IA : Servier avale la pilule Google pour doper l'efficacité de sa R&D
Le laboratoire pharmaceutique étend son contrat avec Google sur la data et l'IA. Objectif n°1 : améliorer l'efficacité de sa R&D, un enjeu clef dans le secteur.
PublicitéDeux ans après un premier accord avec Google, portant sur la data et l'IA, le groupe pharmaceutique Servier étend son partenariat avec la firme californienne, via un nouveau contrat courant sur cinq années. Celui-ci est centré sur l'IA, notamment la GenAI, et vise avant tout à améliorer la productivité de la R&D de Servier. En appui de sa stratégie tournée désormais vers les maladies rares et l'oncologie, un sujet auquel le groupe consacre 70% de ses investissements en R&D, le laboratoire mise sur la data pour gagner en efficacité dans le développement de nouveaux médicaments.
Dans un communiqué, le géant de la tech et le 2ème laboratoire français (5,3 Md€ de chiffre d'affaires en 2023) indiquent avoir identifié une soixantaine de cas d'usage de l'IA sur l'ensemble des métiers de Servier, avec un focus particulier sur la R&D : identification de nouvelles cibles thérapeutiques et criblage des molécules adaptées, accélération de la mise sur le marché de nouveaux médicaments, compréhension de l'évolution biologique des pathologies et des médicaments pour les besoins de formulation, développement de la médecine de précision, numérisation d'essais cliniques, etc.
Maintenance prédictive pour l'appareil industriel
Comme l'expliquait Virginie Dominguez, vice-présidente exécutive IT, data et digital de Servier, dans nos colonnes en mars dernier, l'un des enjeux majeurs de ces traitements de données consiste à augmenter la probabilité de succès des travaux de recherche. « Aujourd'hui, dans notre industrie, 90% des projets thérapeutiques se soldent par des échecs. Nous explorons donc le rôle que pourraient avoir la data et l'IA dans l'augmentation de ce taux, en améliorant la compréhension d'une pathologie, en aidant à mieux identifier les cibles thérapeutiques - la protéine ou le gêne qu'il faut essayer d'inactiver - et en simplifiant le design des meilleurs candidats médicaments », expliquait-elle alors. Dans une industrie où l'investissement nécessaire au développement d'un nouveau médicament s'élève actuellement à environ 2 Md€, l'autre objectif clef est réduire la durée moyenne de mise sur le marché, qui se situe entre 10 et 15 ans. Pour ce faire, Servier a par exemple développé sur le cloud de Google, avant même l'extension de son contrat, une plateforme analytique baptisée Axe (Advanced Analytics Environment), qui permet de ramener de deux ou trois semaines à une demi-journée la durée moyenne de traitement de certaines études sur les essais cliniques, tout en augmentant les volumes de données traitées et les capacités de calcul à disposition.
Dans le communiqué, Google et Servier évoquent également la mise en oeuvre de l'IA pour la maintenance prédictive de l'appareil industriel du laboratoire, pour l'optimisation de la supply chain et pour le renforcement des interactions avec les patients et professionnels de santé. Rappelons que Servier a lancé un programme de 5 ans, baptisé Jazz, visant à faire converger toutes ses opérations vers SAP S/4 Hana, usines y compris. En complément, Servier a entamé le déploiement de composants dédié à la planification (APS) et à l'exécution (MES) pour une couverture logicielle de bout en bout.
PublicitéServerless à l'international
Servier opère à la fois du cloud public - via le partenariat avec Google sur la data, socle de la construction d'une plateforme de données à l'échelle du groupe, mais aussi via des déploiements sur Azure - et des infrastructures on-premise. Le groupe, qui emploie près de 22 000 personnes, conserve deux datacenters principaux, le premier à Suresnes, au siège, et le second à Gidy, dans le Loiret, où est situé la principale usine du laboratoire. « Auparavant, nous avions de petites salles serveurs dans la plupart des pays. Notre stratégie, dite Serverless à l'international, vise à les remplacer, avec deux exceptions majeures que sont les 16 sites industriels et les labos de R&D où nous conserverons de petits datacenters pour des raisons de protection des données et de temps de latence », expliquait Virginie Dominguez en mars 2024.
Article rédigé par
Reynald Fléchaux, Rédacteur en chef CIO
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