L'Education nationale et la recherche peinent à attirer des informaticiens
Les services publics de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche souffrent d'un déficit de compétences IT pourtant nécessaires à leurs projets de numérisation, relève le Sgen-CFDT le syndicat général de l'Éducation nationale. A l'origine du manque de ressources informatiques dans ces ministères, une stagnation des salaires, des inégalités au niveau des statuts et une dégradation des conditions de travail.
PublicitéForum de l'emploi Tech, présentation des opportunités de carrières IT dans le service public. Malgré les initiatives lancées par le gouvernement pour promouvoir la filière numérique publique, ces emplois souffrent d'un fort déficit d'attractivité. En compétition avec le secteur privé, deux ministères rencontrent des difficultés pour disposer des compétences informatiques nécessaires pour mener à bien leur transformation numérique: l'Education nationale et l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation. Dans une note publiée ce 10 décembre, la Sgen-CFDT, syndicat général de l'Éducation nationale pointe la rareté des compétences technologiques dans ces services. Cette pénurie concerne les informaticiens qui appartiennent à la catégorie des ingénieurs et personnels techniques, de recherche et de formation (ITRF) travaillant essentiellement dans les DSI et Dnum (direction du numérique).
Sont concernées des spécialités variées, comme les administrateurs des SI ou des réseaux jusqu'aux développeurs, en passant par les chefs de projet, les experts des bases de données, ou les gestionnaires de parc informatique. Des professionnels qui sont pourtant au coeur de l'activité et du bon fonctionnement de ces administrations, souligne l'organisation syndicale. Pour elle, dans ces deux administrations, la charge de travail augmente sans que les recrutements nécessaires soient à la hauteur. Les restructurations de services liés à la mise en place des services interacadémiques ou lors de fusions d'universités sont particulièrement impactant. A cela s'ajoutent des salaires peu attrayants, avec un décrochage des rémunérations dès les premières années de la carrière de ces agents. Ainsi, dans la fonction publique, les primes resteraient peu nombreuses malgré le déploiement du Rifseep (régime indemnitaire tenant compte des fonctions, des sujétions, de l'expertise et de l'engagement professionnel).
Une audience déposée auprès du ministère de tutelle
D'après le Sgen-CFDT, un ingénieur d'études avec une IFSE (Indemnité mensuelle de fonctions, de sujétions et d'expertise) de 700€ démarre autour de 30K€ annuel et sa rémunération stagne dans les années suivantes. A titre de comparaison, une étude donnait récemment une fourchette de 38 à 45k€ pour un développeur du privé dans une grande ville hors Paris et Île de France. De plus, depuis 2019, une circulaire donne la possibilité pour les métiers du numérique, de s'écarter des grilles de rémunération de la fonction publique en cas de recours à des agents contractuels. Outre les rémunérations qui ne suivent pas et les inégalités de traitement des salaires, la dégradation des conditions de travail dans les services IT de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur accentue le déficit de compétences informatiques.
Publicité« Jusqu'à très récemment, certains choisissaient malgré tout le service public pour l'intérêt des missions, des horaires plutôt cadrés et des jours de congés plus nombreux », rappelle le syndicat, ajoutant que tout cela s'est dégradé. Pour l'instance, les seuls congés ne compensent plus les charges accrues par une gouvernance trop descendante. Les informaticiens sont les premiers à attendre de la transversalité et une réelle participation à la prise de décision. Afin d'attirer, et de fidéliser des ressources IT dans un contexte de rareté des compétences, le Sgen-CFDT demandera dans les jours qui viennent une audience au ministère de tutelle afin de négocier des mesures propres à restaurer l'attractivité des métiers du numérique, en commençant par mettre en place un référentiel indemnitaire prenant en compte leur spécificité.
Article rédigé par
Véronique Arène, Journaliste
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