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La gouvernance des systèmes d'information devient aujourd'hui un standard

La gouvernance des systèmes d'information devient aujourd'hui un standard

Publicité CIO. Quels sont les changements les plus notables que vous avez observé depuis cinq ans ? Yves Caseau. Le premier changement notable concerne l'externalisation, qui a indiscutablement progressé ainsi que l'offshore, qui s'est invitée dans le débat. On en parle beaucoup plus qu'il y a cinq ans. Nous avons d'ailleurs, chez Bouygues Telecom, expérimenté les deux, avec l'infogérance de production et quelques initiatives en matière d'offshore. Mais, dans ce domaine, les DSI n'en sont qu'au début : les vraies transformations sont devant nous. Le second changement majeur concerne la monté en puissance des problématiques de standardisation. Elle prend deux formes : d'une part, l'utility computing, avec l'idée d'utiliser des plate-forme (Windows, Linux...) standards et à faible coût pour faire aujourd'hui ce que l'on faisait hier sur des mainframes. Beaucoup de progrès ont été réalisés en cinq ans sur ce terrain. D'autre part, concernant le système d'information, j'observe que la SOA, même si l'approche existe depuis une vingtaine d'années sous d'autres appellations, a changé le paysage. En fait, nous sommes davantage dans une approche d'urbanisation fractale, par étapes et plans successifs basés sur l'idée de collaboration ; lorsque je suis arrivé à la tête de la DSI de Bouygues Telecom, il s'agissait beaucoup plus d'urbanisation avec un grand U. Aujourd'hui, XML constitue une sorte d'esperanto qui apporte de la souplesse et beaucoup de marges de manoeuvre. En 2007, le DSI dispose donc de meilleures cartes en main. Par ailleurs, les fournisseurs ont eux aussi gagné en maturité, en termes d'infrastructures, d'urbanisation et de serveurs d'application : la qualité des outils que l'on trouve dans le commerce est donc bien supérieure aujourd'hui. CIO. Quel sont les impacts sur l'organisation des systèmes d'information ? Y. C. On observe des changements mais lents. Il y a vingt ans, les informaticiens avaient déjà compris qu'il leur fallait se rapprocher des métiers. Le point fort des DSI est incontestablement cette connaissance des métiers de l'entreprise, beaucoup de progrès ont été réalisés. Pour leur part, les maîtrises d'ouvrage ont elles aussi progressé dans leur connaissance des systèmes d'information. DSI et maîtrise d'ouvrage se comprennent lorsqu'elles se parlent. En revanche, le point faible des DSI me semble se situer dans l'ingénierie de systèmes, avec une tendance à empiler les boites. Il y a cinq ans, on parlait moins de gouvernance et d'analyse de la valeur. La gouvernance des systèmes d'information devient aujourd'hui un standard. Ainsi, les progrès autour d'ITIL sont spectaculaires et CMMI est en train de s'imposer. Ce mouvement est bien sûr poussé par les exigences de la gouvernance d'entreprise auxquelles les systèmes d'information et les DSI doivent se conformer. Le DSI doit rendre des comptes et non plus seulement sur des résultats et les moyens mis en oeuvre. Concernant l'analyse de la valeur, chez Bouygues Telecom, nous sommes allés assez loin, en l'appliquant aux processus. L'analyse de la valeur constitue une bonne pratique dans la mesure où cela rend ceux qui la pratiquent plus intelligents, en les incitant à réfléchir. Mais si l'on a acquis le vocabulaire et les techniques d'analyse de la valeur, le problème n'est pas pour autant résolu. Il n'existe pas de « certification de valeur ». A l'image du benchmarking, l'analyse de la valeur est utile, enrichissante, mais elle n'est pas scientifique. Côté gouvernance, il existe aussi des standards. Sous la mousse, il y a toujours du liquide ! Un DSI est responsable de la bonne allocation des ressources. Si tout le monde applique les bonnes pratiques, les projets sont livrés à l'heure. C'est vrai que les DSI ont tendance à insister sur le respect de la qualité, mais c'est inévitable dans la mesure où, aujourd'hui, on co-délivre les applications et on co-opère dans un environnement qui ressemble à un puzzle et exige de la transparence de la part des DSI. Pour nous, le challenge principal est d'expliquer ce que nous faisons à nos clients. CIO. Quels sont selon vous les principaux challenges auxquels les DSI vont se trouver confrontés au cours des prochaines années ? Y. C. Le mouvement de fond, concernant les applications, est de rendre le client final de plus en plus autonome. Pour les informaticiens, c'est une posture relativement nouvelle. Notre métier s'industrialise, avec des composants de plus en plus standard et une montée en puissance de la mutualisation des ressources. Va-t-on pour autant vers davantage de simplicité ? Non, car ce que l'on gagne d'un côté, on le rajoute de l'autre, en proposant toujours plus de services. L'informaticien est un vrai assembleur : c'est ce qui fait et fera la différence face au mouvement inéluctable de développement de la Chine et de l'Inde pour la fabrication de composants de systèmes d'information : leur assemblage demande des cycles rapides relativement incompatibles avec l'éloignement géographique. L'informatique de demain sera une combinaison du «loin» et du «proche». En fait, la valeur de l'informaticien consiste à garantir la cohérence industrielle de l'ensemble, de sorte que le client fasse davantage de choses et plus vite. C'est un mélange subtil de pédagogie, d'innovation et de démonstration. CIO. Cela change-t-il le profil des DSI ? Y. C. Pas vraiment. Le pire DSI reste et restera celui qui recrute des collaborateurs à son image. Il faut en effet combiner des compétences techniques, systèmes, métiers, en matière d'innovation et de « politique ». Le DSI qui sait faire tout cela n'existe probablement pas. Je n'en connais aucun... Le DSI doit avoir une ouverture d'esprit et une capacité d'animation d'équipe. Il y a donc, dans la profession, des profils variés et qui réussissent très bien. Ces dernières années, j'ai appris que la position de pouvoir du DSI est tellement forte qu'elle devient vite insupportable si le DSI n'adopte pas une posture d'accompagnement.

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