Green IT : le serveur lames en question
A l'université Rennes 2, on s'interroge sur la réalité du datacenter écologique
PublicitéSi la solution de datacenter déployée à l'université Rennes 2, en serveurs lames, est présentée comme étant très 'Green IT' - c'est ainsi qu'on nous l'a vendu en termes éditoriaux ! -, à la base elle ne l'était pas en termes d'objectifs fixés par l'acquéreur, et surtout le résultat laisse planer de nombreuses interrogations. Humberto Duarte, Directeur adjoint du département SI de l'université, revient pour nous sur ce projet et sur ses limites. L'université Rennes 2 accueille 21.000 étudiants, encadrés par un personnel d'environ 2.000 individus. 2.800 postes informatiques y sont déployés sur 3 campus, pilotés via des serveurs Windows et Linux. Humberto Duarte est plus particulièrement responsable de la cellule Windows. Pour administrer les postes de travail, il a adopté une démarche VDI, de virtualisation sous VMWare, une réponse à la problématique fort répandue de l'augmentation du nombre de postes, qui entraîne inévitablement une augmentation de la charge de travail... mais sans que le personnel n'augmente ! "A l'origine, nous avions adopté une méthode de clonage avec Rainbow, mais ni le clonage et ni le packaging des logiciels n'apportaient la réactivité attendue. De plus la procédure a été rapidement dépassée face à l'évolution du matériel et du logiciel. C'est pourquoi nous avons regardé du côté de la consolidation des serveurs avec la virtualisation." Concrètement, cela s'est traduit par le choix de VMWare ESX et par la création d'une équipe de travail sur la partie matérielle pour apporter une réponse à une question essentielle : "Comment faire le lien entre l'utilisateur et l'image du poste de travail ?". Ou encore, quel matériel et quels logiciels pour disposer d'une expérience d'utilisation d'un poste de travail classique ? A l'université Rennes 2, la réponse à cette question s'est conclue par l'adoption d'une approche client léger alimenté en VDI par une connexion vers des serveurs en lames virtualisés, et avec le développement d'une solution de 'provisionning'. Humberto Duarte nous a listé les avantages de cette solution dans une vision économique, dont on notera qu'ils ne concernent que les postes de travail : - 1 - Exploitation de différents types de postes, PC et Wyse ; - 2 - Consommation plus réduite ; - 3 - Emission de chaleur plus réduite ; - 4 - Un environnement propre, silencieux, et plus fiable. En revanche, côté dépenses et donc essentiellement datacenter, le bilan semble moins positif, même s'il reste à confirmer : - 1 - L'architecture des serveurs lames se révèle très gourmande en énergie ; - 2 - Le dégagement de chaleur est important, ce qui nécessite de renforcer l'usage de la climatisation. Par ailleurs, les organisations qui déploient des serveurs lames doivent faire face à une relative absence de référentiels. Pour Humberto Duarte, pragmatique, il faut diviser le nombre de postes par lame (jusqu'à 50 postes sur une lame) et comparer avec des postes classiques en ramenant à l'euro afin de comparer PC et poste léger. "Sans compter la partie TCO qui est non mesurable." "Avec le client léger, on déporte la consommation ailleurs, sur le serveur. Cette approche n'est pas 'Green IT' et demande à être mesurée sérieusement". En effet, avec cette solution, qui à aucun moment ne remet en cause lles avantages de la technologie de virtualisation, le poste de travail est rapatrié dans le datacenter, dont les lames sont doublées sur leur alimentation électrique et qui embarquent des commutateurs qui consomment également de l'énergie. De plus, il faut multiplier la capacité de stockage par le rapatriement du poste de travail sur le SAN. "Dans ces conditions, le 'Green IT' déporte le problème sur le datacenter ! De plus, la climatisation commence à ramer. Idem pour l'onduleur qui est hors jeu en cas de reprise sur une micro coupure..." Voilà de quoi interpeler le Directeur adjoint du département SI de l'université Rennes 2 sur la quantification des besoins de son datacenter et sur la démarche 'Green IT' que ses fournisseurs affichent. "Nous étions obnubilés par la place, et ce depuis très longtemps [d'autant plus que l'université était encore équipée d'un système Alpha de chez Digital !]. Nous manquions également de puissance et il nous fallait remplacer notre système vieillissant. Aujourd'hui, nous avons apporté une réponse à la première question, le problème de place. Mais nous nous posons de nouvelles questions, sur la climatisation, l'onduleur, la puissance électrique et la régulation ?" C'est pour cela que l'université a lancé un groupe de travail autour de ces questions, dont les réponses risquent d'ailleurs de remettre en question l'intérêt des serveurs lames en dehors des problématiques immobilières...
Article rédigé par
Yves Grandmontagne
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