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L'inflation des tarifs des licences fait déraper les budgets SaaS

L'inflation des tarifs des licences fait déraper les budgets SaaS
Une part majoritaire des investissements dans le SaaS est réalisée par les métiers, complexifiant le contrôle de ces lignes budgétaires par la DSI. (Photo : D.R.)

Malgré les efforts déployés par les entreprises, le nombre d'applications SaaS est reparti à la hausse. Et plus encore les budgets consacrés à celles-ci ! En cause, l'inflation des tarifs des éditeurs et leur créativité en matière de licensing.

PublicitéUne inflation de 9,3% sur un an. Le rapport 2025 SaaS Management Index de l'éditeur Zylo permet de mettre un chiffre sur une tendance que perçoivent nettement les DSI : le budget dédié aux applications vendues sous forme de service est en nette croissance. Et ce, malgré les efforts de ces mêmes DSI pour enrayer la prolifération de ces applicatifs. Selon le rapport, ce nombre ne progresse 'que' de 2% sur un an (à 275 unités en moyenne), ce qui, compte tenu de la simplicité d'accès de ces applicatifs pour les utilisateurs et de la transition qu'opèrent la plupart des éditeurs vers des contrats basés sur l'abonnement, témoigne des efforts des organisations pour éviter une nouvelle phase d'expansion incontrôlée du portefeuille SaaS. Lors de la pandémie, le nombre d'applications sous forme de services avait fortement augmenté, atteignant 323 unités en moyenne en 2021, avant de redescendre à 291 en 2022, puis 269 en 2023, toujours selon Zylo. Le léger rebond de l'an dernier, à 275 unités, marque donc une inflexion de tendances.

Pour autant, ce n'est pas ce frémissement qui explique la croissance rapide des budgets, mais bien l'inflation des prix pratiqués par les éditeurs, selon Zylo, éditeur spécialisé dans le contrôle des portefeuilles applicatifs en SaaS. « Les prix augmentent en raison de la diffusion des fonctionnalités à base d'IA, de la complexité croissante des licences et du ralentissement de la croissance des éditeurs de logiciels en SaaS », écrivent les auteurs du rapport. Autrement dit, maintenant que leurs nombres de clients et d'utilisateurs ne progressent plus aussi vite qu'il y a quelques années, les éditeurs se rattrapent sur le coût de l'abonnement unitaire, Zylo parlant d'une augmentation moyenne des tarifs de 10% sur l'année. Et ça marche si on fie aux anticipations du cabinet Gartner, qui prévoit 19,2% de croissance du marché du SaaS en 2025 (à près de 300 Md$).

L'IA une innovation... pour le licensing

L'arrivée des fonctions d'IA apporte d'ailleurs un nouveau levier aux éditeurs, y compris en introduisant des modèles de licences basées non plus intégralement sur l'abonnement, mais également en partie ou totalement sur l'usage. C'est le cas de 47% des fournisseurs de SaaS implémentant des fonctions d'IA, selon une autre étude signée High Alpha. Pour Zylo, l'introduction de cette nouvelle approche, aux côtés de la logique d'abonnement, rend les budgets SaaS encore plus incertains, deux-tiers des répondants à l'enquête mentionnant des surprises sur leurs factures SaaS en raison de frais calculés à l'usage ou de modèles de pricing associés aux fonctions d'IA. Le tout alors qu'on est seulement au début de ce phénomène, souligne Zylo.

PublicitéNotons aussi qu'une partie de l'inflation des budgets SaaS provient des choix des entreprises utilisatrices elles-mêmes. Celles-ci privilégient désormais nettement les contrats d'un an, les engagements pluri-annuels ne pesant plus que 23% environ du total des contrats analysés par l'éditeur, en recul de plus de 6 points sur un an. Un choix qui se fait évidemment au détriment des prix unitaires, les acheteurs ayant moins de capacité à négocier les tarifs au sein d'engagements aussi courts. En partant du principe qu'un engagement de trois ans se traduit par un discount de 10%, et que les prix unitaires progressent de 10%, le rapport montre que le choix du contrat à l'année se traduit par une facture finale alourdie de 18,4% au bout de trois ans. Autre effet de bord : la croissance du nombre de renouvellement de contrats - donc de négociations - que l'entreprise doit gérer. Selon le rapport, une organisation doit désormais en superviser 247 par an en moyenne, une progression de 24% en un an.

Plus d'une licence sur deux inutilisée

Enfin, l'étude de Zylo confirme le déplacement graduel des décisions d'investissement des DSI vers les lignes métiers. Aujourd'hui, ces dernières sont à l'origine de 70% des dépenses dans le SaaS, soit 7 points de plus qu'en 2022. « Comme les métiers et les employés (via le Shadow IT pesant environ 4% de la dépense, NDLR) achètent des logiciels en SaaS, la DSI ne dispose plus d'une vue d'ensemble des dépenses logicielles de l'organisation », écrivent les auteurs du rapport. Une réelle difficulté dans la rationalisation des portefeuille SaaS et l'encadrement des risques associés. En moyenne, selon Zylo, sur un mois donné, une entreprise n'utilise que 47% des licences qu'elle a achetées, un recul de 4 points en un an. Soit, en moyenne, 21 M$ dépensés en pure perte chaque année, calculent les auteurs. Total qui atteint même 127 M$ à l'année en moyenne dans les entreprises de plus de 10 000 personnes.

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