FinOps, un métier de conseil et d'accompagnement

Durant l'événement AWS Initiate, le 15 septembre 2021, Martin de Roquefeuil, Lead FinOps chez e.Voyageurs SNCF, a expliqué les différentes composantes du métier de FinOps.
PublicitéMartin de Roquefeuil, Lead FinOps chez e.Voyageurs SNCF, la filiale digitale du groupe SNCF, a témoigné durant l'événement AWS Initiate, le 15 septembre 2021. Partageant son expérience de FinOps, il a détaillé les différentes composantes de ce rôle en émergence dans les organisations.
« Chez e.Voyageurs SNCF, le premier projet cloud remonte à 2014-2015 », a expliqué Martin de Roquefeuil. « Ensuite, il y a eu quelques autres projets, puis en 2020, nous avons décidé de basculer l'intégralité de notre infrastructure on-premise chez AWS. » Depuis, le périmètre a encore grandi et e.Voyageurs SNCF a pour objectif de terminer la migration fin 2021. L'un des leitmotivs de la migration vers AWS était de réduire les coûts d'infrastructure, mais selon le Lead FinOps s'agissait aussi d'améliorer le time-to-market et de faciliter l'innovation. « Par exemple, il est bien plus simple de faire des Proof of Concept (POC). Qu'un POC soit concluant ou pas, sur le cloud cela ne coûte que quelques centaines de dollars et quelques heures de travail », a-t-il illustré.
Des coûts de calcul réduits de 60%
Martin de Roquefeuil a démarré en tant que FinOps un peu avant la grande bascule, début 2019. Selon celui-ci, le rôle FinOps a plusieurs composantes. D'abord, il s'agit de traduire la facture AWS, très dense. « Chez nous, elle représente actuellement plus de 200 pages par mois, à reventiler par projet, par équipe. Il faut identifier quels sont les coûts transverses, dire à nos clients combien leur infrastructure a coûté », a détaillé le Lead FinOps. La deuxième composante, c'est l'accompagnement des équipes pour les aider à comprendre les coûts AWS. « Il faut expliquer comment ça marche, comment c'est facturé et voir si ça répond réellement aux besoins », a décrit Martin de Roquefeuil. Enfin, les FinOps contribuent à l'optimisation de l'infrastructure, en identifiant des axes d'amélioration, en fournissant un suivi pour indiquer là où la consommation est excessive... « Il faut penser les optimisations, les saving plans au niveau de l'organisation tout entière, pas juste au niveau d'un projet. Il s'agit de voir comment on s'engage, sur un an, deux-trois ans, un mix des deux, quels risques on prend... C'est une stratégie à définir, aussi bien sur les engagements que sur les différents programmes d'accompagnement AWS. L'enjeu est d'identifier à quel moment c'est pertinent d'aller sur tel ou tel programme », a expliqué le Lead FinOps.
Pour donner un exemple concret, Martin de Roquefeuil a évoqué le cas de l'Assistant SNCF, l'application la plus ancienne sur le cloud AWS. Comme tous les projets, l'application a vieilli au fil du temps, avec une dette technique qui s'accumule. « Entre 2017 et 2019, nous avons fait un lifting de cette application, couplé à un gros travail d'optimisation financière, applicative et de sécurité. Toutefois, la facture était quand même assez présente », a confié Martin de Roquefeuil. L'équipe FinOps a alors fait des préconisations en mode quick wins : baisser rapidement des tailles d'instances, prendre des engagements plus adaptés sur la réservation d'instances et même préparer la réservation. « Il faut par exemple penser à ajuster la taille des clusters avant la réservation, car une fois celle-ci faite on ne peut plus ajuster ». Début 2020, l'équipe a présenté une dizaine d'optimisations sur la production pour économiser quelques milliers de dollars par mois. C'est alors que la pandémie de Covid est survenue. « La charge de production été divisée par dix, voire davantage, il y avait beaucoup trop de machines. Nous avons donc diminué par deux le nombre de serveurs en production, c'était possible car c'était du cloud. Les coûts ont complètement fondu, avec une facture divisée par plus de deux, car il y avait moins de machines, une consommation réseau réduite et des usages en moins... », a relaté le Lead FinOps. Pendant ce temps, l'équipe a continué sur l'optimisation, passant notamment d'un mode EC2 assez classique à de l'ECS Fargate. Ce travail, mené sur près de deux ans, a permis de baisser le coût de compute de plus de 60%.
PublicitéDes enjeux de sobriété
Martin de Roquefeuil a ensuite pointé certains enseignements sur le rôle, appris avec l'expérience : « Être FinOps, ce n'est pas simplement aller voir une équipe technique pour lui dire qu'elle pourrait améliorer ses coûts. Il y a aussi d'autres équipes avec lesquelles nous devons travailler, comme le contrôle de gestion, les achats. » Ces instances transverses doivent être prévenues en cas d'achats importants, et il faut aller défendre les engagements devant elles. En tant que FinOps, il y a aussi un gros travail pédagogique à faire, à tous les niveaux. « Avec le contrôle de gestion ou les achats, c'est un travail d'acculturation, il faut expliquer le cloud et l'infrastructure à des personnes issues d'un milieu non technique, afin qu'elles comprennent ce que l'on fait », a expliqué le Lead FinOps. Mais celui-ci a aussi évoqué les équipes applicatives, pour qui le passage au cloud représente parfois un changement complet de paradigme opérationnel sur la gestion de leurs infrastructures. « D'un coup, on leur ajoute de la complexité sur la gestion des coûts », a souligné Martin de Roquefeuil. Il y a donc tout un effort d'accompagnement et de formation auprès de ces dernières. Chez e.Voyageurs SNCF, l'équipe FinOps a par exemple organisé une petite formation interne pour faire comprendre les outils de suivi des coûts, l'importance du rightsizing et d'autres bonnes pratiques. « Nous passons d'une infrastructure on-premise dimensionnée pour tenir la charge maximale à quelque chose de très élastique. C'est aussi un enjeu de sobriété, de frugalité, il faut utiliser la bonne charge au bon moment, sinon on consomme dix fois trop de ressources », a pointé Martin de Roquefeuil.
Le rôle de FinOps requiert également de la compréhension et de l'écoute. « Il faut être capable de comprendre les réticences d'une personne. Parfois celles-ci résultent d'une incompréhension, mais parfois elles proviennent d'un point de vue différent, et la meilleure solution n'est pas forcément celle que vous imaginez », a témoigné Martin de Roquefeuil. Il faut aussi bien comprendre les coûts dans AWS, pour les mettre en perspective avec les besoins et contraintes de l'organisation. « Chaque cas d'usage peut être différent : dans un cas un service managé peut être pertinent, dans un autre non, cela dépend aussi des contraintes opérationnelles », estime le Lead FinOps. En conclusion, Martin de Roquefeuil a tenu à souligner que FinOps était un métier de conseil et d'accompagnement. « Nous donnons des idées, mais derrière ce sont les équipes applicatives qui réalisent les optimisations. C'est un travail d'équipe, dans lequel il faut faire preuve d'humilité ».
Article rédigé par

Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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