Edito : Le DSI, transformateur du quotidien professionnel
Le numérique transforme notre quotidien professionnel autant que notre quotidien personnel. Et le DSI est l'acteur essentiel de cette transformation... ou un futur ex-DSI.
PublicitéLes lamentations autour du Shadow-IT se basent en général autour d'une problématique unique : les utilisateurs finaux veulent avoir, à titre professionnel, les mêmes facilités qu'ils ont chez eux. Disposer d'un agenda en ligne, d'un mail consultable en mobilité, d'un collaboratif ressemblant à Facebook, etc. sont autant d'évidences pour tous les collaborateurs, au moins dans le tertiaire. Les agriculteurs ne sont pas forcément en reste si on en croit les merveilles exposées régulièrement au Salon de l'Agriculture. Même des groupes industriels comme Renault s'y adaptent.
Cette demande des utilisateurs n'est-elle pas un minimum minimorum ? Dans quel domaine permettrait-on à des professionnels de disposer d'outils moins efficaces que le bricoleur du dimanche ? Les lessives, les détergents pour sols, les perceuses, les peintures et enduits... tous promettent dans leurs publicités la qualité professionnelle à des particuliers. Faudra-t-il, à l'inverse, que les informaticiens promettent la qualité domestique à des professionnels ? Ce serait le monde à l'envers ! Et pourtant, ce monde à l'envers est bien souvent notre quotidien.
Remettre l'utilisateur au centre des préoccupations
Bien sûr, le DSI est le Gardien du Temple. Il doit veiller à la sécurité de l'information véhiculée dans les systèmes de l'entreprise, à sa cohérence. Mais, s'il descend de sa montagne avec ses commandements, il ne faut pas qu'il s'étonne de devoir compter avec des adorateurs du Veau d'Or, le Shadow IT.
De leur côté, les utilisateurs ne sont pas (en général) des irresponsables. Ce sont simplement des professionnels avec des besoins. Et ces besoins émergent dès lors que les utilisateurs ont le sentiment que telle facilité est techniquement possible. Or, en ayant à domicile des outils proposant telle ou telle facilité, le techniquement possible est acté. Ne pas disposer de telle ou telle facilité est dès lors jugé comme intolérable. Si des règles sont posées brutalement pour interdire d'adorer le Veau d'Or, le DSI peut être certain que, dès qu'il aura le dos tourné, l'adoration reprendra de plus bel. Ou, éventuellement, on lui demandera plus ou moins gentiment d'aller voir ailleurs.
Un DSI, par nature à la tête d'un service support particulièrement transverse, a comme mission essentielle de satisfaire ses clients internes, les utilisateurs. Sinon, comme tout professionnel qui ne satisfait pas son client, il devra céder sa place, devenir un ex-DSI.
Transformer les usages quotidiens
La pression est d'autant plus forte que le numérique transforme le quotidien en dehors de l'entreprise autant qu'à l'intérieur. Il est à la base d'une remise à plat d'un grand nombre d'acquis dans l'organisation sociale. La place de la hiérarchie, surtout la hiérarchie intermédiaire, est menacée. La collaboration est une évidence et la prise de décision, à tous les niveaux, de la fixation d'un lieu pour boire un verre entre amis à la définition du nouveau produit de son entreprise, adopte de plus en plus la forme du consensus entre pairs. Les modes de pensées acquis à titre personnel, domestique ou amical, entrent de force dans l'entreprise, simplement parce que chacun n'a qu'un seul cerveau.
Le management doit s'adapter aux nouveaux modes de pensée. Et il doit donc s'appuyer sur les outils qui vont avec. Ces outils sont notamment numériques. Si le DSI ne le permet pas, soit en les fournissant soit en les acceptant en provenance de l'extérieur, c'est le management de son entreprise qui se retrouvera en échec.
PublicitéLa mobilité est has been, l'ubiquité est la règle
Outre la collaboration entre pairs devant aboutir à des décisions par consensus, l'autre grande tendance est la disparition du lieu de travail en tant que concept. Bien sûr, la grande majorité des travailleurs dispose encore d'un bureau. Mais celui-ci est tout sauf le seul lieu dans lequel on travaille.
Le smartphone est devenu le véritable bureau, parfois la tablette ou l'ordinateur portable. Parce que chacun travaille où il est, quand il est disponible. Répondre à un mail professionnel au milieu de la nuit ou pendant ses vacances, cela n'a rien d'étonnant ou d'inhabituel. Je vois un message, je le traite. A l'inverse, disposer de ses outils professionnels pour aller s'amuser sur Facebook ou Youtube ne choque pas plus. L'essentiel est que le travail soit fait, non ?
Sauf que les conséquences de ces évolutions sont tout sauf évidentes en matière informatique.
Travailler partout, pourquoi pas ? Mais cela a des implications en management autant qu'en sécurité des liaisons et des stockages.
Les entreprises n'ont pas le choix : il faut désormais travailler autrement. Et les DSI doivent fournir les moyens pour le faire en adoptant la vision des collaborateurs de l'époque Y.
Article rédigé par
Bertrand Lemaire, Rédacteur en chef de CIO
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