Henri de Chazournes, DOSI de Bouygues Immobilier : « L'entreprise veut un SI proche des métiers »


L'IT, levier de transformation de toute l'organisation
Au travers des témoignages de DSI de très grands comptes, nous vous démontrons que l'IT permet la transformation des organisations et du business, aussi bien dans le privé que dans le secteur public.
DécouvrirHenri de Chazournes, DOSI de de Bouygues Immobilier a mené le projet Opéra de gestion des opérations immobilières et en prépare trois autres dans le CRM, le big data et le BIM. Il évolue dans une entreprise qui veut un SI proche des métiers, au meilleur coût, qui fonctionne et qui soit sécurisé.
PublicitéCIO : Quel est votre profil, quel a été votre parcours ?
Henri de Chazournes : « Toute ma carrière s'est déroulée dans le groupe Bouygues. J'ai débuté dans la partie construction à la réalisation d'opérations de logements avant de rejoindre, il y a vingt ans, Bouygues Télécom où j'ai travaillé d'abord pour la maîtrise d'ouvrage du réseau télécoms puis la DSI à la production et aux développements. Un premier lien dans mon parcours entre le bâtiment et les systèmes d'information au travers de la production qui présente des similitudes que ce soit dans le bâtiment ou l'informatique. Il y a cinq ans, j'ai rejoint Bouygues Immobilier au poste de DOSI, directeur de l'organisation et des systèmes d'information, responsable de la DSI proprement dite, de l'assistance à la maîtrise d'ouvrage et de l'environnement de travail. Nous sommes 60 en interne, autant pour les équipes externes.
CIO : Où en est votre grand projet Opéra de gestion des opérations immobilières ?
Henri de Chazournes : Ce projet représente 60% de notre système d'information, un projet mené en partenariat avec Sopra Stéria. Il assure 80% des gestes métier, ceux des développeurs qui initient les opérations et préparent les comités d'engagement, du responsable de programme dans la gestion de son opération et le pilotage de sa stratégie commerciale, du commercial pour saisir les réservations clients, des responsables chantiers pour piloter les travaux etc. D'une façon générale, Opéra donne une vision d'ensemble de l'état d'avancement du projet, son suivi financier et permet de partager les informations largement en interne.
C'est pour nous un projet très structurant, nous étions organisés en silos, nous opérons une transition vers une gestion des données de qualité, partagées et transverses à l'ensemble de l'entreprise. Opéra est actuellement en service, nous sommes en phase de déploiement dans nos huit régions. Le projet sera définitivement en place d'ici fin 2018. Il nous permet, comme avec les autres grands projets, de bâtir un Système d'information plus partagé et ouvert au service de toute l'entreprise.
CIO : Justement, après Opéra quels sont les autres grands projets informatiques de Bouygues Immobilier ?
Henri de Chazournes : Ils sont au nombre de trois. D'abord un projet CRM qui couvre à la fois le service client et la partie commerciale. Nous avons choisi une solution, qui a fait ses preuves, de Salesforce. Avec le projet BIM (Building information management) on agit plutôt en précurseur pour tirer toute la profession. Troisième projet, le big data, où nous mettons en oeuvre un datalab pour mieux travailler sur la donnée et identifier les nouveaux produits et les services.
Donc trois projets de Bouygues Immobilier, qui s'appuient sur des ressources et des compétences internes, mais s'accompagnent de partenariats avec des start-ups et des sociétés extérieures. On va d'ailleurs développer l'intégration de techniques extérieures. Par exemple, quand on va avoir besoin de faire des visites virtuelles d'appartements, on peut penser à des spécialistes du jeu vidéo qui connaissent très bien les technologies nécessaires ou bien des spécialistes de l'analyse de la donnée qui nous mettent à disposition des analyses sur des données non disponibles dans l'entreprise.
PublicitéCIO : Comment répondez-vous aux demandes internes des métiers ?
Henri de Chazournes : Par principe, il faut de la proximité et une bonne écoute et intégrer très en amont une approche digitale qui combine la capacité à produit en propre, à s'appuyer sur des offres de type SaaS et sur les opportunités du cloud. Il faut également rester attentif à l'informatique qui est réalisée en dehors du contrôle de la DSI, car les métiers sont très tentés, afin de s'assurer de la cohérence et pérennité dans le temps.
Dans la réalisation de nos projets, l »agilité est nécessaire, pour aider le client interne à définir des solutions dans une logique MVP (de l'anglais minimum viable product, ou produit minimum viable), où l'on part d'une version minimale du produit. L'objectif est de disposer rapidement d'un solution qui est mise en service pour ensuite l'améliorer par itération, au lieu de lancer de but en blanc une version forte et supposée très aboutie et qui aura pris beaucoup plus de temps à réaliser, tester etc.
Qu'est-ce qui a changé pour nous, dans notre rôle ? La DSI est l'endroit où on maîtrise les choix informatiques et la mise en oeuvre des projets dans un contexte de sécurité, de gestion des données personnelles avec Gdpr, et de qualité de service. La gouvernance a beaucoup évoluée, mais les sollicitations ont également beaucoup changées avec une accélération de la digitalisation. Les métiers sont à la fois plus sollicités et plus demandeurs. Dans cet échange, nous veillons à proposer des solutions adaptées et ne pas faire le « Sicob » des solutions, ne pas avoir cinq solutions utilisées à 20%, mais une utilisée à 80% !
CIO : Quelle est la place de la transformation numérique chez Bouygues Immobilier et le rôle de la DSI ?
Henri de Chazournes : Son importance a été renforcée depuis début 2017 avec la création d'un poste de Directrice générale de la transformation numérique et des ressources humaines sous la responsabilité de Nathalie Watine. Elle pilote tous les projets de transformation, nous sommes en plein dans la mise en oeuvre du CRM, avec un premier déploiement cet été, dans la montée en compétences pour le BIM, puisque 100% des nouvelles opérations seront faite sous BIM. Nous construisons également le datalab, initions la refonte du SI RH pour transformer l'expérience des collaborateurs mais aussi des candidats. Voilà comment s'organise la DSI pour assurer la transformation digitale.
CIO : Vous l'avez mentionné en vous présentant, vous pilotez également les postes de travail, comment se présente votre stratégie de digital workplace ?
Henri de Chazournes : Nous comptons 1 800 salariés. La quasi-totalité du siège a été refondu (100% d'ici fin 2018) en adoptant le principe du flex office, donc en mettant fin aux bureaux attribués et en proposant des espaces de travail adaptés aux usages et attractifs (table co-working, salle réunions adaptées, espace détente, ...). Et c'est pareil dans nos régions. Nous ne le faisons pas uniquement pour gagner des mètres carrés, mais pour repenser réorganiser nos espaces de travail et répondre à la demande de nos collaborateurs, avec des zones partagées qui laisse une place importante au collaboratif.
Ce projet permet aussi aux collaborateurs de changer leur façon de travailler, ils vont apprendre à travailler différemment. Le digital workplace doit aussi permettre de faire progresser la digitalisation dans l'entreprise. Et comme nous sommes des professionnels de l'immobilier, nous montrerons ainsi que nous appliquons à nous-même ce que nous préconisons : un espace de travail moderne et adapté aux usages.
CIO : Question délicate, comment se présente votre budget ?
Henri de Chazournes : Il est en évolution, nous nous employons à maîtriser les dépenses de run, bien que nous ayons une forte croissance des projets liés à la digitalisation. Ce budget a progressé de l'ordre de 10%.
CIO : Quelle sorte de DSI êtes-vous, comment managez-vous vos équipes ?
Henri de Chazournes : Je suis avant tout dans la proximité des équipes. Je passe du temps à échanger et à partager pour m'assurer que la finalité des projets et les objectifs sont bien partagés. Il faut également leur donner de l'autonomie et rester à l'écoute pour intégrer leurs propositions. Ceux qui font sont souvent de bon conseil. Je venais d'une grosse DSI dans les télécoms, un secteur qui évolue en permanence, j'ai aussi importé quelques de bonnes pratiques vers Bouygues Immobilier pour faire progresser la DOSI dans son ensemble.
La gouvernance est également un sujet important pour moi, il faut que la DOSI arrive à montrer ce qu'elle sait faire, il ne faut pas opposer les start-ups, l'innovation et ce que fait une DSI. Il faut accélérer ensemble. Ce qu'on demande à la DOSI c'est d'avoir un SI qui évolue pour accompagner la stratégie de l'entreprise et qui soit au meilleur coût, qui fonctionne, qui soit sécurisé . C'est différent des start-ups. Il faut une forme de sollicitude. Souvent on met la DSI sous contrainte budgétaire, ce qui rejaillit sur sa capacité à mener des projets et à anticiper.
CIO : Comment gérer la cybersécurité dans le climat actuel ?
Henri de Chazournes : On fait partie d'un groupe où la cybersécurité est une importante préoccupation et ce, au plus haut niveau. Ensuite, dans les métiers, nous partageons des dispositifs d'alerte collective. On échange entre nous et on investit des budgets importants dans la sécurité des systèmes d'information. La sensibilisation est évidemment au menu, avec par exemple des campagnes de faux phishing et d'explication sur les bons usages.
CIO : Quelle est la place du RGPD chez Bouygues Immobilier, serez-vous prêts ?
Henri de Chazournes : On s'y prépare. Tout ne sera pas terminé, mais bien avancé et de façon significative. La DOSI assure le déploiement du projet et nous avons notre DPO déjà en place.
Article rédigé par

Didier Barathon, Journaliste
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