Stratégie

Internal Startup Call : le groupe Société Générale trouve l'auto-réinvention

Internal Startup Call : le groupe Société Générale trouve l'auto-réinvention
Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale, a insisté sur l’importance du programme Internal Startup Call.
Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°169 !
Quand le numérique transforme l'entreprise pour de bon

Quand le numérique transforme l'entreprise pour de bon

La transformation numérique est un terme tout à fait galvaudé. "Galvauder" a un sens précis : déprécier, gâcher, gaspiller un talent ou une action pour des fins médiocres. Car, aujourd'hui, tout le monde prétend mener une transformation numérique. Il en résulte une défiance, ou un haussement...

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Sur 600 idées émanant des 145 000 collaborateurs du groupe Société Générale, 70 ont abouti à une start-up interne.

PublicitéEn amont de la présence du groupe bancaire sur le salon Vivatech (16-18 mai 2019, Paris Expo Porte de Versailles, halls 1 et 2.2), Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale, a dressé le 14 mai 2019 un bilan du programme « Internal Startup Call », le programme mondial d'intrapreneuriat destiné aux 145 000 collaborateurs du groupe. « Ce programme est exceptionnel, c'est le plus grand programme d'intrapreneuriat du S&P 500 » s'est réjoui Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale. Le développement de l'intrapreneuriat et la digitalisation s'appuient certes des révolutions technologiques mais constituent surtout une révolution culturelle.

Il a insisté sur les grandes ambitions de ce programme : « il ne suffit pas de transformer l'existant mais bien, aussi, de créer du nouveau. » La première « start-up » de La Société Générale a été Boursorama, en 2014, avec le rachat de toutes les parts des actionnaires minoritaires et la création d'un nouveau service disruptif, partiellement concurrent de l'existant. De la même façon, le spécialiste de la gestion de flottes d'entreprises ALD évolue vers un service destiné aussi aux particuliers. Avant même le lancement de l'« Internal Startup Call », le groupe bancaire avait amorcé Moonshot, une start-up intrapeneuriale d'assurance contextuelle pour les sites e-commerce.

Innover pour la transformation numérique globale

Pour Frédéric Oudéa, « la capacité à se saisir des opportunités technologiques pour mieux servir le client est l'enjeu numéro 1 pour continuer à se développer et même simplement survivre. » Mais la numérisation ne peut pas être uniforme selon les types de services. Ainsi, il sera beaucoup plus pertinent et simple d'automatiser une gestion de compte courant de particulier que la mise au point d'un financement long terme d'un grand groupe industriel. Deuxième limite qui est mieux traitée en Europe qu'ailleurs : l'équilibre entre l'innovation et la responsabilité, notamment en termes de gestion des données personnelles.


De gauche à droite : Frédéric Oudéa, directeur général du groupe Société Générale, et Claire Calmejane, Group Chief Innovation Officer du groupe Société Générale.

Le programme « Internal Startup Call » a été lancé à l'été 2017 par le Comité de Direction avec un démarrage effectif en Octobre 2017. A partir de Février 2018, les porteurs d'idées ont « pitché » devant le Comité de Direction. Une accélération de six mois a démarré pour le premier lot de start-ups internes en Mai 2018, un total de quatre lots ayant été défini. Enfin, le dernier lot de start-ups a achevé son accélération de six mois en avril 2019.

PublicitéSur les 145 000 collaborateurs concernés dans le groupe, 15 000 se sont connectés à la plate-forme d'idéation. 600 idées ont été soumises, débouchant sur 144 pitchs. 70 start-ups ont alors fait l'objet d'un soutien par un membre du comité de direction. 60 ont en fait été effectivement accélérées dans 9 pays, dix ayant été éliminés après un premier travail sur la solidité du modèle. Cette accélération s'est appuyée sur un réseau de 20 accélérateurs partenaires (comme Schoolab à Paris). 240 intrapreneurs se sont ainsi lancés en étant affectés à temps plein sur leur start-up interne (dont plus d'un tiers de femmes et certains seniors en fin de carrière), soutenus par 55 membres du comité de direction formés au préalable à cet accompagnement. Frédéric Oudéa a rappelé : « la règle était claire pour tous dès le départ et les intrapreneurs étaient sortis de leurs fonctions métier habituelles pour la durée prévue d'accélération. » En cas d'arrêt de la start-up, l'intrapreneur retrouve, par contre, de plein droit, son ancienne direction, à un poste au moins au niveau de son ancien poste.

Un droit à l'arrêt mais jamais un échec

« L'arrêt n'est pas un échec » a insisté Frédéric Oudéa. Sur les 60 start-ups accélérées, 24 ont été arrêtées, entraînant donc le retour des intrapreneurs dans leur direction d'origine mais avec de nouvelles compétences, la direction du groupe attendant que les métiers sachent exploiter celles-ci. Au terme d'un développement agile en dehors des lourdes procédures habituelles d'une durée fixée à six mois maximum, 22 start-ups ont été intégrées dans les directions métiers pertinentes. 14 ont été soutenues par une direction métier sans pour autant être réintégrées. Enfin, 8 sont actuellement candidates à une création d'entreprise avec Société Générale Ventures. Sur ces 8, deux concernent des services destinés aux banques (éventuellement proposés à terme à des concurrents de la Société Générale), une l'application de l'IA à l'analyse de jurisprudence, un portail immobilier en République Tchèque, une le développement de smart-cities, le développement des services de cybersécurité aux entreprises...

Soulevant un point autour duquel il semble y avoir eu quelques malentendus, Frédéric Oudéa a observé : « les intrapreneurs, avec leurs emplois garantis, ne prennent pas les mêmes risques que les entrepreneurs et ne peuvent donc pas prétendre à une majorité du capital. » D'autant plus que l'investissement du groupe bancaire est conséquent, outre les salaires maintenus, comme par exemple le recours au coaching interne ou même à des consultants externes.


De gauche à droite : Didier Lallemand (responsable de Société Générale Ventures), Rhizlane El Bouazzaoui (Chef de projet stratégie de sourcing SI à la banque de financement et d'investissement, responsable de la start-up Etik), Jean-Marc Stenger (directeur général de la start-up Forge) et Claire Calmejane (Group Chief Innovation Officer).

Chaque start-up interne, comme l'a rappelé Frédéric Oudéa, a bénéficié de l'infrastructure IT du groupe, très cloudifiée et donc apte à répondre aux besoins d'agilité mais aussi conformes aux exigences réglementaires du secteur bancaire. Comme 54 autres membres de la direction, Frédéric Oudéa a parrainé une start-up en consacrant une heure et demi toutes les trois semaines à coacher les intrapreneurs. Il s'agissait d'une start-up visant à aider les particuliers à optimiser leurs dépenses de fluides et d'énergies (eau, électricité, gaz...). Mais les fournisseurs se sont révélés incapables de s'adapter à ce type d'offre et la start-up s'est donc arrêtée. « Mais l'idée était bonne et je pense que la start-up redémarrera » a soutenu Frédéric Oudéa. Il s'est réjoui : « les collaborateurs ont beaucoup appris de cette expérience d'intrapreneuriat ».

Innover en court-circuitant les procédures lourdes

Didier Lallemand, responsable du fonds Société Générale Ventures, a témoigné aux côtés de deux intrapreneurs : Rhizlane El Bouazzaoui (Chef de projet stratégie de sourcing SI à la banque de financement et d'investissement, responsable de la start-up Etik), Jean-Marc Stenger (directeur général de la start-up Forge, ancien directeur général d'une filiale de gestion d'actifs, Lyxor). « Les start-ups ont la capacité à oser, à s'adapter, n'ayant aucun acquis à préserver » a observé Didier Lallemand. Accélérée pour un temps court (ici 6 mois), elles ont aussi une obligation de réactivité.

Après un bilan flatteur du premier « Internal Startup Call », le groupe Société Générale est en train de capitaliser sur l'expérience acquise. Mais Claire Calmejane, Group Chief Innovation Officer du groupe Société Générale, a évidemment confirmé : « oui, il y aura d'autres start-ups calls mais la forme sera sans doute différente ». Une réflexion est aussi en cours sur la modification des processus internes.

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