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La renaissance des architectures cloud en 2025

La renaissance des architectures cloud en 2025
La priorité n’est plus à des stratégies de migration massive vers le cloud, mais bien à la construction d’une infrastructure hybride calibrée pour les besoins de l’entreprise. Et au meilleur coût. (Photo : Growtika / Unsplash)

Une révolution du cloud en entreprise s'annonce pour 2025, et elle fera des gagnants et des perdants. Voici un plan pratique pour se repérer dans cette nouvelle donne.

PublicitéLa tempête qui s'annonce obligera les entreprises à repenser leur stratégie cloud. Ce type d'architecture occupera encore le devant de la scène en 2025. Il ne s'agit pas d'un simple cycle de hype.

Tout d'abord, parlons de l'éléphant dans la pièce : l'IA générative. Les exigences informatiques liées à l'exécution des modèles de GenAI font ressembler les déploiements de cloud traditionnels à un stand de limonade pour enfants. Selon les projections de Gartner, les besoins en IA des entreprises consommeront plus de 30 % de la capacité totale de l'infrastructure cloud d'ici 2025. Compte tenu de l'augmentation des dépenses liées à l'IA, cette transition est déjà en cours.

Le plus important - et je le crie sur tous les toits à qui veut l'entendre -, c'est que les coûts du cloud public sont en train de devenir le nouveau casse-tête du conseil d'administration. Les migrations « lift-and-shift » de la dernière décennie ont créé une dette technique massive. Les directeurs financiers s'étouffent avec leur café du matin lorsqu'ils voient arriver les factures. Nous parlons ici d'entreprises qui dépensent deux ou trois fois ce qu'elles avaient initialement prévu pour les services cloud, et ce, avant même d'ajouter les dépenses liées à l'intelligence artificielle.

Fin de la chimère du tout cloud public

La demande de conseil la plus fréquente que je reçois ces jours-ci consiste à comprendre pourquoi les services informatiques dépensent autant pour les ressources de cloud public. Ces demandes émanent de conseils d'administration, de PDG et de directeurs financiers, des personnes qui ne s'intéressaient guère à l'infrastructure informatique il y a seulement dix ans.

C'est là que les choses deviennent intéressantes. L'argent intelligent se concentre sur la réduction des coûts du cloud par l'optimisation de l'utilisation des ressources. Par « argent intelligent », j'entends les investisseurs institutionnels qui préconisent une approche plus sophistiquée du cloud. Ils ne croient plus à la chimère du tout cloud public. Au lieu de cela, ils soulèvent des questions pointues concernant les architectures de cloud hybride, l'intégration de l'informatique Edge, les modèles d'optimisation nativement cloud et la possibilité de rapatrier des applications sur des environnements sur site.

Pensez-y de la manière suivante : si vous exécutez de LLM et que vous devez traiter des données sensibles, souhaitez-vous payer le prix fort pour des instances GPU dans le cloud public ? C'est pourquoi nous assistons à une renaissance des architectures de cloud privés, mais avec une nuance. Elles sont désormais conçues dès le départ pour prendre en charge les applications d'IA tout en préservant la souveraineté des données.

Qu'en est-il des fournisseurs ? Ils se démènent pour rattraper leur retard. Les fournisseurs traditionnels de cloud s'efforcent d'offrir de meilleures solutions hybrides, tandis que les entreprises technologiques s'organisent enfin pour proposer des plates-formes d'informatique cloud privées exploitables. Les sociétés de conseil modifient leurs approches, passant de « Utilisez vos partenaires cloud » à « Repensons ce que nous avons fait au cours des dix dernières années ».

PublicitéEn définitive, 2025 ne sera pas une année de plus pour l'évolution du cloud. Il s'agit plutôt de l'année où nous assisterons à un changement fondamental dans la manière dont nous architecturons nos systèmes. Les entreprises innovantes se préparent déjà à ce changement, tout comme de nombreuses autres organisations qui pourraient se retrouver du mauvais côté de la courbe technologique.

Un plan d'action pour 2025

Les entreprises doivent prendre plusieurs mesures pour se préparer à la renaissance prochaine des architectures cloud. La bonne nouvelle ? Les objectifs des entreprises peuvent être atteints en adoptant et en appliquant de nouveaux concepts et processus à des technologies existantes et éprouvées. Une approche qui n'a rien de magique.

Tout d'abord, mettez de l'ordre dans vos affaires. Les trois à six prochains mois doivent être consacrés à une analyse approfondie des dépenses actuelles en matière de cloud et des schémas d'utilisation de ces infrastructures. Je parle ici de chiffres réels, et non des versions aseptisées que vous montrez à vos cadres. Établissez vos projections d'applications d'IA et de Machine Learning (ML) car, croyez-moi, elles vont exploser au-delà de vos estimations actuelles. Pendant que vous y êtes, identifiez les workloads de vos déploiements de cloud public qui perdent de l'argent - vous allez être surpris par ce que vous trouverez.

Ensuite, élaborez une stratégie d'hébergement des applications qui ait du sens. Tenez compte de la gravité des données (data gravity), des exigences de performance et des contraintes réglementaires. Il ne s'agit pas de suivre la dernière tendance, mais de prendre des décisions qui correspondent aux réalités de votre entreprise. Créez des modèles détaillant explicitement le retour sur investissement pour vos initiatives dans les cloud hybrides et privés.

Parlons maintenant de l'architecture technique. Vous devez vous concentrer sur l'optimisation des pipelines de données, l'intégration du Edge Computing et la réponse aux exigences de l'infrastructure AI/ML. La connectivité multicloud n'est plus optionnelle, c'est une condition de survie. Mais il y a un hic : vous devez également maintenir des niveaux de sécurité et de conformité à toute épreuve.

L'aspect organisationnel est essentiel, et la plupart des entreprises se fourvoient sur ce terrain. Mettez en place une entité de gestion des dépenses cloud qui regroupe des spécialistes de l'infrastructure, des Data Scientists, des analystes financiers et des experts en sécurité. Il ne s'agit pas d'une simple équipe IT, mais d'une fonction métier qui doit générer une valeur réelle. Les priorités d'investissement doivent également changer. Concentrez-vous sur les outils d'orchestration automatisés, les plates-formes de gestion du cloud et les solutions de data fabric.

Chaque euro compte

La gestion financière est cruciale. Mettez en oeuvre des mécanismes de refacturation appropriés et élaborez des modèles clairs de coût total de possession. Rendez les gens responsables des dépenses cloud. Vous serez surpris de voir à quel point les comportements changent lorsque les départements voient les coûts réels de leur utilisation du cloud. Attention aux Finops. Bien que ces pratiques soient utiles, la manière dont certains « consultants finops » les expliquent et les mettent en oeuvre conduit à la mise en place de métriques erronées - c'est tout dire.

Cette transformation devrait s'étaler sur 12 à 24 mois, en commençant par l'évaluation et la planification, en passant par des projets pilotes et en terminant par une mise en oeuvre à grande échelle. Mais n'oubliez pas qu'il ne s'agit pas d'un simple projet IT, mais bien d'une initiative de transformation de l'entreprise qui nécessite l'adhésion de toutes les parties prenantes.

En 2025, les gagnants ne seront pas les entreprises qui dépenseront le plus pour les services cloud. Mais celles qui mettront en place des architectures cloud intelligentes et flexibles, en phase avec leurs objectifs commerciaux. C'est maintenant qu'il faut commencer, avant que le marché ne vous force la main et que vous ne deviez rattraper le temps perdu.

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