DSI en Nouvelle-Calédonie : du rêve et des contraintes


Digital Workplace : une révolution dans la révolution
L'espace numérique de travail (Digital Workplace) constitue une révolution de la proximité pour les utilisateurs dans une révolution générale, la transformation numérique des entreprises. Cette révolution dans la révolution impacte le fonctionnement quotidien mais aussi la place de la DSI dans...
DécouvrirJérôme d'Aubuisson, DSI de la CAFAT, la sécurité sociale de Nouvelle Calédonie, explique les spécificités de son poste. Il est arrivé à ce poste au mois de décembre dernier, il assurait auparavant des fonctions de DSI à Paris.
PublicitéCIO : Quels sont les avantages et les contraintes d'un DSI sous les tropiques ?
Jérôme d'Aubuisson : La Nouvelle-Calédonie fait rêver. Elle possède le plus beau lagon du monde, inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO, et ses iles sont des joyaux au milieu du Pacifique. Mais, si on met de côté ces images de cartes postales, la prise d'un poste de DSI en Nouvelle Calédonie est très enrichissante mais présente aussi de nombreux challenges. En effet, les contraintes sont plus nombreuses qu'en métropole. Situé à 17 000 km de Paris, l'éloignement est une des premières difficultés. Le décalage horaire avec la métropole (+ 10 heures) ne favorise pas les possibilités de travail en commun. Aussi, il est difficile de travailler en mode projet avec des sociétés de métropole. Le fait de démarrer les journées de travail à 7 heures accentue ce décalage. Cette difficulté serait atténuée si l'écosystème des SSII locales était suffisant mais ce n'est pas le cas. Le marché calédonien est trop petit pour permettre une présence de groupes métropolitains.
En outre, le recrutement de collaborateurs est aussi difficile car le système universitaire calédonien ne fournit pas assez de compétences en informatique pour couvrir les besoins d'un pays en pleine phase de digitalisation. Le marché de l'emploi est donc tendu. Et si on décide de recruter des profils métropolitains, il est nécessaire d'investir dans l'intégration car le nombre de retours est élevé.
Une autre difficulté provient de l'état insulaire de la Nouvelle Calédonie. L'insularité entraine des coûts élevés pour importer le matériel informatique ou pour produire de l'énergie. Cette même insularité limite les capacités Réseaux et Télécom car il faut passer par un câble sous-marin qui limite le débit et augmente fortement les latences. Les projets de Cloud sont mis en veille en attendant la création d'un deuxième câble de back-up afin de sécuriser le fonctionnement des systèmes.
CIO : Comment répondez-vous aux demandes internes des métiers ? Qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui va changer dans ce traitement des demandes internes ?
Jérôme d'Aubuisson : Le mode de fonctionnement de la DSI est assez classique pour une organisation de ce type et de cette taille. Nous avons un Schéma Directeur des Systèmes d'Information (SDSI) qui donne le cadre. L'objectif est d'aligner la DSI sur les priorités métier. Comme pour les organismes de Sécurité Sociale métropolitain, la CAFAT définit une Convention d'Objectifs de Gestion sur cette durée (COG). Le rôle du SDSI est de définir les projets permettant d'adapter le SI aux évolutions demandées par les Directions métiers, d'estimer leurs charges, de les planifier et de définir les moyens nécessaires à leur réalisation. De plus, nous intégrons dans le SDSI les projets permettant d'améliorer l'efficience de la fonction système d'information et nous actualisons notre feuille de route sur les infrastructures informatiques.
PublicitéPendant l'année, les équipes PMO (Project management office) veillent au bon déroulement du processus de gestion des changements. Les projets priorisés dans le SDSI sont lancés lors d'un comité stratégique avec une gouvernance mixte métier, SI et Direction Générale.
Depuis mon arrivée, j'ai transformé le processus de Delivery. Afin de gagner en agilité et de mieux gérer le risque de changement de périmètre fonctionnel, nous mettons en place une culture du produit plus que du projet. L'objectif est de donner du rythme et d'embarquer toutes les parties prenantes des projets informatiques dans cette culture de l'agile. Ces principes nous permettent de mieux prendre en compte les changements de dernières minutes.
CIO : Quelle place prend la transformation numérique à la CAFAT ? Avez-vous, allez-vous définir un plan digital et sur quels sujets précis ?
Jérôme d'Aubuisson : La transformation numérique est un des volets du Schéma Directeur du Système d'Information.
Dans premier temps, l'objectif était de gagner en productivité et de digitaliser les flux entrant de documents remplis par les assurés, les entreprises ou les professionnels de santé. Nous avons donc lancé un programme de dématérialisation des flux entrants.
Nous avons aussi proposé de nombreux e-services aux entreprises et aux travailleurs indépendants pour réaliser les opérations directement sur internet et éviter de se rendre aux guichets de la CAFAT.
Dans le prochain SDSI, nous allons travailler sur la vision à 360 degrés de l'assuré et définir pour chaque type d'interaction possible avec la CAFAT, quel est le canal à privilégier. Nous avons aussi des réflexions au sein de la DSI pour connaitre les nouvelles technologies qui peuvent nous permettre d'améliorer notre qualité de service ou de diminuer nos coûts de gestion.
CIO : Sur quels nouveaux sujets travaillez-vous ?
Jérôme d'Aubuisson : On travaille sur le modèle DevOps pour accélérer le rythme des mises en production. C'est un changement de culture. Nous avons présenté ces principes aux équipes et je sens une forte adhésion.
CIO : Etes-vous, et dans quelle proportion, dans le cloud ? Sinon, quelle est votre approche ?
Jérôme d'Aubuisson : Suite à la première question, il est difficile d'utiliser des technologies Cloud car la Nouvelle Calédonie est une ile avec un seul câble pour acheminer le trafic vers l'Australie. De plus, il y a aujourd'hui une vraie latence avec des solutions hébergées en Europe qui ne sont pas acceptables pour les utilisateurs. L'accélération du Cloud ne pourra venir qu'avec la mise en service d'un deuxième câble.
Article rédigé par

Didier Barathon, Journaliste
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