L'informatique française entre des mains essentiellement étrangères
Le Conseil de l'Analyse Economique (CAE), organisme placé auprès du Premier Ministre, s'est penché sur les effets de la mondialisation dans l'économie de l'immatériel, notamment l'informatique. Le cas Microsoft est analysé à part.
PublicitéLe 23 mai 2008, le Conseil de l'Analyse Economique (CAE), organisme placé auprès du Premier Ministre, a remis à la ministre de la Culture Christine Albanel un rapport intitulé « La mondialisation immatérielle ». Celui-ci est désormais disponible en téléchargement sur le site du CAE. Si ce rapport se consacre à bien d'autres sujets que l'informatique professionnelle, comme les livres, les films ou la musique, notre sujet de préoccupation est cependant bien présent. Pour constater l'inefficacité française et la main-mise étrangère sur nos SI... Selon ce rapport, en effet, 70% des logiciels achetés en France sont de l'import, pour l'essentiel issu des Etats-Unis. Ce chiffre n'est pas étonnant puisque le seul éditeur d'envergure mondiale encore français est Dassault Système, les européens se comptant facilement (SAP, Sage...). Comme acteur de taille, le rapport ne cite d'ailleurs, hors les sociétés américaines (IBM, Oracle, Microsoft...), que SAP. « Les explications économiques tiennent au fait que les firmes américaines disposent d'un grand marché intérieur, à peu près imperméable aux importations étrangères. Cette base domestique leur permet d'amortir les coûts fixes d'innovation et de conception, et rend facile la concurrence par les prix sur les marchés étrangers », note le CAE. Le rapport stigmatise plus loin le manque de R&D en France en informatique : « Les États-Unis font beaucoup plus de R&D (20 % de la R&D totale aux États-Unis, 8 % en France) et de production que les Français ». En revanche, côté services, la part des entreprises françaises sur le marché national est de 69%. Selon le CAE, la France bénéficie de l'expérience acquise à l'étranger (notamment chez les cobayes américains) en matière de nouvelles technologies et adopte donc seulement celles qui marchent. On se console comme on peut... Le cas Microsoft en cas d'espèce Tout un chapitre du rapport est consacré au seul cas Microsoft... Le 'cas Microsoft' en cas d'espèce Tout un chapitre du rapport est consacré au seul cas Microsoft, « Propriété intellectuelle et droit de la concurrence : le cas Microsoft ». Si le titre est significatif des problèmes posés par le quasi-monopole de l'éditeur américain sur de nombreux marchés (raison pour laquelle de nombreux économistes libéraux étaient, il y a un siècle, hostiles au concept même de propriété intellectuelle) et la stratégie « d'extension du monopole » (avec notamment Internet Explorer ou Windows Media Player), il faut saluer dans le travail des auteurs une clarification et une synthèse des problématiques économiques et juridiques à la lumière des travaux des économistes. Le rapport ne propose malheureusement pas vraiment de solutions aux problèmes du secteur informatique...
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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