L'IoT, c'est du M2M et du business

Connecter des objets est une pratique ancienne mais l'émergence de l'IoT est celle de la valeur métier associée à la connexion. Le 22 novembre 2017, le Club de la Presse Informatique B2B s'est penché sur le sujet.
PublicitéL'IoT est en marche. Ce mot-clé est à la mode en tous cas. Mais de quoi s'agit-il ? A quoi cela sert-il ? Le 22 novembre 2017, le Club de la Presse Informatique B2B a mené un débat sur le sujet. IoT signifie « Internet des objets ». Mais les objets connectés existent depuis longtemps, au moins les années 1970, c'est ce que l'on nommait jadis le M2M, « machine to machine ». Où est la différence, si elle existe ? En fait, la différence n'est pas tellement technologique mais dans l'intégration et la valeur tirée.
« L'IoT implique l'intégration de flux de données pour obtenir un service ou une valeur ajoutée » a ainsi défini Bernard Fourdrinier, consultant chez Teradata International. La continuité technique entre M2M et IoT est en effet une évidence pour tous. Jean-Marc Vauguier, co-fondateur de la start-up spécialisée Z#bre, a ainsi regretté : « le concept d'IoT a souffert des gadgets grand-public qualifiés d'IoT. »
De la technique à la transformation
Aujourd'hui, un capteur connecté ou un objet connecté quelconque s'obtient pour quelques euros. Mais ce sont bien les données captées qui, grâce à l'usage qui en sera fait, qui permettront une importante création de valeur. Et, souvent, l'Iot amène une transformation des modèles économiques. Grâce aux capteurs, un monitoring précis des usages peut être fait, tout comme un suivi temps réel des besoins de maintenance. De ce fait, la vente de produits peut être remplacée par le fabriquant par une location avec services permetant un transfert du risque d'investissement. Sur le marché des pneus pour camions, Michelin propose ainsi des pneus connectés loués et maintenus par le fabriquant lui-même. General Electric vend désormais non plus des turbines mais des KWH.
Pour Stephan Hadinger, head of architecture chez AWS, les limitations technologiques liées aux capacités des capteurs et autres objets connectés sont outrepassés par les plates-formes disponibles dans le cloud, parfois même avec un outillage technique faisant que le développeur n'a plus à se préoccuper de la répartition des tâches entre le cloud et l'objet : la plate-forme la gère. Là aussi, les coûts sont variabilisés puisque les utilisateurs de ces plates-formes louent eux-aussi les traitements, sans investissement important. Mamadi Keita, responsable IOT France et Benelux chez Accenture, s'est également réjoui que ces fameuses plates-formes puissent aussi gérer des éléments tels que les mises-à-jour de firmwares ou la sécurité.
Transformation ou nouvelle unité ?
Mais la transformation est loin d'être aussi évidente et massive. Le chiffre d'affaires de Michelin dans la location de pneus reste ainsi marginal pour l'instant. Jean-Marc Vauguier a montré son scepticisme : « si vous essayez d'apprendre à une équipe de football à jouer au rugby, vous perdrez le match de football et aussi celui de rugby. Il vaut mieux constituer une équipe de rugby à côté de l'équipe de football et, une fois l'équipe de rugby victorieuse, s'en servir pour amener l'équipe de football à jouer correctement du rugby. » Frank Souguir, directeur de la BU IoT chez Econocom, a renchéri : « les changements de business models sont rares, en dehors du lancement de quelques services connexes, mais l'IoT permet souvent d'améliorer l'excellence opérationnelle et ainsi de baisser les coûts. »
La bascule des constructeurs automobiles vers le mode locatif sera sans doute une évidence avec les véhicules autonomes. Mais on n'en est pas là du tout. Frank Souguir a cependant rappelé que le plus vieux modèle à avoir ainsi migré est celui des multifonctions que les entreprises payent au travers d'un prix à la page. « L'IoT permet d'optimiser, de contrôler et de piloter » a soutenu Mamadi Keita. De ce fait, l'IoT permet de généraliser ce modèle locatif et la transformation induite des modèles économiques.
PublicitéLe règne de la data
Tous se sont accordés, donc, sur l'importance des échanges de données, préalable à leur traitement et à l'émergence des nouveaux modèles de services. Mais Accenture a rappelé que si l'IoT grand public était globalement standardisé, ce n'était pas du tout le cas dans l'industrie où les protocoles propriétaires sont multiples et en général très verticalisés. A cela s'ajoute la bataille pour la propriété et la conservation des fameuses données, entre l'utilisateur du produit, son exploitant ou son fabriquant.
Le pire qui peut arriver, là aussi le consensus était général, est que l'IoT soit un silo de plus dans un SI déjà très siloté. « Il faut déverser les données de l'IoT dans un datalake commun pour toutes les données de l'entreprise afin que chacun puisse exploiter et combiner toutes les données » a plaidé Stephan Hadinger. Frank Souguir a confirmé : l'objectif est bien l'usage des données dans le SI. Mais, si les démonstrateurs continuent de se multiplier, les véritables déploiements sont encore rares. La maturité de l'IoT n'est donc pas encore atteinte.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire