La Sacem assume la complexification croissante de son activité


Délivrer le meilleur service pour les métiers
L'IT est un service support transverse. Son utilité est donc de délivrer le meilleur service aux utilisateurs. Le rôle de l'ITSM est évidemment essentiel. Mais cela ne suffit pas : démonstration au travers de témoignages de DSI qui ont mis l'utilisateur au coeur de leur stratégie, dans des...
DécouvrirLa transformation numérique s'impose à la Sacem via le bouleversement des usages de la musique. L'IT interne doit répondre à ce défi et même au delà, en améliorant et en simplifiant le service rendu tant aux consommateurs de musique qu'aux créateurs. Le récent partenariat avec IBM pour créer URights est la dernière réponse apportée, pour l'instant, tandis que s'achève l'immense refonte du SI débutée en 2003.
Publicité2017 sera une année clé pour la Sacem. La Société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musique est probablement, en France, la plus célèbre des sociétés de gestion collective. Son rôle semble simple : représenter ses sociétaires qui lui apportent leur propriété intellectuelle pour obtenir une juste rémunération auprès de tous les consommateurs de musique. La Sacem compte 157 270 sociétaires dont 19 100 créateurs étrangers issus de 164 nationalités (4 080 nouveaux membres en 2015). Elle collecte les droits liés à plus de 100 millions d'oeuvres du répertoire mondial.
A l'ère du numérique, cela veut dire ajouter tous les systèmes de vente dématérialisée et de streaming aux canaux traditionnels comme la radio, la télévision, la sonorisation de lieux (magasins, bars...) et d'événements (kermesses...). La complexité croissante de la mission oblige la Sacem à s'adapter et, surtout, à adapter son outil informatique, au coeur de son métier. Le récent partenariat avec IBM pour créer URights n'est qu'une étape spectaculaire dans une démarche qui a débuté en 2003 et qui va connaître cette année un tournant.
Un coeur de SI basé sur deux piliers...
En effet, en 2017, les dernières applications Mainframe seront décommissionnées. « L'essentiel de l'effort de modernisation a eu lieu entre 2003 et 2013 » se souvient Christophe Waignier, Directeur de la Stratégie de la Sacem. Il s'est agi durant ces années là de refondre le coeur du SI pour accroître l'efficacité du travail quotidien, en particulier celui des équipes de terrain, nommées « le Réseau ». Base historique de l'activité de la société, les 700 agents qui quadrillent la France collectent le tiers du chiffre d'affaires de la Sacem via 700 000 contrats par an auprès des salles de concert, des bars, des restaurants, des commerces, des kermesses, etc. Cette période de dix ans a été marquée notamment par l'installation de Oracle e-Business Suite en remplacement d'un grand nombre d'applications Mainframe.
Première partie du coeur du SI de la Sacem, le PGI d'Oracle est utilisé pour la comptabilité auxiliaire, le lettrage, la facturation, le recouvrement et le référentiel clients pour le Réseau ainsi que pour gérer une partie des licences. La gestion de la relation client (CRM) s'appuie sur la même solution d'Oracle mais comprend des développements spécifiques permettent de traiter la contractualisation, les ventes et le service client dans le Réseau. L'autre pilier du coeur du SI est constitué par le système de documentation sur les titres et les droits, une application baptisée Octave et développée spécifiquement en Java sur une base de données Oracle.
... et des services en surcouche
PublicitéPar dessus ce coeur en deux piliers, le SI de la Sacem comprend des services qui ont été développés pour répondre aux enjeux métier de plus en plus complexes. Christophe Waignier indique : « entre 2013 et 2017, le budget d'investissement informatique de la Sacem a doublé pour atteindre 16 millions d'euros par an afin de construire les outils dont nous avions besoin. » La période 2013-2017 a surtout été dominée par la fabrication de ces services pour améliorer la qualité de la collecte des droits mais aussi simplifier les démarches ou faciliter la vie des personnels internes. « Nous avons une grande satisfaction des clients internes ou externes même si beaucoup veulent toujours bénéficier d'un contact humain de proximité » observe Christophe Waignier.
Toutes les procédures pour les sociétaires (auteurs, compositeurs ou éditeurs) ou les clients (bars, magasins, kermesses, etc. utilisant de la musique) ne sont pas encore disponibles en ligne. Mais le numérique a partout été introduit. Christophe Waignier explique ainsi : « le contrat lié à la sonorisation simple occasionnelle d'un lieu ou celle d'un site web peut être entièrement conclu en ligne. Par contre, la conclusion d'un contrat plus complexe, par exemple pour un événement mêlant une prestation live, l'intervention d'un disk-jockey et un fond sonore enregistré, nécessite l'intervention d'un délégué. Celui-ci est équipé d'une tablette et le processus sera tout de même entièrement dématérialisé, y compris la signature. »
Les artistes bénéficient d'un portail self-care
De même, les sociétaires bénéficient d'un portail « self-care » permettant non seulement de déclarer des oeuvres en ligne avec valeur probante mais aussi de suivre les droits collectés avec une granularité très fine sur des rapports dynamiques en ligne ou de gérer leurs oeuvres (y compris les licences Creative Commons ou les exploitations gratuites). « L'artiste peut ainsi examiner les collectes de droits sur Youtube, Deezer, Spotify... par territoire, titre, etc. mais il faudra attendre, cette année, le décommissionnement des dernières anciennes applications pour que le même niveau de détail soit possible pour les droits généraux liés à l'exécution publique, enregistrée ou live » relève Christophe Waignier. Il insiste : « les sociétaires doivent pouvoir tout faire en ligne et bénéficier d'une transparence totale. »
Cette manière de faire répond réellement aux attentes des utilisateurs. La Sacem a ainsi remarqué que les dépôts d'oeuvres étaient souvent effectués la nuit alors que tous les bureaux sont fermés. Les téléprocédures permettent donc aux musiciens de réaliser leurs déclarations selon leur propre rythme de vie. La numérisation permet aussi d'échanger en EDI avec certains éditeurs ou sociétés homologues de la Sacem dans d'autres pays via un protocole spécifique, CWR. « Nous enregistrons un million et demi d'oeuvres en plus chaque année » souligne Christophe Waignier. Le dépôt d'une oeuvre ne comprend en fait que les méta-données, celles qui seront utilisées pour revendiquer des droits.
Une avalanche de données
La quantité de données traitées s'accroît considérablement d'année en année. Christophe Waignier se souvient : « il y a quinze ans, nous n'avions que 100 000 membres, 10 chaînes hertziennes et 400 000 nouvelles oeuvres par an. » Le nombre de lignes dans le traitement des droits explose avec le nombre de canaux et la parcellisation de la consommation. Chaque ligne correspond à un artiste, un titre et un type de consommation (telle offre commerciale ou tarif dans tel pays via tel canal). En 2014, la Sacem a traité environ un milliard de lignes. En 2015, le chiffre atteignait trois milliards pour environ 500 milliards d'actes de consommation. En 2016, les six milliards de lignes ont été dépassés pour 1000 milliards d'actes de consommation. « Lorsqu'était vendu un CD, c'était une transaction, mais l'achat en ligne des quinze titres d'un album correspond à quinze transactions et chaque écoute en streaming monétisé est également une transaction » illustre Christophe Waignier pour expliquer la parcellisation des transactions.
Or, pour chaque ligne, il faut identifier les droits en jeu pour pouvoir revendiquer au nom de chaque auteur impliqué. Lorsque l'on parle d'un titre de hip-hop mixant des sources variées, le nombre d'ayant-droits peut être très important. Pour parfois quelques centimes. Car sans identification, il ne peut pas y avoir de revendication donc de facturation. Christophe Waignier confie : « la difficulté est particulièrement importante sur les plates-formes de contenus générés par les utilisateurs tels que YouTube où il n'y a aucune méta-donnée pour identifier les oeuvres. » En tel cas, il faut utiliser des technologies telles que le finger-printing (identification d'une empreinte numérique).
Un partenariat avec IBM pour relever les défis de demain
« Il nous faut opter pour des technologies scalables pour absorber les volumes » soupire Christophe Waignier. Mais cela ne suffit pas. Bien entendu, la Sacem concentre son intervention là où il y a de la valeur. Aujourd'hui, environ 90 % de la valeur sont effectivement traités. Mais, à terme, l'objectif est d'atteindre les 100 %. La conclusion d'un partenariat avec IBM pour créer URights entre dans cette logique avec l'utilisation de l'intelligence artificielle auto-apprenante de Watson et des technologies Cloud pour améliorer la reconnaissance des oeuvres. Christophe Waignier justifie : « les investissements pour ce type de développements sont très importants alors que chacune des 180 sociétés de gestion collective de musique dans le monde fait le même traitement avec les mêmes données. L'idée est donc de mutualiser avec un tiers de confiance. La Sacem n'est pas une SSII et nous avons préféré travailler avec un acteur ayant l'habitude de réaliser ce type d'opérations. »
Pour l'instant, la Sacem est à l'origine du projet et est la seule à l'utiliser. Mais l'architecture est conçue pour être ouverte afin de faciliter la mutualisation. Si la Sacem parle de partenariat, c'est aussi à cause du modèle économique de URights. Même si les détails sont confidentiels, le principe est un modèle économique complexe avec une facturation liée à des objectifs de développement de chiffre d'affaires.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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