Tribunes

La DSI : le laboratoire du management de l'entreprise de demain

La DSI : le laboratoire du management de l'entreprise de demain
Jean Luccioni, Directeur Associé chez TNP

Opportunités et pièges des ressources humaines en DSI.

PublicitéLe management des ressources au sein des DSI relève aujourd'hui du casse-tête. La DSI est précurseur d'un mouvement de fond qui finira par toucher toutes les directions de l'entreprise qui vont, elles aussi, requérir des profils de plus en plus pointus et, pour partie, s'externaliser.
Comment conjuguer au sein de la DSI la nécessité d'agilité face à la compétitivité, les nouvelles aspirations d'une meilleure relation au travail, et l'évolution continue des technologies ?

Acheter sa souplesse...

Dans les métiers de l'informatique, les besoins en compétences de plus en plus pointues sont cycliques. Accompagné des meilleurs experts il faut aller vite, plus vite qu'avant et plus vite que les autres, mais pour combien de temps ? Les compétences requises deviennent rapidement obsolètes au même titre que les technologies qui les sous-tendent. Les informaticiens sont tantôt des denrées rares que l'on s'arrache, tantôt en surnombre.
Le management est bien démuni pour anticiper ces changements et aider les personnels à suivre l'évolution trop rapide des besoins et des technologies pour ainsi garantir leur employabilité au sein de l'entreprise.
La sous-traitance ou l'externalisation est un recours certes. C'est d'ailleurs un des moyens utilisés pour acheter des expertises pointues que l'on ne saurait pourvoir à temps complet ou pour consacrer ses propres employés sur des technologies plus pérennes et faire porter le poids de l'obsolescence de leur personnel aux prestataires. La répartition des tâches entre internes et externes est critique, il faut veiller à ne pas fabriquer des « sachants », indéboulonnables, vite hors de prix et ingérables.

...Des équipes de mercenaires ?

L'appel plus ou moins massif à la sous-traitance pose au management des questions complexes de motivation et de mobilisation d'équipes hétérogènes.
Bien que fortement partie prenante des résultats de la DSI et de la qualité de service perçue par les utilisateurs, ces personnels externes sont difficiles à motiver. Ils laissent le DSI sans influence car leur carrière est faite ailleurs, par d'autres : leur véritable employeur. La DSI peut donc subir par ricochet des baisses de moral ou d'efficacité de leurs prestataires, qu'ils payent souvent cher.
Ceci est d'autant plus vrai que le rapport au travail a largement évolué depuis quelques années. L'équilibre vie professionnelle/vie privée est de plus en plus recherché, le confort et le plaisir également. Sur ces points, les SSII sous-traitantes ne sont pas les mieux placées : la culture de la rentabilité est omniprésente, et les personnels pas toujours très ménagés, ce qui finira par se traduire pour le client DSI par un manque de motivation. Certains d'entre eux iront jusqu'à se faire embaucher pour un meilleur agrément de vie, mais ils tomberont inexorablement dans la première catégorie, celle des salariés de la DSI qui, elle, pose le problème de son employabilité à terme.

PublicitéManager, organiser et motiver, le triptyque complexe du DSI

Dans ce contexte, étrangement, management opérationnel et direction de Projet sont bien souvent confondus.
Les managers intermédiaires sont choisis parmi les meilleurs chefs de projet, comme si un chef de projet était naturellement un bon manager. Il est vrai que dans ces métiers techniques, les compétences dites « dures » ont toujours primé sur les compétences dites « molles » de la socio dynamique. Les managers sont alors bien mal outillés pour faire face aux enjeux de mobilisation d'équipes complexes pourtant seul garant de la qualité des services rendus par la DSI.
Ajoutons à cela des modalités de travail spécifiques au métier, difficiles : les ressources peuvent aisément se sentir perdues ou délaissées dans des environnements projets, parfois éphémères, utiles à court terme pour la structure, mais flous à long terme pour l'individu. La barre est haute pour le chef de projet promu Manager.

Pour rester dans la compétition, à l'heure où la technologie va plus vite que les hommes, la DSI doit revoir sa gouvernance interne et externe mais également ses méthodes de management et de motivation, une réalité en cours dans bon nombre de DSI. Cette tendance va s'étendre à l'ensemble des autres fonctions de l'entreprise, elles aussi soumises demain à cette même vague d'externalisation et d'achat d'expertises. Elle touchera à terme toute la pyramide et l'éco système de l'entreprise.
L'entreprise étendue est actuellement en laboratoire dans les DSI. L'enjeu est sur les hommes et leurs motivations dans cet univers protéiforme. La DSI semble bien mal outillée, mais gardons à l'esprit ce que disait Audiard, « Deux intellectuels assis vont moins loin qu'une brute qui marche », alors sachons faire avec ce que nous avons et motiver nos collaborateurs et nos prestataires pour le meilleur de la DSI, les autres directions nous regardent !

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