Jean-Christophe Combey, AG2R La Mondiale : « Notre schéma directeur SI est co-construit avec les métiers »


Assurances : mettre le SI au service des métiers et des clients
Au même titre que les banques, les assurances et les organismes sociaux possèdent un lourd héritage de type Legacy. Et, de la même façon, la révolution numérique s'impose autant pour la relation client que pour le bon fonctionnement interne. Mais les particularités du métier se révèlent rapidement....
DécouvrirJean-Christophe Combey, membre du Comité exécutif en charge des systèmes d'information chez AG2R La Mondiale, est engagé dans un profond renouvellement de ses relations avec les métiers et prend en compte la transformation digitale. Le tout sur fond de rapprochements successifs pour constituer le groupe.
PublicitéCIO : Quelle est la place de la DSI dans votre groupe AG2R La Mondiale ?
Jean-Christophe Combey : Le Groupe est le fruit de rapprochements successifs notamment entre AG2R et Prémalliance, puis avec La Mondiale, et enfin avec Réunica et Viasanté. Il est aujourd'hui le premier groupe de protection sociale et patrimoniale en France.
L'histoire du Groupe se traduit directement dans la DSI comme dans le SI d'AG2R La Mondiale. Les deux se sont constitués en agrégeant soit les organisations, soit les SI de chacune des composantes.
Nous devons donc tout à la fois faire évoluer régulièrement l'organisation de la DSI mais aussi faire converger les différents SI en simplifiant les architectures.
C'est un travail permanent, car de nouvelles opérations arrivent régulièrement, comme la création d'une société commune créée avec CNP, Arial CNP Assurances, qui se traduira par une opération de migration et une adaptation du SI de gestion des activités de la retraite supplémentaire.
Au-delà de ces actions, la DSI doit prendre en compte les nouvelles technologies et la transformation digitale du groupe.
CIO : Pouvez-vous donner une idée de vos chantiers en cours ?
Jean-Christophe Combey : En 2015, nous avons commencé la convergence des outils et des process de la DSI (le SI de la DSI). Nous allons passer de 240 outils différents à une centaine, donc diviser leur nombre par deux à fin 2018.
Même processus pour les directions métiers, où existent beaucoup d'outils différents par ligne de métier. À titre d'exemple, nous avons engagé de grands travaux de simplification en santé prévoyance : nous avions 8 systèmes, nous allons passer à 2 à horizon 2019.
Nous démarrons également un projet de transformation de la distribution qui nous permettra de refondre l'ensemble de nos logiciels de relation client.
Enfin de nombreux projets visent à accélérer la transformation numérique du groupe et l'approche omni-canal pour répondre aux nouveaux usages des clients.
CIO : Comment, à la DSI, répondez-vous aux demandes des métiers ?
Jean-Christophe Combey : Initié en 2016, le schéma directeur informatique est co-construit avec les métiers. Il renforce la relation de partenariat et de confiance entre la DSI et les métiers.
Le schéma directeur est découpé en chantiers pour adresser les grands domaines de l'entreprise. Nous avons des chantiers fonctionnels en lien direct avec les lignes métiers (retraite complémentaire, supplémentaire, santé, prévoyance et épargne) et des chantiers transverses comme le commerce, la connaissance client ou la gestion des actifs. Viennent ensuite des chantiers en lien avec le système d'information et l'organisation des activités de la DSI. Tous prennent en compte les trois défis majeurs de la DSI que sont la simplification (réduction du nombre d'applications utilisées), la nécessaire modularité du SI (rapprochement, partenariats) et le digital (exploitation des données, ouverture et nouveaux usages).
Ce travail permet, dans un second temps, de co-construire avec les métiers une feuille de route pluriannuelle et d'aligner le portefeuille des projets informatiques sur cette trajectoire, le tout dans le respect du cadre budgétaire fixé en vue de diminuer les coûts informatiques.
PublicitéCIO : Comment se traduit la digitalisation chez vous ?
Jean-Christophe Combey : Un programme de transformation digitale de l'entreprise se met en place. Une direction du digitale portée par Emmanuelle Saudeau, membre du comité exécutif, a été créée dans le Groupe et va interagir avec l'informatique.
Beaucoup de projets sont déjà engagées, qu'il faut concilier avec tous les projets traditionnels de l'informatique.
En parallèle la DSI et la direction digitale se renforcent avec le recrutement de nouvelles compétences et le déploiement des nouvelles technologies et méthodes informatiques. Des évolutions de l'organisation sont en cours pour créer au sein de la DSI une Digital et Data Factory by IT, qui sera le moteur de la transformation digitale de la DSI.
CIO : Quelle place prennent les nouvelles technologies ?
Jean-Christophe Combey : Avec Viasanté, la mutuelle d'AG2R La Mondiale, nous collaborons avec l'Iot Valley, en lien avec la direction de l'innovation, dans la direction digitale. Beaucoup de solutions sont abordées par des POCs, nous sommes sollicités à la DSI pour apporter plus d'agilité et plus de souplesse. Nous venons par exemple de faire un POC sur la blockchain et nous avons réalisé un projet pour la gestion de la fraude avec Shift technology, qui est en cours de déploiement.
Dédié à la maîtrise et au partage de la donnée, le projet SODA participe à la transformation de l'entreprise. En centralisant l'accès aux données, le Socle Data centré qui repose sur la solution Hadoop facilite leur exploitation en masse dans de nombreux usages métiers. En particulier, une plateforme spécifique a été montée, « le Lab », qui permet d'expérimenter autour de la donnée et des outils. Il offre par exemple la possibilité de créer et de faire évoluer des scores et des segmentations client. Parmi les usages opérationnels, la vision 360° client est l'une des fonctionnalités les plus typiques.
CIO : Avez-vous modernisé les relations avec vos utilisateurs ?
Jean-Christophe Combey : Nous avons fait converger tous nos outils de gestion de la relation client (interne à la DSI), issus des différentes entités, avec le progiciel de ServiceNow. En parallèle, nous finalisons un appel d'offres pour le help desk et le support de proximité.
En termes de mobilité, l'idée est de personnaliser l'environnement de travail des commerciaux, et plus généralement de créer des environnements spécifiques à chaque métier.
Nous sommes aussi très avancés sur la digitalisation de bout en bout du processus commercial en intégrant la signature électronique des documents contractuels.
CIO : Quelle est votre stratégie dans le cloud ?
Jean-Christophe Combey : Nos orientations sont d'aller vers le cloud dès que c'est possible et que nos contraintes de sécurité sont respectées. À titre d'exemple Office 365 est déployé dans le cloud auprès de nos 11 000 collaborateurs Pour la refonte de notre système de relation client, nous allons très probablement retenir des solutions dans le cloud.
Dans les deux prochaines années, nous allons également mener la convergence de nos trois datacenters historiques, situés à : Chartres, Esvres-sur-Indre près de Tours et Mons-en-Baroeul dans le Nord (le site historique de La Mondiale). Ils vont converger dans un seul datacenter externalisé chez Equinix en 2018, ce qui facilitera aussi le passage vers le cloud d'autres applications.
CIO : Comment est structurée la sécurité informatique ?
Jean-Christophe Combey : Chez nous, le RSSI est indépendant de la DSI, il est au sein de la direction des risques. Cela nous permet de bien clarifier la répartition des rôles et de séparer les tâches qui relèvent de la responsabilité respective de la direction sécurité de la DSI et du RSSI. Ce dernier définit notamment la politique générale de sécurité SI et contrôle sa bonne application par la DSI.
CIO : Et votre budget, comment évolue-t-il ?
Jean-Christophe Combey : Nous avons la volonté de baisser notre budget, non pour faire moins, mais en prenant en compte la baisse des coûts résultant de la simplification mise en place par ailleurs. Ainsi nous devrons pouvoir maintenir un effort important sur les projets. Notre ambition est de baisser les budgets de 10% sur les 3 prochaines années en faisant plus que compenser les nouvelles maintenances issues des projets. Notre volonté est donc bien de faire plus avec moins.
Article rédigé par

Didier Barathon, Journaliste
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