La donnée monte en première classe à la SNCF

La donnée est au coeur de la stratégie digitale et de mobilité de la SNCF. Dans son futur technicentre à Lille, l'opérateur ferroviaire et ses différentes composantes ont détaillé les différents programmes où les données sont utilisées et traitées.
PublicitéLe technicentre de Hellemes dans la proche banlieue de Lille est un lieu historique. Datant de 1873, il a été créé pour réparer les locomotives à vapeur. Depuis il a subi quelques rénovations, mais la SNCF a décidé d'en faire son cinquième technicentre concentré sur l'industrie du futur ou 4.0. Mais c'est bien sur la donnée que le président de la SNCF, Guillaume Pepy, a voulu axer son intervention et celles de son équipe. Pour le dirigeant, « la donnée est un élément clé de la mobilité », un point de vue partagé par Patrick Jeantet, directeur général de SNCF, qui parle lui « d'éléments cruciaux pour une révolution industrielle en profondeur ». Et les chiffres peuvent donner le tournis, 20 000 capteurs IoT, 180 To de données pour la plateforme Big Data de la SNCF, 90 000 agents équipés de smartphone ou d'une tablette professionnels, 120 000 agents connectés à Skype entreprise, etc.
Vibrato, LIDAR pour la maintenance et la supervision
Benoît Tiers, directeur général du digital et des systèmes d'information, a orchestré les différentes présentations des programmes où la collecte et le traitement des données apportent une valeur ajoutée à l'entreprise et aux voyageurs. Le projet Vibrato en est un exemple. Certains conducteurs de trains sont équipés de smartphones professionnels comprenant une application capable d'enregistrer les vibrations du train grâce à l'accéléromètre embarqué dans le terminal. En croisant les données de géométrie des voies et les enregistrements des smartphones, il est possible de détecter des problèmes sur une voie et la réparer. Cette initiative apporte une plus grande sécurité et régularité du transport.
Autre technologie utilisée, le LIDAR, connu dans le domaine automobile pour éviter les obstacles. Ce faisceau laser haute densité peut être utilisé pour scanner les voies en 3D. A partir d'un nuage de points, les données sont traitées par de l'intelligence artificielle et intégrées ensuite dans les outils de supervision du réseau pour créer « un jumeau numérique du réseau ». L'objectif de cette création est triple selon Patrick Jeantet, « la description physique du réseau, de l'état des composants et de leur mode de fonctionnement ». Ce programme change la façon de travailler des équipes de maintenance du réseau. Avant, pour cartographier une cinquantaine de kilomètres de voie, il fallait mobiliser plusieurs hommes pendant une journée. Avec la solution LIDAR, il faut une heure. Aujourd'hui, 3 trains sont équipés de cette technologie. En optimisant la maintenance et la supervision, le transporteur ferroviaire peut augmenter la densité de circulation. « Sur un Paris-Lyon, on peut faire circuler jusqu'à 13 trains, mais demain on pourra en faire circuler 16 », poursuit le dirigeant.
Géolocalisation et NFC pour personnaliser et simplifier le voyage
PublicitéCôté voyageurs, les données constituent un lien très important avec l'entreprise. Lors des grèves du printemps, la SNCF a beaucoup misé sur le digital et en particulier sur son site et l'application pour informer les clients de l'état des perturbations. En dehors de cet exercice de transparence, la SNCF travaille sur un programme de géolocalisation. Pas moins de 620 000 personnes ont acceptées d'être suivies pour personnaliser leur trajet (alerte en cas de problème, information sur les quais, etc.). Les données géolocalisées et anonymisées sont un moyen pour la SNCF de connaître la mobilité des français. Un service a été créé, Data Flux pour avoir une vision globale des voyageurs, en s'appuyant sur du Big Data et de l'IA, la SNCF peut ainsi élaborer des scénarios (grève, épisode neigeux) et prévoir des solutions alternatives.
Autre point qui intéresse les voyageurs, surtout les franciliens, l'usage du NFC (Near Field Communication) et la dématérialisation du ticket de métro et du pass Navigo. La SNCF avec d'autres partenaires vont lancer une expérimentation à l'automne auprès de certains abonnés Orange (car la carte SIM embarque le NFC) et possesseurs de smartphone Android sur la dématérialisation du carnet de tickets de métro. Ce test sera élargi au Pass Navigo hebdomadaire et mensuel. Quid d'iOS ? Guillaume Pepy met les pieds dans le plat, « Apple ne semble pas très désireux de travailler avec nous ». Et les autres opérateurs ? « il faudra faire la demande auprès des autres opérateurs pour obtenir une carte SIM intégrant le NFC », répond-on du côté de la SNCF. A voir si SFR, Bouygues Telecom et Free factureront ce changement de SIM.
IA et Machine Learning sur Oui.SNCF
Enfin le site Oui.SNCF qui est la vitrine de l'entreprise est très gourmande de données. Le portail est capable de gérer 33 millions de trajets, 1,5 milliard de requêtes par an, pour un total de 100 To de data. Pour orchestrer ce site, la SNCF utilise de l'intelligence artificielle et du machine learning pour répondre à 3 enjeux : détecter les pannes en moins de 5 minutes (l'année dernière le site affichait moins de 4 heures d'indisponibilité), la personnalisation à travers les newsletters et les interfaces, élaborer des nouvelles fonctionnalités (travail sur le conversationnel, trouver les petits prix).
Au final, à travers ces différents programmes et initiatives, la SNCF veut résolument se placer dans la position d'une entreprise orientée données (data driven). La transformation digitale est un levier de croissance pour la société et elle bénéficie à l'ensemble de la chaîne de la valeur, des salariés aux clients finaux. Benoît Tiers résume les enjeux de la donnée en expliquant qu' « elle est lien entre le passé et le futur ».
Article rédigé par

Jacques Cheminat, Rédacteur en chef LMI
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