La France est-elle un milieu favorable à l'innovation ?
L'écosystème à la française ou les atouts et faiblesses de la France dans les technologies de l'information et de la communication (TIC).
PublicitéLorsque l'on parle de modèle d'écosystème le plus favorable à l'innovation et à la création d'entreprises dans le secteur des NTIC, on pense plus souvent à la Silicon Valley qu'à la France. De très nombreux chercheurs et économistes ont tenté de découvrir et analyser la « formule magique » de la Silicon Valley et de son écosystème. J'ai eu la chance d'y vivre pendant plus de 10 ans et de contribuer au succès de plusieurs sociétés. Grâce à cette expérience, je tire un certain nombre de conclusions que j'estime plutôt encourageantes pour la France, même si des changements sont nécessaires, notamment sur le plan culturel. Parmi les nombreuses différences que j'ai relevées l'attitude par rapport à la « prise de risque » est à mon avis déterminante. C'est à ce niveau que la marge de progression est la plus forte en France. Tout d'abord, en position de clients, nous sommes rarement les premiers à adopter une invention. Par contre, dès qu'elle est fiable, nous rattrapons rapidement notre retard pour atteindre les mêmes niveaux de pénétration que d'autres grandes nations. En position d'investisseurs, les français sont beaucoup plus prudents que ceux de Sand Hill Road - la route où presque tous les grands fonds de ventures américains sont représentés. Les capitals risqueurs et banquiers français veulent des business modèles prouvés, des bases installées, des prototypes fonctionnels et en plus des valorisations faibles ! Trois facteurs influencent cette situation : l'absence de fonds de pension (qui représentent seulement 8% des fonds de capital-risque en France contre 42 % aux Etats-Unis), le faible poids des banques dans le financement du capital-risque (principalement aidé par les particuliers au travers des FCPI et des avantages fiscaux), et enfin une place boursière (Alternext) encore jeune (lancée en mai 2005), qui doit continuer sa croissance (seulement un peu plus de 100 sociétés cotées). Les financements de type « angel » me paraissent aussi moins faciles en France qu'aux Etats-Unis. Il s'avère souvent difficile de lancer une affaire sans les aides publiques, la famille, les amis et son propre compte en banque en France ! Récemment, plusieurs de mes amis ont cherchés à lever des fonds pour démarrer leur activité. Un seul a finalement réussi, essentiellement grâce à son réseau de contacts, les autres ayant souvent obtenu comme réponse que leurs besoins de financement étaient trop faibles pour justifier de l'effort d'investissement et de suivi. Il suffit de voir que la grande majorité des entreprises technologiques françaises sont des sociétés de services, dont la croissance ne nécessite pas d'apport initial de capitaux externes importants. En position d'employeurs enfin, l'échec est mal perçu en France où l'on a souvent du mal à offrir une seconde chance alors que dans la Silicon valley, on considère qu'il est possible de rebondir après une expérience difficile et d'en tirer de nombreux enseignements puisque les écueils sont inévitables quand la prise de risque est forte. Une étude récente de la Fondation pour l'Innovation Politique - www.fondapol.org - « Les jeunesses face à leur avenir » réalisée auprès de 20 000 personnes dans 17 pays est assez alarmante. Elle fait ressortir des jeunes français avec un moral bas, sans ambition et qui valorisent peu l'esprit d'entreprise et l'individualité. Paradoxalement, les statistiques de l'APCE (l'Agence pour la création d'entreprises) sont parlantes : le nombre de créations d'entreprises enregistré au court des onze premiers mois de l'année 2007 montre un accroissement de 13% par rapport à la période équivalente de l'année 2006. D'ailleurs, 3 ans après avoir créé leur société, 88% des chefs d'entreprise s'en déclarent très satisfaits. Ils ont réalisé leurs rêves et leurs envies, atteint leurs objectifs en concrétisant un projet qui leur tenait à coeur. Je suis convaincu que ce n'est pas tant l'écosystème dans lequel vous évoluez qui importe mais bel et bien votre état d'esprit et votre attitude qui comptent. Alors, si vous êtes prêt à prendre des risques, pourquoi encore hésiter ?
Article rédigé par
François Lavaste, Président du directoire de NETASQ
Après avoir assuré la direction générale de TRICIPHER, société américaine spécialisée dans les appliances de gestion de l'authentification forte, sur la zone Europe, Moyen Orient et Afrique, François LAVASTE vient de rejoindre NETASQ au poste de Président du Directoire.
Il a débuté sa carrière dans l'informatique en 1992 en tant qu'associé dans la création d'ENEIDE, éditeur du logiciel de CRM CONSO+ racheté en 2000 par COHERIS.
En 1996, il s'installe en Californie, au coeur de la Silicon Valley - où il restera une dizaine d'années - en rejoignant INTUIT, leader mondial des outils de gestion financière personnelle et de comptabilité pour PME, à Mountain View. A partir de 2001, il contribuera, en tant que vice-président du Marketing, au succès de BRIGHTMAIL, pionnier des technologies anti-spam racheté en 2004 par SYMANTEC juste avant son introduction en bourse; à celui de CYANEA SYSTEMS, éditeur de logiciels de mesure des performances applicatives racheté par IBM; et à celui de MINDJET, éditeur du logiciel MindManager et leader mondial des solutions logicielles de visualisation et de gestion d'informations.
François est diplômé de l'ESCP-EAP et titulaire d'un MBA de la Harvard Business School.
Blog : http://lavaste.blogspot.com/
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