DSI, un métier en mutation illustré dans « Le référentiel des pratiques SI »
Quatre vingt DSI français prennent la parole dans « Le référentiel des pratiques SI » réalisé par l'EBG en partenariat avec CIO, IBM, Micropole et Pwc. L'ouvrage détaille la feuille de route particulièrement dense des DSI pour 2013-2014, et leur indispensable créativité.
PublicitéLe DSI exerce un métier de services, exigeant et en mutation. C'est ce qu'illustre le « référentiel des pratiques SI » qui vient d'être édité par l'EBG (Electronic Business Group) en partenariat avec CIO, IBM, Micropole et Pwc. Le référentiel présente en 158 pages les missions clés des DSI et leurs réponses à ces enjeux.
80 DSI prennent la parole. Ils détaillent les bonnes pratiques de leur profession. Tous les secteurs d'activité sont représentés ainsi que les toutes les tailles d'entreprise, depuis le CAC 40 jusqu'à la PME. Les DSI ont été interviewés entre septembre 2012 et février 2013. On obtient une vue concrète et pratique des différentes dimensions du métier de manager de système d'information. Le tout est complété par des avis d'expert apportant un éclairage global.
Cultiver la proximité avec les métiers
Le référentiel montre que chaque DSI s'emploie à trouver le bon cocktail de solutions adapté à sa propre entreprise. Le dosage doit toujours être maîtrisé entre externalisation et internalisation, progicialisation et développement spécifique.
Au quotidien, le DSI cultive alors la proximité avec les métiers et travaille à la création d'une relation de confiance. Il doit faire preuve de la rigueur d'un financier, de créativité et d'innovation et d'une adaptabilité permanente. La profession vit sous la pression de multiples mutations qu'il s'agit d'intégrer afin d'apporter de la valeur.
De ce point de vue, la gestion de la sécurité est emblématique. Elle est particulièrement détaillée dans le référentiel. Il s'agit de protéger l'entreprise contre les risques en renouveau permanent tout en ouvrant le système d'information vers les clients et les partenaires. Le phénomène du BYOD (Bring Your Own Device) devient un marqueur des nouvelles tendances, et les réactions apparaissent très diverses vis-à-vis du « Patriot Act » américain. Pour le DSI, la ligne d'action consiste à toujours se placer du point de vue de l'utilisateur afin de faciliter le business.
Accompagner la transformation des métiers ...
Accompagner la transformation des métiers
On retrouve la même philosophie en ce qui concerne la gouvernance des données et de leur qualité. « Sous l'impulsion de la DSI, la gouvernance des données est désormais importante pour le top management » pointe ainsi Pierre Gressier, DSI aux 3 Suisses.
Tout au long de l'ouvrage, la DSI s'affirme résolument au service des métiers, solidaire des enjeux business, en mode partenariat. Elle doit s'adapter à la transformation des métiers. « Il s'agit d'accompagner la transformation des métiers. Les marchés changent, désormais l'automobile peut devenir autre chose que seulement des voitures » relève Didier Saint-Jalmes, directeur Plan et Architecture Informatique de Renault.
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La DSI ira jusqu'à co-inventer les métiers de demain de l'entreprise comme c'est le cas chez GDF Suez à l'heure de la mise en oeuvre des compteurs intelligents. « Désormais nous ne sommes plus seulement suiveurs, en simple posture d'exécution, mais acteurs de la co-création » annonce Véronique Durant Charlot, DSI du groupe GDF Suez.
Créer de la valeur ajoutée
Se concentrer sur la valeur ajoutée de la DSI, amène certains managers à l'instar de David Larose Directeur des Systèmes d'Information de la Communauté d'agglomération du Bourget (93) à s'alléger totalement des plateformes techniques et à les placer en totalité dans le Cloud. « Mon objectif principal est de m'affranchir de la plateforme matérielle qui coûte trop cher pour une valeur ajoutée faible » souligne-t-il.
En parallèle, les frontières deviennent floues entre la DSI et les métiers. Le DSI gagne en expertise métier au fil des ans. Résultat, « la connaissance métier acquise par la DSI aboutit à ce que les métiers lui sous-traitent certaines de leurs responsabilités dans le cadre d'un projet » constate Stéphane Kersulec, Directeur des Systèmes d'Information du Club Med.
Rattraper les erreurs des métiers ...
Rattraper les erreurs des métiers
Mais les métiers s'émancipent également de plus en plus de la DSI à l'heure du Cloud Computing. Charge au DSI de les guider afin d'éviter les dérapages. « Les métiers mènent parfois des projets sans passer par nous. Il arrive qu'ils ne se déroulent pas bien, ce qui nous oblige à intervenir 'en pompiers' » constate Thierry Roche, Directeur des Systèmes d'Information de l'Apec.
Dans un univers concurrentiel, la DSI doit démontrer en permanence sa valeur ajoutée. « Il faut que nous apportions une vraie valeur, à la fois sur notre métier d'informaticien et sur les métiers de l'entreprise. Sinon, quelqu'un va faire le job à notre place » estime Pascal Chrétien, Directeur des Systèmes d'Information, Bouygues Immobilier.
L'innovation, un axe clé de succès
« Le référentiel des pratiques des SI » montre que la DSI doit quitter son rôle de tour d'ivoire hermétique. La création de valeur est la clé de son succès. Un des leviers d'action est l'innovation. « Afin d'être perçue comme un partenaire du business, la DSI mène une réflexion sur les sujets innovants et sur le potentiel que l'informatique serait susceptible d'apporter à l'entreprise. Dans ce cadre, la DSI met en place des POC (Proof of Concept) en coopération avec des laboratoires et des universités » décrit Philippe Plin, responsable Systèmes d'Information Commerce de PSA.
Même approche chez son concurrent Renault. « Demain, l'automobile ne sera plus seulement une voiture, mais une véritable source d'informations utiles au constructeur. Les informations liées au véhicule pourront être associées à d'autres domaines, afin d'allier la santé à la composante environnementale, par exemple » indique Didier Saint-Jalmes, directeur Plan et Architecture Informatique de Renault.
Face aux nouveaux enjeux, le DSI doit s'emparer de son destin. « Le Big Data est au coeur du travail de l'Institut. Or, il n'y a pas d'outil adéquat sur le marché. C'est pourquoi nous faisons du sur mesure et développons la plupart des outils utilisés par les scientifiques » annonce Michaël Pressigout, directeur délégué aux Systèmes d'Information de l'Institut Pasteur.
Idem pour la révolution du digital et son corollaire « l'omni-canal » qui consiste à créer une synergie entre les magasins et le Web. « Nous avons mené des actions pour renforcer le multi-canal en l'organisant. C'est un projet autant, sinon plus, organisationnel qu'informatique » présente Patrick Perret, Directeur des études informatiques de Boulanger.
Lutter contre le vieillissement ...
Lutter contre le vieillissement
L'ouvrage présente également les points où les DSI doivent s'améliorer : réactivité et agilité, réduction du « time-to-market, » industrialisation des processus, gestion de l'obsolescence du système d'information, simplification du mille-feuille applicatif, sans oublier le vieillissement des équipes, la difficulté à concrétiser les idées en projets, et la traditionnelle gestion du changement une fois qu'une nouvelle application a été déployée.
La somme de toutes les peurs
Le référentiel relève les causes d'inquiétude des DSI. Leur première crainte est d'être considérés comme inutiles, de perdre en influence et d'être court-circuités à l'heure où les métiers s'émancipent de plus en plus grâce aux solutions Cloud. Autres sujets d'inquiétude : l'accroissement des risques sécuritaires sur le système d'information, la difficulté à se projeter dans l'avenir, la lutte contre le vieillissement du système d'information et le défaut de compétences des équipes. Sans parler de la percée des « pure players » face à des entreprises plus anciennes, et qui maitrisent mieux les nouvelles technologies. « Dans toute organisation, il faut qu'il y ait des menaces pour que les gens restent mobilisés » rassure toutefois Thierry Chamfrault, directeur Méthodes et Processus.
Une fonction en mutation
La feuille de route de la DSI est déjà bien remplie. Les projets ne manquent pas avec la virtualisation, le CRM, la mobilité, le Cloud Computing, les réseaux sociaux, ...Pour autant, la DSI doit évoluer. Le référentiel montre qu'elle prend de plus en plus en charge le pilotage de prestataires, guide l'entreprise dans sa transformation numérique, maîtrise l'externalisation, tout en conservant les compétences clés en interne afin de se concentrer sur les éléments différenciant.
Enfin, l'ouvrage illustre au moyen de témoignages les tâches auxquelles les DSI vont s'atteler sur 2013-2014 : réduction et maîtrise des coûts, maîtrise du portefeuille applicatif, simplification de la compréhension de l'urbanisme du système d'information, optimisation des processus, facilitation de la maintenance, fin du taylorisme entre client et DSI, et au final, réponse à l'enjeu métier stratégique pour l'entreprise, que constitue l'amélioration de la connaissance du client et de la relation avec lui.
Article rédigé par
Jean-Pierre Blettner, -
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