L'achat informatique reste un sujet complexe en constante évolution

André-Gilles Vittek est président du CRAI (Club des Responsables Achats Informatiques).

Président du CRAI (Club des Responsables Achats Informatiques), André-Gilles Vittek détaille ici les grandes problématiques des acheteurs en matière d'informatique. Si l'audit de licences est l'une des questions majeures du moment, il n'est pas géré comme un risque puisque c'est une certitude. Le CRAI travaille parfois avec d'autres associations telles que le Cigref, le CRIP, l'IMA... pour aborder l'ensemble d'une problématique.

PublicitéCIO : Pouvez-vous nous présenter le CRAI (Club des Responsables Achats Informatiques) ?

André-Gilles Vittek : C'est une association d'entreprises représentées par des acheteurs ou des juristes dans nos groupes de travail. La cotisation annuelle est de 1500 euros et chaque entreprise peut envoyer autant de représentants qu'elle souhaite. Si, parfois, certaines ont jusqu'à dix représentants, la moyenne est plutôt autour de deux à trois. Les acheteurs et les juristes qui viennent à nos réunions ne sont pas nécessairement spécialisés sur l'informatique.
Actuellement, nous connaissons une bonne croissance. Nous sommes une cinquantaine d'entreprises importantes. Il faut en effet disposer d'achats informatiques importants avec des problèmes complexes à traiter. Nos membres sont, par exemple, PSA Peugeot Citroën, la SNCF, EDF, des banques... Nos adhérents ont en général un budget d'achats informatiques de plus de 50 millions d'euros. Ceux qui sont en dessous ont des problématiques très pointues avec des architectures compliquées qui justifient un travail sur les achats proche des plus grands comptes.

CIO : Quelles sont vos activités ?

André-Gilles Vittek : Comme toutes les associations professionnelles, c'est un peu une auberge espagnole : nous arrivons chacun avec des problèmes et nous essayons de trouver ensemble des solutions. Le bureau du CRAI lance des pistes de réflexion et, ensuite, des groupes de travail se réunissent et partagent des expériences et des réflexions. En général, les travaux débouchent sur des publications. Par exemple, nous avons récemment publié un livre blanc sur les audits logiciels (très gros succès !), un sur l'innovation, un autre avec le Cigref sur la topologie des services achats (avec forces et faiblesses de chaque organisation), etc.
La plupart des sujets sont étudiés durant quelques mois. Dans les thèmes récents, notons par exemple l'achat de services associés à des logiciels libres. D'autres sujets sont plus récurrents, comme par exemple le SAM (Software Asset Management, gestion des actifs logiciels), objet d'un groupe de travail depuis trois ans.
Avant de lancer un groupe de travail, il arrive que nous montions un atelier one shot. Parfois, aussi, nous organisons des conférences autour d'une intervention d'un extérieur. Parmi les thèmes de tels événements, nous avons eu la gestion des données personnelles, le Patriot Act, la réglementation européenne avec le cabinet Baker & McKenzie... La conférence vise à donner une information synthétique d'actualité en une à deux heures.
Les réunions physiques sont privilégiées mais, parfois, certains participent à distance en audio. Quelques fois, certaines réunions débutent avec un intervenant extérieur pour lancer la réflexion et le débat (par exemple un avocat ou un juriste). Privilégier les réunions physiques sert notamment à faciliter le réseautage et, partant, les petits coups de mains entre confrères qui se sont rencontrés sur le mode « j'ai tel problème, Untel l'a sans doute déjà rencontré et pourrait m'aider ».

PublicitéCIO : L'achat est un sujet qui intéresse beaucoup d'associations professionnelles dans notre secteur. Quelle est votre valeur propre ?

André-Gilles Vittek : Le CRAI a une grande volonté de pragmatisme. Par exemple, sur l'audit de licences, le Cigref a réalisé un document en dix points. Le CRAI a réalisé un livre blanc avec les différentes étapes, très détaillées : tout ce qui sepasse avant, durant et après. Et cela comprend des étapes simples comme la réaction précises à avoir face à un courrier annonçant un audit de licences.
Sur certains sujets, nous collaborons avec d'autres associations, sur tout ou partie du parcours de réflexion, comme le Cigref, le CRIP (Club des Responsables d'infrastructure et de Production) ou l'IMA (Innovation Makers Innovation). Quand nous travaillons avec le CRIP, c'est que nous avons besoin d'un éclairage technique tandis que nos collègues ont, eux, besoin d'un éclairage juridique ou achat. Quand nous avons échangé, chacun repart de son côté pour achever sa réflexion avec sa propre approche.

CIO : Quels sont les grands sujets du moment pour les acheteurs informatiques ?

André-Gilles Vittek : Un certain nombre... Nous pouvons citer l'achat d'innovations auprès de start-up. Le SaaS transforme le circuit de l'achat informatique et le rôle des métiers dans beaucoup d'entreprises. La gestion du risque achat est également l'une de nos préoccupations car la conformité contractuelle à 100 % existe autant que le 0 défaut.
Bien entendu, l'audit de licence -qui n'est pas un risque mais une certitude, un fait régulier et courant- et le SAM sont des sujets récurrents. La gestion des achats de matériels revient dans nos thèmes du moment tout comme l'achat de prestations intellectuelles (off-shore, near-shore, centres de services, centres de ressources... et comment passer de l'un à l'autre). Enfin, on peut citer quelques sujets émergents : la gestion des fournisseurs stratégiques, l'achat par le groupe pour le compte des filiales...