Stratégie

Du fait des progrès de l'IA, les banques commencent à licencier

La siège de la banque DBS à Singapour. Le dirigeant de l’établissement admet que, pour la première fois depuis 15 ans qu’il est PDG, il peine à voir comment réorienter les compétences pour créer des emplois. (Photo : DBS)

DBS, une banque de Singapour, va licencier 4000 contractuels et salariés en contrat temporaire du fait des progrès de l'IA. Cette annonce suit celle de la banque italienne Intesa Sanpaolo, qui entend rajeunir ses effectifs pour accélérer l'adoption de la technologie.

PublicitéAprès la banque italienne Intesa Sanpaolo en fin d'année dernière, c'est au tour de la banque asiatique DBS d'annoncer la suppression de plusieurs milliers d'emplois en raison des progrès de l'IA. L'établissement, basé à Singapour, va licencier 10% de ses effectifs, soit environ 4 000 personnes, sur les trois prochaines années en raison des progrès de la technologie, a annoncé son dirigeant, Piyush Gupta, lors d'un événement organisé par le syndicat patronal indien des acteurs des services IT, le Nasscom. Les coupes concerneront des contractuels et des salariés en contrat temporaire, actuellement au nombre de 8000 à 9000 chez DBS.

« Au cours des trois prochaines années, nous pensons que l'IA pourrait réduire la nécessité de renouveler environ 4 000 employés temporaires ou contractuels employé sur nos 19 marchés pour travailler sur des projets spécifiques », a déclaré un porte-parole de DBS, banque qui emploie environ 41 000 personnes au total.

Accélérer le changement de génération

En 2024, Piyush Gupta expliquait que l'établissement avait déployé 800 modèles d'IA au service de 350 cas d'usage. Le dirigeant en espérait des gains se chiffrant à plus de 680 M€. Le PDG, appelé à céder son poste à son adjoint à la fin de ce mois de mars, a également expliqué : « Depuis 15 ans que je suis PDG, c'est la première fois que je me bats pour créer des emplois. Jusqu'à présent, j'ai toujours eu une perspective claire sur les emplois que je pouvais créer. Cette fois-ci, j'ai du mal à dire comment je vais réorienter les gens pour créer des emplois ». Malgré ce constat, Piyush Gupta a annoncé vouloir créer 1 000 postes dédiés à l'IA au sein de la banque.

En octobre 2024, Intesa Sanpaolo avait annoncé qu'elle pourrait détruire 9000 emplois, soit là encore environ 10% de ses effectifs. Objectif affiché : accélérer le changement de génération en interne, puisque, parallèlement aux suppressions de postes, la banque italienne prévoit 3 500 embauches de jeunes d'ici juin 2028 afin de renforcer l'adoption de l'IA et la numérisation des opérations. Intesa Sanpaolo, qui revendique près de 14 millions de clients en Italie et environ 7,5 millions hors de ses frontières, emploie actuellement près de 95 000 personnes, dont 71 000 en Italie.

3% des emplois actuels menacés

En début d'année, Bloomberg Intelligence estimait que les grandes banques pourraient supprimer jusqu'à 200 000 emplois dans le monde au cours des cinq prochaines années en raison des progrès de l'IA, soit 3% des emplois actuels du secteur. C'est en effet, en moyenne, la part des postes qui seront détruits par l'IA selon les 93 DSI et CTO de grands établissements financiers interrogés lors de cette enquête. Mais un quart d'entre eux anticipaient des coupes claires bien plus significatives, portant sur 5 à10% des effectifs.