Franck Louis-Victor (Responsable AEX chez Renault) : « il ne faut pas abandonner aux GAFAM nos points de marges »

En témoignant sur Xebicon 2019 le 28 Novembre 2019 à Paris, Franck Louis-Victor a expliqué la logique du projet AEX chez Renault.
PublicitéRenault construit des automobiles depuis 150 ans. Et tout utilisateur d'un tel véhicule sait que s'il y a un endroit où il est captif, c'est bien un habitacle : impossible de sortir d'une voiture qui roule. C'est donc une opportunité de « capter l'attention » d'utilisateurs. Et c'est une occasion que les GAFAM (Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft) ont bien l'intention de saisir en proposant des contenus aux passagers au travers d'applications embarquées. « Nous ne voulons pas laisser les opportunités business à des tiers alors que les constructeurs automobiles ont besoin du moindre point de marge » a pointé Franck Louis-Victor, responsable du projet AEX chez Renault.
Il a expliqué : « nous construisons le contexte de mobilité depuis 150 ans. Les GAFAM, eux, ont su construire la captation d'attention dans de multiples contextes. » La voiture devient un medium comme un autre. Le projet AEX est donc celui d'une plate-forme multimedia poussant des contenus (culturels, utilitaires ou de distraction) à l'attention des passagers d'une voiture, soit sur un terminal embarqué soit sur les smartphones des passagers via des applications compagnons.
Ne pas se faire manger la laine sur le dos
« On ne peut pas venir dire au ComEx, dans une industrie où on est au centime sur la fabrication d'une voiture, qu'on n'a pas de business model sur un projet » a observé Franck Louis-Victor. Or, avec 300 millions de véhicules roulant rien qu'en Europe, sans oublier les terminaux mobiles des passagers, le parc cible pour diffuser les contenus est considérable. Contrairement à de nombreux constructeurs, Renault est conscient du problème et de la nécessité de ne pas se laisser piller par les GAFAM. Mais la difficulté a bien été de convaincre la direction du constructeur de la pertinence du projet sans la certitude d'un business model, pas de réaliser un POC du dit projet. Au Mondial de l'Automobile, Renault a ainsi créé sur son stand une bulle immersive à titre de démonstration. Auparavant, Renault avait d'ailleurs investi dans un média (en l'occurrence Challenges) pour aller chercher un savoir-faire.
Pour Franck Louis-Victor, il y a eu trois points clés ayant permis le succès du projet AEX. Le premier a été un soutien du ComEx. Evidemment, l'implication du management a aussi été importante. Enfin et surtout, il a fallu développer une vision claire de ce qui était voulu, même si la matérialisation s'est faite en mode agile autour de cet axe fixe.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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