L'IA générative bouscule les objectifs climatiques de Google
Comme chez Microsoft, le boom de l'IA générative menace sévèrement les objectifs environnementaux de Google. La construction de nouveaux datacenters fait enfler le bilan carbone et la consommation d'eau.
PublicitéAprès Microsoft, au tour de Google de louper ses objectifs climatiques à cause de l'essor de l'IA générative. Il y a trois ans, le géant de la recherche s'était fixé pour ambition d'atteindre la neutralité carbone en 2030. Le rapport qu'il a publié mardi 2 juillet montre qu'il n'en prend pas le chemin. En 2023, les émissions carbone de Google ont progressé de 13% par rapport à 2022, à 14,3 millions de tonnes d'équivalent CO2. Depuis 2019, elles ont bondi de 48%. Cette tendance s'explique d'abord « par la croissance de la consommation d'énergie dans les datacenters et par les émissions de la chaîne d'approvisionnement », selon la firme de Mountain View.
Comme chez Microsoft, les émissions directes (Scope 1) de Google sont en recul, de 13% par rapport au niveau de 2022 pour la firme de Mountain View. Mais elles ne pèsent que 1% du bilan carbone global. Le dérapage provient d'abord du Scope 2, soit les émissions indirectes dues à la consommation d'électricité ou de chauffage, qui pèsent un quart du bilan carbone. « Par rapport à 2022, nos émissions Scope 2, qui proviennent principalement de la consommation d'électricité de nos datacenters, ont augmenté de 37 %, malgré les efforts considérables et les progrès réalisés en matière d'énergie décarbonée », admet Google. Mais, c'est surtout le Scope 3 - soit les émissions de GES (gaz à effet de serre) indirectes échappant au contrôle direct de l'entreprise, englobant les activités amont et aval - qui pèse le plus lourd, représentant 75% du bilan carbone de Google. Et ce périmètre, incluant la production des équipements nécessaires à la construction de datacenters, dérape de 8% sur un an.
« Plus inquiétant que l'IA générale »
Globalement, la croissance des émissions de Google s'apparente à celle de Microsoft. En mai, le premier éditeur mondial annonçait un bilan carbone en expansion de 29% par rapport au niveau de 2020, là encore en raison des moyens qu'il déploie pour accompagner la croissance des usages de la GenAI. « C'est ce qui devrait nous inquiéter et non une potentielle IA générale (capable d'effectuer l'ensemble des tâches cognitives d'un humain, NDLR) », a réagi Sasha Luccioni, sur LinkedIn. Chercheuse spécialisée sur l'impact environnemental de l'IA chez HuggingFace, elle souligne également que les objectifs publiés par les géants du cloud à la fin des années 2010, sont aujourd'hui percutés par une technologie qu'ils ne pouvaient alors pas anticiper. « Il est tout aussi essentiel de faire évoluer l'IA et de l'utiliser pour accélérer l'action en faveur du climat que de s'attaquer à l'impact environnemental qui lui est associé », se justifient Kate Brandt, la Chief sustainability officer de Google, et Benedict Gomes, vice-président formation et soutenabilité de cette même entreprise, en introduction du rapport.
PublicitéConsommation d'eau, l'autre dérapage
Pour accompagner la croissance des usages de l'IA générative - comme son introduction dans les outils de recherche -, les géants du cloud construisent de nouveaux datacenters géants, comme celui que vient d'annoncer Google dans le nord de l'Indiana aux Etats-Unis, représentant un investissement de 2 Md$. Certes, ces infrastructures sont souvent très efficaces dans leur utilisation de l'énergie - Google revendique un PUE de 1,1 pour ses datacenters contre, en moyenne, 1,58 -, mais elles n'en ont pas moins un bilan environnemental significatif, du fait du matériel nécessaire, des travaux de construction, des volumes d'énergie consommée ou encore de l'eau engloutie dans le refroidissement.
En 2023, le volume total d'eau consommée dans les bureaux et surtout les datacenters de Google approche les 23 milliards de litres (soit 23 millions de mètres cube), une croissance de 17% par rapport à 2022, « en ligne avec la progression de la consommation d'électricité », indique la firme américaine. Certes, la part de cette consommation compensée par des projets de traitement de l'eau passe de 6 à 18% en un an, mais ces progrès réels ne couvrent même pas la croissance provoquée par l'explosion des besoins née de la généralisation des usages de l'IA générative. L'objectif que s'est fixé Google en la matière - couvrir à 120% ses besoins en eau par des projets de traitement de l'eau en 2030 - semble, là encore, de plus en plus difficile à tenir.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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