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La CNAF transforme son SI en délais contraints

La CNAF transforme son SI en délais contraints

La Cnaf, qui calcule et verse 67 milliards d'euros de prestations sociales par an, a profondément revu son système d'informations pour répondre à de nouveaux défis.

PublicitéAncien DSI de la Caisse Nationale des Allocations Familiales (CNAF), Gérard Russeil, aujourd'hui chez Chorégie (un GIE de mutuelles), a eu pour délicate mission de piloter la transformation de la vieille maison en charge du calcul des droits et du versement des prestations sociales à destination des 11 millions d'allocataires et des 33 millions de bénéficiaires (1 allocataire = 1 famille et 1 dossier). En 2009, 67 milliards d'euros ont ainsi été versés par les services de la CNAF.

Parmi les derniers chantiers, la mise en oeuvre du projet phare du Martin Hirsch, l'ancien Haut-commissaire aux solidarités actives contre la pauvreté, le RSA. « On connaissait le projet et on avait une date butoir  pour calculer et verser les allocations. Il s'agissait d'un gros changement par rapport au RMI. La prestation touche un public plus large avec notamment le versement  d'une allocation complémentaire à une activité salariée qui varie en fonction des ressources », précise l'ancien DSI. Le dispositif est assez complexe et concerne des personnes dans des situations sensibles. Le moindre retard aurait en effet entrainé des débuts de mois difficiles dans certains foyers. « Nous avons effectué le travail en moins de six mois pour tenir les délais avec les Conseils Généraux. » La CNAF est l'opérateur de paiements des droits aux bénéficiaires, le dialogue est donc permanent avec Pôle Emploi et les Conseils Généraux. « Nous devons nous mettre à la disposition de nos partenaires pour assurer les traitements et les paiements des prestations ». Dernière demande émanant du gouvernement, la suppression des allocations familiales en cas de manquement aux responsabilités familiales. « Il a fallu répondre rapidement à cette demande. Nous étions un peu time to market », précise Gérard Russeil.



Pour répondre à ses nombreuses missions, l'ancien DSI peut compter sur 900 salariés en interne et 150 consultants. « Dans l'obligation de travailler avec d'anciennes technologies comme le Cobol, nous confions progressivement à des prestataires externes pour développer en interne de nouvelles compétences ». 150 personnes travaillent par exemple sur le moteur public. Les  départs en retraite sont encore replacés et les effectifs repositionnaient sur les secteurs d'avenir. « La règle de la DSI était de conserver les effectifs pour préserver le fonctionnement du système d'informations. La dispersion territoriale, très forte, correspond aux développements rapides des CAF après la Seconde Guerre Mondiale ».  Des outils Java ont ainsi été développés pour faciliter la maintenance et unifier les 36 000 postes de travail dans les différentes antennes régionales. Une fois déballés, ces derniers sont immédiatement opérationnels. 23 000 postes qui combinent téléphonie et accès aux applications en ligne sont utilisés par des techniciens sur le portail Nims (Navigateur Intranet Multi Services). Le CRM repose également sur un développement interne pour assurer un workflow numérique. Sans papier, les CAF locales bénéficient de moins de contraintes pour le traitement des dossiers. « Les déclarations de ressources en ligne ont atteint  40% en moyenne en 2008 et même 50% dans certaines CAF. Mais personne ne doit être exclue par la fracture numérique, les autres ressources d'accès doivent rester disponibles », explique encore Gérard Russeil.

PublicitéRepenser la dispersion géographique de la CNAF

Un des grands chantiers 2009/2010 portait sur une réorganisation des huit centres régionaux de production de la CNAF qui reposent encore sur des mainframes. Cinq sont fournis par Bull et les trois autres par IBM. Tous les métiers de la DSI sont basés sur ces huit entités qui travaillaient en parallèle avec les mêmes applications. Le grand projet de Gérard Russeil consistait donc à spécialiser ces centres avec pour chacun une mission et une certification bien particulière. « Avec l'aide de nos partenaires, nous avons réalisé une concentration technique sur les huit centres. A Bordeaux le traitement et le calcul des droits qui fonctionnent avec notre moteur Cristal, à Dijon la paie, à Rennes l'analyse décisionnelle, au Mans la GED, à Valenciennes l'acquisition automatique de documents,  à Paris le plan de reprise et l'intégration des recettes et des systèmes au niveau national, à Lyon, le développement et à Nice l'hébergement du site Caf.fr qui support 1,2 million de connexions par jour. » Pas encore de cloud, mais Gérard Russeil nous avouait  réfléchir à un cloud interne commun aux huit centres de production. Cette réorganisation a toutefois permis de gagner en performances à Bordeaux, notamment grâce au passage à la base de données PostGreSQL et à de nouvelles machines Bull (voir encadré).



Pour son grand chantier mainframe, la DSI de la Cnaf a demandé aux équipes de revoir et de documenter leurs méthodes de travail pour répondre à la norme ISO 20 000 en vue d'une certification en 2012. « Il s'agit de partager la même méthode de travail dans tous les centres entre clients et fournisseurs et de passer de 8 organisations à une seule globale. ». Certains centres développent même de nouvelles compétences comme l'audit green IT à Bordeaux avec le concours d'APC. L'unité de Grenoble, qui dispose de systèmes Bull, surveille en temps réel le centre de Bordeaux. Si la collaboration avec Bull n'est pas remise en question, la Cnaf se dirige progressivement vers des solutions Open Source et non-propriétaires. « Notre patrimoine logiciel est trop important pour retomber dans des systèmes fermés ».

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