L'avantage quantique pourrait se concrétiser plus rapidement qu'attendu
D'ici cinq ans, les ordinateurs quantiques pourraient déjà être supérieurs à l'informatique classique sur certaines tâches. La technologie est souvent abordée via des approches hybrides ou par le biais d'accélérateurs.
PublicitéLes ordinateurs quantiques semblent se développer plus rapidement que prévu. C'est la conclusion d'une étude réalisée par le fabricant américain d'ordinateurs quantiques QuEra Computing. 38% des personnes interrogées pensent que les ordinateurs quantiques dépasseront leurs équivalents traditionnels dans certaines tâches d'ici cinq ans - autrement dit, que l'avantage quantique (ou Quantum Supremacy) sera atteint à cette échéance. Une part équivalente estime que celle-ci se situera plutôt entre 6 et 10 ans. 51% des répondants expliquent que les développements de la technologie sont plus rapides ou bien plus rapides que ce qu'ils prévoyaient, tandis que pour un tiers d'entre eux environ, ils sont conformes à leurs anticipations.
Face à ce qu'ils perçoivent comme une accélération du calendrier, un tiers des personnes interrogées estiment qu'il est probable que leur entreprise soit prise de court par les progrès rapides de la technologie, tout en craignant des goulets d'étranglement similaires à ceux qui existent aujourd'hui avec l'IA. La majorité (65 %) des personnes interrogées redoutent ainsi cette situation de blocage, une fois que la valeur des ordinateurs quantiques aura été prouvée et que la demande pour les ressources correspondantes aura augmenté.
« Certaines entreprises qui se contentaient auparavant d'expérimenter et de former leurs employés se préparent désormais à exploiter l'avantage quantique dès que les premières machines seront commercialisés », indique Yuval Boger, directeur commercial de QuEra. Selon lui, le premier ordinateur capable de délivrer un avantage quantique pourrait être mis sur le marché dès 2026.
Architectures hybrides et accélérateurs quantiques
Un optimisme qui ne peut toutefois pas masquer le fait que le domaine doit encore faire face à de nombreux défis. Ainsi, la scalabilité des systèmes quantiques (33 %), la correction et la tolérance aux erreurs (31 %) et les performances du matériel (20 %) sont les principaux défis techniques à surmonter, selon les personnes interrogées. Ces dernières se montrent plus optimistes quant au développement d'algorithmes quantiques (vu comme une difficulté par seulement 9%) ou par la mise en réseau des machines (4%).
L'étude permet aussi d'apporter un éclairage sur la manière dont les sociétés utilisatrices de technologies abordent l'arrivée des premières machines quantiques. D'abord, c'est parmi ces répondants que la part de ceux estimant en retirer déjà une valeur est la plus faible. Ils ne sont qu'un peu plus d'un tiers dans ce cas, contre 57% dans le monde académique. Vue surtout par les entreprises utilisatrices comme un levier pour explorer des possibilités jusqu'alors inaccessibles et préparer des applications totalement nouvelles, l'informatique quantique est avant tout envisagée comme un complément du calcul traditionnel, soit via des architectures hybrides, soit via des accélérateurs quantiques. Les premières entreprises utilisatrices sont ainsi cinq fois plus nombreuses à adopter une de ces deux approches qu'à miser sur des infrastructures 100% quantiques ou à dominante quantique.
PublicitéUne attente de souveraineté technologique
Notons aussi que les personnes interrogées - y compris les répondants en entreprises utilisatrices - considèrent la technologie comme stratégique. 28% des sondés estiment qu'il est important que l'ordinateur quantique qu'ils utiliseront soit développé dans leur pays et 46% supplémentaires qu'il provienne à minima d'un partenaire économique. Cette attente de souveraineté est particulièrement marquée en France et aux Etats-Unis, où, dans les deux cas, 34% des répondants souhaitent une machine quantique développée sur place. 24 % des Allemands et seulement 14 % des Britanniques partagent cet avis.
Dans la course à la construction d'une industrie de l'informatique quantique, les Etats-Unis se voient en pole position. 82 % des Américains estiment que la première économie mondiale est très bien placée pour jouer un rôle important dans cette industrie naissante. Le niveau de confiance est également élevé dans l'Hexagone, 67% des sondés voyant la France très bien positionnée dans cette course, contre 57% au Royaume-Uni et 45% en Allemagne.
Article rédigé par
Jürgen Hill (Computerwoche) et Reynald Fléchaux
Commentaire
INFORMATION
Vous devez être connecté à votre compte CIO pour poster un commentaire.
Cliquez ici pour vous connecter
Pas encore inscrit ? s'inscrire