L'intensité énergétique des acteurs du numérique en hausse de 18,5%

Le cabinet d'étude Advaès s'est plongé dans les mesures de la consommation énergétique des acteurs du numérique entre 2021 et 2023. Résultat, celle-ci a augmenté de 18,5%. Sans surprise, le cloud et les datacenters sont les principaux responsables, et devraient continuer de l'être avec la GenAI.
PublicitéLa consommation d'électricité des acteurs de l'informatique et des télécoms est un sujet de préoccupation croissant pour leurs clients, en particulier depuis l'explosion de l'IA générative. Pour des questions de coût, autant que de préservation des ressources. Le cabinet Advaès, spécialisé sur ces sujets, a étudié l'empreinte énergétique de 90 fournisseurs de produits et services informatiques au niveau global, principalement à partir des données fournies par ceux-ci sur le sujet (lire encadré). Tous ces acteurs (SSII, éditeurs, fabricants de matériels et de composants, opérateurs de datacenters et de cloud public) sont présents en France.
Les résultats de l'étude expriment principalement la difficulté à voir un schéma clair dans les évolutions de ces mesures, et dans les comportements et stratégies des fournisseurs. À l'exception des opérateurs de datacenters et de cloud, aucune catégorie d'acteurs ne se distingue comme plus ou moins vertueuse que les autres. Et il en va de même pour les entreprises étudiées, dans leurs catégories respectives. La pression combinée de la régulation et des entreprises clientes pourraient faire bouger les lignes dans les années à venir. Reste à savoir si elle contrebalancera l'appétit croissant de puissance, et donc les besoins en énergie, de la très populaire IA générative.
L'équivalent de 42% de la consommation d'électricité de la France
Sans surprise, la consommation des entreprises étudiées par Advaès a ainsi fait un bond de 18,5% en valeur absolue entre 2021 et 2023 (8,9% de moyenne annuelle), passant de 159 TWh en 2021 à 188 TWh en 2023. « L'équivalent de 42% de la consommation d'électricité de la France en 2023 (445 TWh) », précise l'étude. Cette hausse trouve essentiellement sa source chez les opérateurs de datacenters et de cloud. Leur consommation énergétique - associée à celle des opérateurs télécoms - a augmenté de 14,4% et leur intensité énergétique (consommation sur CA) de 5,7% en moyenne annuelle sur la période. Il y a fort à parier que cette tendance sera renforcée en 2024, après 2 années de développement intensif de l'IA générative.
La consommation d'électricité a également augmenté chez les éditeurs, mais plus raisonnablement, avec une hausse de 2,5% toujours en moyenne annuelle. Les éditeurs ont même réussi à réduire leur intensité énergétique de 8,3%. Les SSII ont, quant à elles, réduit à la fois leur consommation et leur intensité énergétique, respectivement de 4,3% et de 11%.
Les EnR gagnent du terrain
Du côté des actions prises par les fournisseurs pour inverser la tendance, la moitié des entreprises ont communiqué sur la nature de l'énergie qu'ils ont utilisée entre 2021 et 2023. La part des énergies renouvelables (EnR) est ainsi passée de 65,7% à 76,8%. Selon Advaès, cette évolution serait liée entre autres à la conversion progressive des opérateurs de datacenters. L'étude souligne néanmoins que la dépendance de certaines régions du monde aux énergies fossiles et les enjeux géopolitiques pourraient contrarier cette tendance, en particulier avec la nouvelle présidence américaine.
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Les dix fournisseurs qui ont le plus réduit leur intensité énergétique (consommation sur CA) entre 2021 et 2023, d'après une étude du cabinet Advaès.
Ce sont la société de conseil française Wavestone (-34,6%), le concepteur de smartphones néerlandais Fairphone (-27,7%) et le géant américain IBM (-26,3%) qui occupent le trio de tête du classement Advaès. Le premier a plus que divisé par deux son intensité énergétique entre 2021 et 2023, passant de 10,4 à 4,5 MWh/M€. Les plus mauvais élèves, avec une décroissance moyenne annuelle comprise entre -0,6 et -1,2%, sont Dell, Criteo, HPE, Lenovo et Workday en dernière position.
Les géants du numérique, très mauvais élèves
Dans la catégorie très consommatrice des opérateurs de datacenters ou de cloud, IBM se place loin devant parmi ceux qui ont le plus progressé, même si la mesure de son intensité énergétique (-26,3%) concerne l'ensemble de son activité et non uniquement les datacenters. IBM est loin devant le numéro deux, Scaleway avec -15,3%. Suivent Deutsche Telekom avec -6,7% et Equinix avec -4,3%. Les mauvais élèves - ceux dont l'intensité énergétique a augmenté - sont nombreux et, à l'exception du Français Orange (+3,2%) et du Japonais KDDI (+9%), tous sont des géants du numérique américain avec Google (+6,6%), Microsoft (+14,6%), Meta (+17,0%) et Oracle (+22,6%).
Du côté des éditeurs, Visiativ et Sage se distinguent avec plus de 20% de réduction moyenne de leur intensité énergétique, alors que Workday et, sans surprise, VMware se retrouvent bons derniers avec des augmentations respectives de 0,6% et 2,5%. Du côté des SSII, le numéro un toutes catégories confondues Wavestone est suivi d'assez loin par Capgemini, avec -20,4%. Elles ne sont que deux à voir leur consommation augmenter, mais de façon spectaculaire : Inherent (+15,2%) et Devoteam (+21,0%). Enfin, du côté du matériel, le fabricant de smartphones « verts » Fairphone est loin devant les autres avec -27,7%. Nombreux sont les constructeurs dont l'empreinte augmente : Apple, HP, Acer, Huawei et Intel (avec des niveaux situés entre +4,4% et +15%).
Une interprétation difficile, faute de transparence des fournisseurs
L'ensemble de ces observations restent cependant difficiles à interpréter sous forme de tendance, en particulier du fait du manque de transparence de nombre de fournisseurs et de la difficulté à collecter des informations à la source. En effet, seuls 52 des 90 fournisseurs étudiés par Advaes (58% du panel) fournissent eux-mêmes des données complètes sur les 3 années considérées (la moitié a réduit sa consommation et 64% son intensité énergétique). 28% des entreprises analysées ne publient même aucune information en la matière. Pour toutes les entreprises qui ne rendent publique aucune information sur leur consommation énergétique, le cabinet a ainsi exploité diverses sources de données complémentaires en accès libre, tels des rapports d'autres organisations.
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Article rédigé par

Emmanuelle Delsol, Journaliste
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