La banque de détail secouée par la révolution data

Les échanges de données et leurs modalités révolutionnent les pratiques du secteur bancaire selon les participants de la dernière réunion du CPI-B2B.
Publicité« En France -mais pas seulement-, les banques ne bougent que sur une pression extérieure, issue de la réglementation ou de l'irruption d'acteurs para-bancaires » a regretté Bruno Cambounet, vice-président Banques/Assurance chez Axway, lors de la réunion du Club de la Presse Informatique B2B (CPI-B2B) du 1er juin 2016. Mais ce mouvement est cependant très net et repose largement sur l'informatique, plus précisément sur les flux de données en constante progression depuis trente ans.
Classiquement, depuis des années, l'informatique bancaire connaît deux chantiers principaux : la rationalisation technique pour réduire les coûts, au niveau des infrastructures invisibles pour les clients, et, à l'autre bout, les évolutions du frontal client. Mais la crise des subprimes et la rupture associée à la faillite de Lehman Brothers ont entraîné une nette évolution réglementaire. Et les évolutions technologiques de la révolution numérique ont, elles, apporté des acteurs para-bancaires, les Fintech, captant une part de la marge des banques.
De DSP 1 à DSP 2
Les Directives sur les Services de Paiements (DSP ou PSD en Anglais) 1 et 2 s'appliquent désormais en Europe. La DSP 1 a introduit des règles prudentielles et le SEPA, qui supprime des marges importantes pour les flux bancaires entre pays européens. La récente DSP 2 vise, elle, notamment à réglementer les acteurs para-bancaires en obligeant les banques traditionnelles à les accepter dans leur écosystème comme nous l'expliquions le 25 Mai 2016. Or un tiers des revenus bancaires actuels sont liés à des prestations qui disparaissent...
Le succès des Fintechs repose sur une leçon que les banques ont du mal à accepter : le parcours client ne repose pas sur les produits bancaires (crédits, placements...) eux-mêmes mais sur la manière de simplifier la vie courante des utilisateurs. Or cette simplification implique des croisements de données que les Fintechs s'empressent de réaliser, agrégeant des services de sources diverses, internes ou externes à chaque banque. Pour Bruno Cambounet, « aucune banque ne peut améliorer l'expérience client sans intégrer des services extérieurs. »
Sécurité et fiabilité, clés des opérations bancaires
Mais cette intégration implique des échanges de flux de données. Quand on parle de banque, cela implique de tracer qui fait quoi, d'authentifier le « qui » et de vérifier l'autorisation du « quoi ». Très longtemps, ces obligations ont amené un refus d'externaliser quoi que ce soit. Or, les mêmes raisons amènent aujourd'hui les banques, au contraire, à choisir d'externaliser. Pourquoi ce revirement ? Parce que les serveurs des différentes entités échangeant des données peuvent alors se retrouver dans le même datacenter, avec une fibre directe entre eux. « La proximité physique, c'est non seulement une garantie de performance mais aussi une garantie de sécurité » a attesté Fabien Gautier, directeur marketing et business development chez Equinix France.
150 banques de détail sont ainsi hébergées chez Equinix à travers le monde. Avec un triplement des flux échangés en quelques années, la fibre directe est un argument qui a son poids. D'autant que plus les flux sont importants plus les risques associés à ces flux sont importants.
PublicitéLes datas comme vecteurs de fraudes
En effet, les moyens de paiements toujours plus dématérialisés et instantanés, reposant sur des flux de données de plus en plus massifs, offrent des possibilités de fraudes croissantes. Mais, à l'inverse, comme l'a rappelé Jean-Charles Ravon, principal data-scientist chez Teradata, « plus de données » signifie aussi « plus d'outils d'analyse pour détecter les fraudes en quasi-temps réel ».
Si sept opérations de paiement sur dix sont encore aujourd'hui réalisé en cash dans le monde (surtout pour les petits montants), il y a tout de même 400 milliards d'opérations électroniques réalisées chaque année dont les deux-tiers par cartes bancaires. Face à un tel marché de masse, la sécurisation croissante est impérative tant l'attirance des fraudeurs est grande. Et pour concurrencer la carte bancaire, il faut des moyens au moins autant universels faute de quoi le moyen en question court à l'échec.
Cela n'empêche pas le débarquement de Fintechs ou de méthodes exotiques (comme la blockchain qui garantit la sécurité interne mais pas l'authentification des acteurs). Typiquement, un moyen de paiement comme la carte Nickel en France, une carte sans découvert ni crédit, issu d'une banque sans guichet, rencontre un grand succès.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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