturage), VTC/taxis, scooters partagés, bus urbains... seront autant de modes de transport intégrés. « Il faut assurer la continuité du trajet du point A au point B pour que les gens délaissent leur voiture qui assure cette continuité » a insisté Guillaume Pépy.
Un service intégré par API
Bien entendu, la plate-forme fonctionne par API. Plusieurs sont proposées par la plate-forme de L'Assistant SNCF, charge à chaque partenaire de se connecter à celles qui concernent son service, y compris l'API de paiement. La LOM a prévu d'instituer une véritable logique de place de marché avec des standards pour que chacun expose ses API en respectant des normes fixées réglementairement. Les développements sont essentiellement opérés en Java. Le paiement et la billetique utilisent les technologies de Natixis Payment Solutions.
Pour l'heure, si le paiement est unique, la plate-forme ne propose pas une facture unique. La LOM prévoit que cela puisse être le cas en donnant à la plate-forme la capacité d'être un agrégateur des factures de chaque opérateur de transport. Le principe maintes fois affirmé par Guillaume Pépy et Alexandre Viros est que tous les opérateurs, même les plus petits, puissent proposer leurs offres de transport via la plate-forme. Il faudra cependant des engagements clairs en matière de SLA. Valérie Chemla, Directrice générale de SNCF - e-Voyageurs Technologies (ex-VSCT), a souligné que cette logique d'API permettrait une information aux voyageurs en temps réel et tenant compte du trajet réel. La personnalisation du service amènera en effet à recevoir une information claire sur les trajets effectués, pas sur les lignes fréquentées : par exemple, si un voyageur va de La Défense à Châtelet à Paris en RER A, il ne sera pas informé des incidents se déroulant à Marne-La-Vallée sur ce même RER.
Des évolutions nombreuses et régulières
« On part d'un paysage pas unifié du tout, nous allons donc régler petit à petit tous les irritants, sans vous promettre tout tout de suite » a averti Guillaume Pépy. Les priorités sont, de plus, sur les services locaux (TER, bus, taxis...). De nombreuses versions de l'application seront donc livrées régulièrement. Alexandre Viros a d'ailleurs relevé : « Oui.SNCF évolue à raison de 450 versions/an et il est clair que L'Assistant aura le même destin. »
La SNCF a consenti des dizaines de millions d'euros d'investissement, avec 60 développeurs à temps plein sur cette seule application. Mais celle-ci vise l'équilibre économique via les commissions : elle ne sera pas un centre de profit. Sans fixer d'objectifs précis, la SNCF veut contribuer à baisser le taux de 82 % de trajets en automobiles. Les utilisateurs actuels de l'application SNCF se verront proposer progressivement une évolution vers L'Assistant, sans rupture de service.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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