L'addiction au smartphone poussée par les usages croissants

Le cabinet Deloitte a publié l'édition 2015 de son étude Global Mobile Consumer Survey qui montre l'évolution des usages mobiles. Ceux-ci se développent, bien sûr, mais certaines tendances sont étonnantes.
Publicité« Le mobile -en fait le smartphone- est à portée de main en permanence, comme un couteau suisse multi-usage, servant même de réveil » a expliqué Thierry Happe, co-fondateur de l'observatoire des usages du numérique NetExplo. Il s'exprimait lors de la présentation de l' édition 2015 de l'étude Global Mobile Consumer Survey du cabinet Deloitte, le 19 novembre 2015.
En France, 70% des abonnés au mobile sont équipés de smartphones. Ils l'utilisent en tout plus de 900 millions de fois chaque jour. Les usages se multiplient, et pas seulement en Occident développé. Thierry Happe a ainsi cité de nombreux exemples d'innovations reposant sur le mobile. Le constructeur automobile Volvo propose ainsi la possibilité d'autoriser un livreur doté de l'application adéquate à ouvrir le coffre de sa voiture connectée, dans un parking, pour y déposer des courses.
De la mobilité à l'IoT en passant par le m-banking
Des extensions matérielles permettent des fonctionnalités telles que l'alcootest avec, en cas d'alcoolémie trop élevée, un lien direct pour réserver un taxi. Schneider propose aussi le pilotage à distance de son électricité domestique via une application mobile. Et le plus étonnant n'est pas le plus récent. M-Pesa, au Kenya, est une application bancaire mobile créée par une filiale de l'opérateur Vodaphone. M-Pesa génère aujourd'hui un plus grand nombre de transactions au seul Kenya que Western Union dans le monde entier.
Cependant, les objets mobiles connectés restent pour l'instant très marginaux. Les seuls qui commencent à atteindre des niveaux de volume significatifs (tout en demeurant rares) sont les traqueurs (par exemple pour suivre son nombre de pas dans une journée, 6% d'usagers) ou les montres (2% d'usagers). Deloitte assimile à cette catégorie les consoles de jeux (18% d'usagers), les téléviseurs intelligents (14%) et les hauts-parleurs sans fil (8%). Le pilotage à distance de l'éclairage ou du chauffage ne concerne encore qu'à peine 1% des utilisateurs de mobiles. Si la voiture connectée fait un peu fantasmer, c'est pour son GPS dans la majorité des cas (33% ne voient pas d'usage au véhicule connecté, 30% l'assistance à l'itinéraire)... Le deuxième usage est l'aide à la maintenance du véhicule (13%).
Le smartphone reste donc le terminal de référence des usages mobiles. Et ce smartphone est, pour les commerçants, le pivot de l'omnicanalité. C'est lui que les clients vont utiliser systématiquement, quelques soient les autres canaux utilisés au cours d'un parcours d'achat.
Dans les pays développés où la population est largement bancarisée, le m-paiement reste par contre marginal. 8% seulement des détenteurs d'un téléphone mobile ont ainsi déjà réalisé un paiement mobile en magasin physique. Les risques de sécurité et le faible développement du parcours client par cette voie étant les deux principaux motifs de ce non-décollage. La banque reste, de plus, l'acteur de référence pour les paiements en Occident alors que les pays en développement n'hésitent pas à utiliser les services d'un opérateur non-bancaire tel que m-Pesa. Par contre, le mobile2store se développe.
PublicitéIncontournable smartphone
Le smartphone est tellement devenu le coeur de la vie quotidienne que son premier usage débute peu de temps après le réveil et son dernier peu avant le coucher. Les deux-tiers des répondants de l'étude Deloitte utilisent ainsi leur smartphone dans l'heure qui suit leur réveil (5% immédiatement au réveil). Il existe cependant une nette différence entre les générations : les jeunes sont nettement plus dépendants que les seniors. Le premier usage, dans les extrêmes de la journée, reste malgré tout les messageries (SMS, e-mail, réseaux sociaux...).
De même, le portable est souvent utilisé en mode multi-tâches : en mangeant, en marchant, en regardant la télévision... Certains (environ 15%) avouent même des usages réguliers en conduisant (135 euros d'amende, perte de trois points sur le permis) ! Certes, là encore, il existe de grandes différences entre les âges, mais le smartphone s'impose comme le « deuxième écran ». De plus, le smartphone remplace progressivement l'appareil photo.
Un objet qui a une deuxième vie
Les smartphones sont renouvelés régulièrement. 20 millions de smartphones auront ainsi été vendus en France en 2015 contre 18,2 millions en 2014 (23,8 millions de téléphones mobiles vendus en tout). En 2013, le nombre total de téléphones mobiles vendus était proche (23,6 millions) mais la proportion de smartphones était plus faible (15,8 millions) : la progression des smartphones se poursuit donc d'année en année mais sans que le volume global des téléphones mobiles augmente. Les téléphones mobiles ordinaires sont donc en extinction.
L'achat d'un mobile se fait encore beaucoup avec un appareil neuf mais le marché de l'occasion commence à être significatif avec près de 10% d'adeptes en France. La mise au rebut de l'ancien appareil est rare (14%). La revente ou la reprise par le vendeur du nouvel appareil est une voie plus importante mais la conservation « au cas où » reste la solution privilégiée (41%), la cession à un proche un deuxième choix (22%). Il existe de ce point de vue une forte disparité entre les utilisateurs d'iPhones et les autres : le taux de revente y est double, surtout par reprise auprès du vendeur de l'appareil neuf.
Fidèle, je suis toujours fidèle
Le smartphone est toujours largement acquis auprès de l'opérateur, même si la vente liée avec l'abonnement est en chute. La vente liée est ainsi passée de 81% en 2013 à 75% en 2014 et 48% en 2015. Le contrat d'abonnement SIM only prend la place, passant de 8% en 2013 à 14% en 2014 et 39% en 2015. Il existe cependant des différences très nettes entre opérateurs : la vente liée ne concerne ainsi que 35% des clients de Free mais 56% chez SFR, 62% chez Orange et 65% chez Bouygues Télécom.
La qualité du réseau de l'opérateur est considéré dans la plupart des cas comme un acquis et n'est donc plus vraiment un critère de choix dominant (16% des répondants la cite), dépassé même par l'offre globalisée quadruple play (17%). Le prix de l'abonnement, logiquement, devient le critère dominant (34% des répondants).
Mais, de toutes façons, le changement d'opérateur reste rare. Les abonnés sont globalement fidèles, 30% n'ayant jamais changé d'opérateur, chiffre qui a cessé de baisser significativement d'une année sur l'autre.
Enfin, l'accès Internet se fait de manière préférentielle par le Wi-Fi lorsqu'il est disponible mais l'accès avec le réseau mobile est largement utilisé. Les abonnés 4G ne sont que 5% à renoncer à une connexion s'il n'y a pas de Wi-Fi contre 20% pour les abonnés 3G.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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