Face au SaaS, le poste de travail virtuel n'est pas (encore) mort

Gestion de l'historique et sécurité justifient encore le poste de travail virtuel selon les participants à une réunion du CPI-B2B (Club de la Presse Informatique B2B) du 17 février 2016.
Publicité« Cette fois, c'est (encore) l'année du poste virtuel, peut-être la bonne » a plaisanté José Diz, animateur du Club de la Presse Informatique B2B en ouvrant la réunion du 17 février 2016. Face au SaaS et à la webisation applicative, la promesse jamais tenue depuis trente ans du poste de travail virtuel universellement déployée a-t-elle encore du sens ? Pour les participants, la réponse est presque positive. Mais la virtualisation du poste de travail au sens classique a évolué et laissé largement la place à la virtualisation de l'environnement de travail.
Là où l'objectif était de réduire les coûts (y compris en mutualisant les terminaux utilisés ponctuellement) ou de centraliser les données pour mieux les contrôler en adoptant des clients légers dans les années 1990-2000, on est, aujourd'hui, plutôt dans une logique d'un environnement de travail unique accessible sur de multiples terminaux dans de multiples contextes. « La virtualisation du PC par déport d'affichage a évolué en virtualisation d'un environnement de travail accessible en multi-terminal et hébergé dans un datacenter » a confirmé Karim Djamai, directeur EUC SEMEA chez VMware. Il a ajouté : « le VDI est aujourd'hui une infime portion de la virtualisation. »
Un problème, plusieurs solutions
Mais, si le VDI n'a pas décollé malgré le besoin évident (mais récent) de disposer d'un environnement de travail commun sur divers terminaux, c'est aussi parce que des solutions alternatives sont apparues. Au premier chef de celles-ci, il y a le SaaS et, plus généralement, la webification. Avec ces technologies, un simple navigateur suffit à accéder à l'environnement de travail, toujours centralisé. Malgré tout, le VDI et les autres formes de virtualisation (comme la virtualisation applicative) résistent encore et toujours à la déferlante SaaS.
« Si les autres solutions n'ont pas tué la virtualisation, c'est parce qu'il faut agglomérer les différentes couches sédimentaires du SI, du Legacy le plus ancien aux couches récentes » a estimé Karim Djamai. Emmanuel Schupp, directeur général France chez Citrix, a renchéri : « le SaaS, c'est le discours de Google mais le modèle unique est approprié pour les particuliers ou les applications banalisées comme la bureautique et la messagerie. Dès que l'on parle accès aux applicatifs métier, aux SI spécifiques... il ne reste que la virtualisation. » A cette limitation technique, il a rajouté aussi une préoccupation : la sécurisation des données. Renault aurait ainsi adopté la virtualisation pour éviter même la capture d'écrans d'applications sensibles ou l'impression dans ces mêmes applications.
Le travail ubiquitaire pousse la virtualisation
Et cette virtualisation permet donc les avantages du SaaS en matière d'ubiquité mais peut assurer à la fois la sécurité des données et l'accès aux applicatifs d'anciennes générations. Benjamin Alleau, directeur associé Infrastructures et Digital Workplace chez Capgemini, a confirmé que « l'objectif est une plate-forme de service accessible par tous les terminaux en toutes situations. »
« Dans certaines entreprises, c'est plus du quart des collaborateurs qui n'ont pas de bureau fixe et le haut débit mobile (4G, Wi-Fi...) a tout changé pour eux » a indiqué Pierre-Alexandre Fuhrmann, directeur technique EMEA chez Mitel. Ces travailleurs ont des usages définis par leurs métiers, pas par une vision venant de l'IT. Et ils recourent au shadow-IT si les solutions proposées par la DSI ne répondent pas à leurs besoins tout en ayant une grande facilité d'usage.
Les portails applicatifs peuvent faciliter l'accès à diverses applications virtualisées quelque soit le terminal utilisé à un instant t. Et, pour garantir la sécurité, aucune donnée ne doit être stockée en local, ce qui est une approche plus simple pour l'utilisateur que celle des conteneurs chiffrés. « Notre but est de simplifier la vie de l'utilisateur » a martelé Frédéric Pierresteguy, directeur général France et Europe du Sud chez LanDesk.
PublicitéEneria Caterpillar : un exemple de mixité virtualisation/SaaS
La dualité de solutions SaaS ou virtualisation a été illustré par le témoin utilisateur de la matinée, Jean Marc Leroux, DSI chez Eneria Caterpillar. Cette société est en charge de la gamme de moteurs et de groupes électrogènes de Caterpillar en France, la DSI s'occupant également des implantations dans plusieurs autres pays européens comme la Pologne et le Benelux. En tout, elle gère 550 utilisateurs en France, 800 postes de travail en tout, sans aucune sous-traitance (en dehors d'un certain accompagnement sur les grands projets) mais avec seulement quatre personnes à la DSI. Dès 1993, Eneria Caterpillar a été le premier utilisateur de Citrix en France avec des clients légers. Quelques PC classiques demeuraient cependant pour les cas où il n'était pas possible de faire autrement.
L'objectif, à l'époque, était de faciliter la gestion de parc dans une entreprise avec de nombreux établissements dispersés sur tout le pays et au delà. « Aujourd'hui, nous sommes à 0% de desktops, 0% de client léger et 100% de laptops mais nous ne touchons plus au PC dès que celui-ci a été installé » a indiqué Jean Marc Leroux, DSI d'Eneria Caterpillar. En effet, les utilisateurs disposent en local de la bureautique et de tous les droits nécessaires pour installer les outils nécessaires pour le pilotage de machines variées, même en déplacement chez un client. Mais le coeur applicatif métier, essentiellement des outils de niche ou maison, n'était accessible qu'au travers de la virtualisation.
Soulager la DSI
Pour éviter la surcharge de la DSI, Jean Marc Leroux a confessé : « notre objectif est de sortir un maximum d'applications et d'infrastructures, notamment via le cloud, et nous avons signé un contrat avec Salesforce il y a quinze jours. » Les outils métiers devraient, eux, basculer vers une solution de type SAP ou Microsoft AX, probablement en mode SaaS.
La démarche prend son sens également dans une uniformisation des outils des différentes filiales du groupe Caterpillar. La virtualisation a en effet quelques inconvénients comme la complexité de certains modes de licencing. « Nous avions remplacé Oracle par PostGreSQL suite à un audit de licences » s'est souvenu le DSI.
Article rédigé par

Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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