Grande distribution
Publicité CIO. Comment se positionne le DSI et quelle est sa légitimité dans l'organisation ? Cela a t-il évolué pendant ces cinq années ? Philippe Courqueux : Le rôle du DSI a évolué depuis 5 ans. Au départ, la fonction informatique était uniquement organisée comme un centre informatique. Nous avons mis l'accent sur le service aux magasins. Nous avons notamment développé les activités de support telles que la hot line, ou encore les équipes d'exploitation et de production. Nous avons également renforcé le nombre de personnes s'occupant de la hot line, car nous considérons que l'appel d'un utilisateur est une opportunité pour aider quelqu'un à faire son métier. Aujourd'hui, nous répondons très rapidement aux utilisateurs. Ainsi, le taux de prise d'appel est de l'ordre de 95 % contre 60 %, il y a cinq ans. L'objectif est avant tout d'avoir un système d'information fiable. L'autre volet est d'ordre organisationnel. Nous avons mis en place une organisation quasi commerciale de la DSI vis à vis de ses utilisateurs. Ainsi, chaque magasin bénéficie de son "chargé d'affaires" (un contact privilégié au sein de la DSI). Tout ceci a pu se faire car nous avions le soutien de notre direction générale. Nous avons une confiance mutuelle. CIO. Quels sont les changements les plus notables que vous avez observé depuis cinq ans ? P.C. La fiabilité du SI étant rétablie, c'est la confiance et une collaboration toujours plus étroite entre DG utilisateurs et DSI qui a le plus évolué. Cette relation de confiance nous a permis de proposer des innovations, nous avons introduit beaucoup de temps réel pour nos commerciaux. Par exemple, ils peuvent suivre en temps réel leur chiffre d'affaires. Ainsi, ils peuvent comparer leurs résultats avec les autres commerciaux du groupe. D'un point de vue technique, nous avons mis en place des serveurs virtuels de type VMware pour augmenter la disponibilité des systèmes, mutualiser les ressources et simplifier la maintenance, d'autant plus que nous n'avons pas d'informaticiens dans les magasins. Difficile alors de confier la gestion de serveurs qui sont de plus en plus nombreux. En les rassemblant sur des infrastructures virtuelles, nous pouvions ainsi avoir une administration simplifiée. CIO. Quels sont les impacts sur l'organisation des systèmes d'information ? P.C. Les relations avec les utilisateurs sont beaucoup plus détendues. Nous agissons en véritables partenaires. Par ailleurs, la création des chargés d'affaires a beaucoup fait évoluer la relation avec les magasins. Ces derniers sont ravis car ils ont enfin un interlocuteur privilégié. Par ailleurs, cela a eu des impacts sur notre équipe informatique. La communication est du coup plus forte au sein de la DSI les chargés d'affaires échangeant beaucoup entre eux sur leurs activités et projets. C'est un cercle vertueux. CIO. Quels sont selon vous les principaux challenges auxquels les DSI vont se trouver confrontés au cours des prochaines années ? P.C. Notre challenge consiste à perpétuellement accompagner et encourager les évolutions des métiers de l'entreprise. L'un des défis de ces prochaines années est d'ajuster encore davantage le système d'information aux métiers de l'entreprise. Penser et raisonner en permanence en termes d'impact métier. Tout d'abord, cela donne beaucoup de sens à la tâche que réalise chacun et cela valorise énormément le travail de l'informaticien car il sait qu'il aide à faire leur métier des dizaines de milliers de personnes. C'est une évolution. CIO. Cela change-t-il le profil des DSI ? P.C. Oui, on constate une évolution des mentalités et des pratiques des DSI qui doivent toujours mieux comprendre et servir les métiers de leur entreprise tout en conservant une composante technologique forte. CIO. Comment concevez vous le profil du DSI de demain ? P.C. Le DSI de demain devra encore plus être au service des métiers. Lorsque l'on travaille avec les commerciaux, le marketing ou la finance, on ne fait pas de l'informatique en tant que tel. En clair, on doit s'effacer derrière les besoins métier, le DSI doit à la fois combiner la technologie et la stratégie. CIO. Quels sont les facteurs de succès du DSI ? P.C. L'informaticien doit être plus proche des utilisateurs mais également critique dans le bon sens du terme. Concrètement, cela se traduit de la manière suivante : l'informaticien doit avoir un avis sur ce qu'on lui demande de développer. Il doit proposer, remettre en cause ce que souhaite l'utilisateur. Même si au final, c'est l'utilisateur qui a le dernier mot. L'informaticien aura au moins exprimé son opinion et en général l'utilisateur est à l'écoute de cela. C'est important que l'informaticien soit confortable avec le besoin de l'utilisateur et soit capable d'en discuter. D'autre part, les équipes métier doivent également être à l'aise avec les informaticiens. Les solutions retenues doivent être le fruit d'un travail de collaboration. C'est d'autant plus important lorsque l'on défend un projet devant sa direction générale. CIO. Comment se compose votre journée de travail ? P.C. Le matin nous avons une réunion de briefing. J'ai un cadre de permanence et il réunit un certain nombre de personnes qui ne sont pas que des cadres. Il s'agit de faire un bilan des incidents de la veille et de savoir si le problème a été résolu. On passe en revue également les tâches à effectuer dans la semaine etc... Une partie de mon temps consiste à aller en magasin à la rencontre des utilisateurs. Cela permet de confronter les besoins des utilisateurs mais aussi de les informer de la mise en place de nouvelles applications par exemple. Je me garde aussi du temps pour être avec mon équipe informatique. J'ai également beaucoup de réunions pour décider des projets futurs ou encore des investissements. J'essaie aussi de restituer l'information et d'être le lien entre les directions métiers et l'informatique.
Article rédigé par
Sandrine Chilotti
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