La Maif associe modernisation du SI et transformation digitale


La rentrée digitale du DSI
Les projets web sont souvent malaimés, méprisés, jugés basiques. Pourtant, ils sont l'objet de grands enjeux et souvent d'une grande complexité avec de nombreux liens avec le coeur du système d'information. De même, les problématiques autour du poste de travail ordinaire sont loin d'être triviaux,...
DécouvrirInvestissements dans les startups, mobilisation interne, développement de nouveaux services : la Maif s'organise pour contrer les InsurTech.
PublicitéLa Maif marrie investissements dans la modernisation du SI et dans le digital. 100 à 120 millions d'euros (ME) sont consacrés chaque année à la modernisation des systèmes d'information. 200 autres millions iront au digital dans les cinq prochaines années et 125 ont permis de créer Maif Avenir, un fonds d'investissement dans l'économie collaborative.
Sur le premier point, la modernisation du SI, la Maif a abandonné dès le début des années 2000 ses mainframes au profit d'architectures Power. Le Cobol est en cours de rénovation, un plan qui court entre 2009 et 2019, 70% de cette opération étant déjà réalisée par les équipes de la Maif, de Sodifrance et de Capgemini. La DSI passe également par l'open source chaque fois que cela est possible. Voilà pour le Legacy. « Nous sommes à 51% de change et 49% de run sur l'ensemble de nos opérations informatiques », nous précise Nicolas Siegler, le directeur général adjoint en charge des systèmes d'information.
Parallèlement, dès 2013, Nicolas Siegler a mené une première étude sur la transformation digitale et rencontré Romain Liberge, alors directeur à l'agence Netscouade, qui est entré l'année suivante à la Maif comme CDO, Chief digital officer. La Maif compte aussi une directrice marketing et internet Nelly Brossard, un directeur de l'innovation Olivier Gombert Gillmann et plusieurs autres responsables liés à l'innovation et au digital. Le comité de direction effectuera une learning expedition à San Francisco au mois de juillet prochain. La mutuelle a également monté une digital factory afin de capter des compétences externes, par exemple celles de data scientists. A l'évidence, on est loin de l'image vieillotte que pourrait susciter le monde de l'assurance.
Les InsurTech en ligne de mire
L'innovation et le digital deviennent des éléments structurants de l'entreprise. En 2014, se terminait le précédent plan stratégique, le nouveau, va permettre à la Maif d'engager sa transformation digitale pour les cinq prochaines années. En ligne de mire, la mutuelle retrouve les start-ups de l'assurance, les InsurTech, qui pourraient, comme les FinTech, avec la banque, la perturber ou la menacer.
Cet environnement incite le directeur général du groupe, Pascal Demurger, énarque passé par Bercy avant de se convertir au mutualisme, à réorienter l'entreprise. « La digitalisation ne va pas s'arrêter aux portes du monde de l'assurance, mais contrairement à nos concurrents nous ne sommes pas rivés sur le sujet des données, nous travaillons aussi sur l'expérience client, ce sont les deux axes de notre projet ».
Pascal Demurger cite plusieurs exemples, comme la dissociation entre la possession et l'usage d'un véhicule. Les objets connectés embarqués permettent déjà de proposer un usage plus personnalisé du véhicule, de suivre le comportement des conducteurs, afin d'adapter la tarification de l'assureur. Une start-up dans laquelle a investi la Maif, zenpark, propose quand vous partez en vacances et garez votre voiture, par exemple pour une semaine sur un parking d'aéroport, de le proposer à un autre conducteur. Ce qui change l'économie pour l'usager. Au lieu d'un coût de parking, il se retrouve avec un gain de location. Evidemment, ce nouvel usage change les conditions d'assurance du véhicule et de ses différents conducteurs.
PublicitéLa Maif, incubateur
Ces 9 et 10 juin, la Maif organisait pour la deuxième année constructive son DigiTech à Niort, à l'intérieur de son siège social. L'occasion pour montrer un autre visage et des acteurs internes ou proches de l'entreprise qui mettent en oeuvre sa transformation. Citons Marcireau, intégrateur régional né il y a 70 ans dans la bureautique et aujourd'hui déployé dans l'informatique et le digital avec sa filiale Cyberscope. Juste à côté, Serli, SSII basée au Futuroscope. Dans ce salon, on découvre également SoUse, jeune start-up créée par deux salariés de la Maif, toujours logée au siège, elle prépare une plateforme d'agrégation de services numériques pour les particuliers.
La Maif montre aussi Nestor, une néo banque, comme Orange ou Axa en proposent. Le projet de la Maif est un agrégateur patrimonial, vous pouvez agréger sur Nestor tous vos comptes en banque et tous vos comptes épargne, bourse, assurances, de manière à avoir une seule gestion patrimoniale avec un seul code d'accès. Dans deux à trois ans, Nestor disposera aussi de nouvelles fonctionnalités, anticipation budgétaire, alertes sur le compte, anticipation de découvert. Nestor est en fait un projet en marque blanche issue de Linxo. L'interface est de la Maif. Décidé au mois de février en comité de direction, le projet sera opérationnel le 20 juin. Il sera ouvert, c'est-à-dire proposé au-delà des collaborateurs et sociétaires de la Maif. Le tarif sera inférieur à 30 euros par an, la moyenne des agrégateurs actuels étant aux alentours de 35 euros par an, précise la Maif.
Sur le même sujet des agrégateurs, la Maif investit dans Cosy Cloud, une start-up chargée d'agréger les données personnelles, où l'on retrouve Christian Nitot. « Après 17 ans chez Mozilla, j'avais envie d'une autre structure, je ne suis pas parti fâché, mais pour rejoindre Cosy où je suis CPO, chief product officer aux côtés des deux fondateurs, Benjamin André et Frank Rousseau. L'idée est de réunir tous les comptes que l'utilisateur souhaite, EDF, mail, ou autres et leur donner un seul code d'accès sur Cosy. Les données sont stockées chez OVH, l'agrégateur n'a pas la possibilité de voir les données, contrairement à ce que font les Gafa. C'est le point sur lequel insistent les dirigeants de Cosy, la méfiance va inciter le public à vouloir contrôler lui-même ses données et ne plus les confier sans en savoir plus à des géants américains. »
Christian Nitot is back
« Prenons un exemple très simple, nous explique Christian Nitot, celui de Facebook. Ils ont déposé un brevet il y a un an pour estimer les risques de prêts sur leurs adhérents. En étudiant vos relations, ils se font fort de déduire les risques de prêts que l'on peut vous accorder. Cosy propose d'échapper à ce type de projet en gardant les données pour soi. Il n'y a pas de raison pour que Google ait toutes nos données. Avec Cosy, on peut les avoir sur soi ». La société créée en 2012 annonce ce 10 juin sa deuxième levée de fonds, 4 millions d'euros, 3 par la Maif, 1 par Innovacom. La précédente en 2012 portait sur 1,2 million d'euros.
Sur le DigiTech, on pouvait également observer des services purement Maif, comme l'agence 2.0 avec la reconnaissance faciale qui permet d'estimer l'âge de quelqu'un, ou la reputationsquad, équipe interne chargée de sensibiliser aux risques numériques. La stratégie digitale de la Maif passe également par l'interne avec l'ensemble des collaborateurs. « C'est presque un troisième axe de transformation », note Pascal Demurger. La Maif installe le « bureau digital » un réseau social pour les collaborateurs de manière à partager les documents et distribuer la connaissance de manière virale. Elle crée aussi l'académie digitale, avec la startup 360learning afin de distribuer des Moocs. Et Romain Liberge, le CDO, compte des correspondants digitaux dans toute l'entreprise. Les géants du CAC 40 qui peinent à définir leur stratégie digitale pourraient faire un détour par Niort.
Article rédigé par

Didier Barathon, Journaliste
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