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L'AccorHotels Arena permet à 20 000 spectateurs de se connecter partout simultanément

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°121 !

Le bon outil au bon endroit

Le bon DSI, comme le bon ouvrier, a le bon outil. Ou plutôt les bons outils. Bien choisir une architecture et les bonnes solutions pour délivrer le bon service au meilleur coût : c'est là le coeur du métier. Ce bon outil peut être purement métier, d'infrastructure commune à tous les métiers ou...

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Au cours de la rénovation du Palais omnisports de Paris-Bercy (POPB) transformé en AccorHotels Arena, le DSI Guillaume Lairloup a déployé une infrastructure Wi-Fi avec Ruckus Wireless (aujourd'hui en cours de rachat par Brocade) et un coeur de réseau Avaya. La disponibilité et la fiabilité du réseau sont au coeur de la transformation numérique de l'endroit pour en faire un lieu de services au delà d'une simple arène sportive et salle de spectacle. Malgré les structures porteuses en béton armé.

Publicité« Chaque aréna est différente selon son utilisation, l'existence ou non de clubs sportifs résidents, la nature et la fréquence des événements (concerts, rencontres sportives...), etc. » raconte Guillaume Lairloup, DSI de l'AccorHotels Arena (ex-POPB, Palais omnisports de Paris-Bercy) depuis septembre 2012. Mais un point commun est aujourd'hui incontournable : les spectateurs doivent pouvoir être connectés durant leur présence, utiliser leurs smartphones et interagir sur les réseaux sociaux. Dans un bâtiment en béton armé (donc avec armatures métalliques) avec au maximum 25 mètres sous plafond et jusqu'à 20 000 spectateurs présents, ce n'est pas un petit défi. A cela s'ajoutent des besoins professionnels, notamment pour les médias couvrant les événements ou la production des spectacles, ainsi que les besoins propres au lieu (billetterie, écrans d'affichage, réseau informatique des bureaux, etc.). Guillaume Lairloup relève : « notre lieu est l'un des plus grands studios de télévision de France. »
Or, à la création du POPB en 1984, rien de tout cela n'était prévu. Les retransmissions télévisuelles utilisaient des cars-régies et des transmissions satellites. Les journalistes se contentaient au mieux de partager quelques lignes de téléphone. Le chantier de rénovation a donc amené de manière connexe une recréation des réseaux informatiques, pour ne pas dire une création tant les enjeux n'avaient plus rien de commun.

Un chantier colossal

En 2013, l'appel d'offres principal aboutit au choix de Bouygues Construction comme entreprise générale de bâtiment pour le chantier de rénovation. Le contrat inclut la pose du câblage. En tant qu'entreprise générale, Bouygues pilote tous ses sous-traitants des différents corps de métier. A l'inverse, les marchés dits « connexes » sont pilotés directement par la SAE POPB, concessionnaire du lieu. Parmi ces marchés connexes, il y a les futurs services comme la restauration concédée. Et l'équipement réseau (hors câblage, donc).
En mars 2014, le chantier démarre avec une fermeture du POPB. D'Octobre à Décembre 2014, une réouverture partielle est opérée pour le BNP Paribas Masters (anciennement Open de Paris-Bercy). Enfin, la réouverture complète a lieu en Octobre 2015. L'encadré détaille le chantier. Certains projets ont attendu cette réouverture pour être lancés. Ainsi, la création d'une application mobile très riche propre au lieu ou une nouvelle billetterie sont toujours en cours, au mieux en phase d'appel d'offres. La nouvelle billetterie (qui devrait permettre le contrôle sur terminal mobile via le réseau Wi-Fi) est ainsi prévue pour la rentrée 2016.

Plus de 20 000 personnes à couvrir

Les nouveaux services numériques envisagés comme la connexion aux réseaux sociaux par les spectateurs supposent donc un réseau Wi-Fi parfaitement fiable pour l'ensemble du public. Cette connexion doit bien sûr être assurée dans les différentes salles (La Grande Salle, La Patinoire, Le Studio -ex salle Marcel Cerdan-) mais aussi dans La Galerie, notamment aux abords des espaces de restauration et dans les Halls (également pour le contrôle de billetterie).
Plusieurs câblages étaient prévus d'entrée de jeu dans le chantier : le câblage vidéo/son pour toute la technique associée aux spectacles et autres événements mais aussi le câblage réseau et le réseau électrique. Parmi les difficultés de la création d'un réseau Wi-Fi, il y a avait donc la prise en compte d'un réseau physique pré-conçu, même si des modifications marginales étaient possibles à la demande du DSI. Ce réseau physique sert aussi à alimenter en images 400 écrans gérés en IP-TV par groupes à partir de setup-boxes pour diffuser des programmes dans toute l'aréna. Le réseau informatique dessert également des bornes DECT pour la téléphonie. 150 bornes DECT Alcatel ont ainsi été déployées.
La téléphonie a été séparée du Wi-Fi essentiellement pour des raisons de sécurité et de fiabilité, la norme DECT ne nécessitant pas non plus un aussi grand nombre de bornes que le Wi-Fi. La gestion technique du bâtiment (y compris le pilotage des portes) et la vidéosurveillance Indoor/Outdoor utilisent par contre des réseaux totalement séparés, autant pour des raisons de sécurité que pour cause d'une responsabilité opérationnelle distincte.

PublicitéUn réseau à très forte résilience

Le réseau a une obligation de très forte résilience. Il n'est pas envisageable qu'une panne de réseau survienne en plein tournoi international de tennis en empêchant la remontée des scores à la fédération ou la communication des reporters sur place avec leurs médias respectifs. Pour cela, deux accès différents ont été mis en place, chacun à une extrémité du bâtiment. Chacun de ces accès mis en place par Zayo propose 36 fibres optiques pour un débit garanti redondé de 1 Gbit/s pouvant être monté jusqu'à 10 Gbit/s. Les deux accès sont liés à deux coeurs de réseau Avaya reliés par deux fois 24 fibres optiques passant de part et d'autre du bâtiment. Cette infrastructure permet, le cas échéant, la mise en place d'un LAN2LAN. Guillaume Lairloup mentionne ainsi : « lors de la dernière compétition de tennis, en plein chantier, nous nous sommes reliés directement au datacenter de la Fédération Française de Tennis, à Roland Garros. »
 
Le câblage en fibres optiques dessert ensuite 25 locaux techniques reliés chacun aux deux coeurs de réseau. La totalité des équipements actifs ont également été fournis par Avaya et les VLAN sont gérés avec une solution du même fournisseur. La sécurité est gérée avec une solution de firewall Fortinet, le tout étant supervisé sous Nagios.
Le plus complexe a cependant été le déploiement des 240 bornes Wi-Fi 2,4-5 GHz fournies par Ruckus Wireless (désormais en cours de rachat par Brocade) réalisé par les services du constructeur. Dans les bureaux et la salle de presse, ce sont des bornes omnidirectionnelles qui ont été déployées ainsi que des bornes extérieures pour la billetterie. Mais, dans les espaces publics, pour la desserte des spectateurs, ce sont des bornes à angle de 15° de cône qui ont été installées. Chaque borne dessert ainsi une zone bien précise sans superpositions gênantes.
Depuis la réouverture de l'arena, le record de connexions a été détenu par 15 000 fans de Five Seconds of Summer. Le plus grand nombre de connexions simultanées a cependant été atteint lors du concert de Muse : 4200. « Les fans de Johnny Hallyday sont moins connectés » sourit Guillaume Lairloup. La garantie de bande passante est de 700 kbit/s montant et descendant pour 10 000 spectateurs simultanés. Le DSI observe : « pour l'heure, les producteurs ne nous demandent pas de filtrer des services comme Periscope... » L'élasticité du réseau est donc une nécessité.

Un test grandeur nature en hors-site

Dès le cahier des charges de l'appel d'offres réseau, il a été prévu de faire un test grandeur réelle hors site tandis que le chantier de gros oeuvre se poursuivait. Une salle dédiée a été installée à La Villette et chaque prestataire a pu vérifier que son intégration était opérationnelle. Puis tout a été démonté et remonté à l'AccorHotels Arena. « Le principe était d'appliquer le modèle logistique des grands spectacles, comme celui du concert de U2 où 91 tonnes de matériel sont montées en deux jours avant d'être démontées et remontées ailleurs » explique Guillaume Lairloup.
 
Cette exigence visait bien sûr à limiter les risques alors que le chantier de bâtiment était en retard. Guillaume Lairloup soupire : « la recette officielle du déploiement du câblage n'est d'ailleurs toujours pas faite... » Seul le design précis des emplacements de bornes Wi-Fi n'a pas pu être réalisé hors site. Ruckus Wireless Professional Services a donc réalisé sa pré-étude sur les plans Autocad du bâtiment. Cette pré-étude a ensuite été complétée sur site à l'aide d'appareils de mesure pour valider le déploiement prévu ou le corriger le cas échéant. Certaines bornes sont ainsi accrochées à 25 mètres de hauteur...

Vers le SDN et au-delà

Pour l'heure, le réseau est paramétré manuellement avec les outils Avaya. Mais Guillaume Lairloup précise : « notre objectif est de mettre en oeuvre un véritable SDN pour pouvoir adapter notre réseau à nos besoins précis à la volée. » Des mesures particulières pourraient ainsi être mises en place plus facilement, par exemple pour filtrer sur le VLAN public les sites de paris sportifs durant les événements. Certains paris sont en effet ouverts durant l'événement sur lequel ils portent et les spectateurs sur place disposent de fait d'une information immédiate constituant un avantage injuste.
Au delà, l'ambition de Guillaume Lairloup est de rapidement exploiter les logs de connexion réseau en mode Big Data. « L'objectif pourrait être, par exemple, de pousser des services de restauration si on voit que personne ne se connecte à leur proximité » relève Guillaume Lairloup. Le prochain grand chantier sera donc bien d'exploiter cette infrastructure aujourd'hui opérationnelle pour déployer de nombreux services numériques, notamment une application pour les spectateurs.

Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO

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