Douze points que les DSI retiennent de 2022
Des DSI partagent les leçons qu'ils ont apprises cette année, sur le rythme de la transformation de l'entreprise, la mise en oeuvre d'initiatives IT axées sur la valeur et les avantages d'une solide culture d'entreprise.
PublicitéL'année écoulée a offert de nouveaux défis et opportunités aux dirigeants dans tous les secteurs.
Cela a conduit les DSI à agir plus rapidement que jamais pour suivre les tendances du marché, l'évolution des prévisions économiques, les besoins en talents et les exigences métiers. Alors que 2022 se termine, les journalistes de CIO États-Unis ont demandé aux décideurs IT de partager leurs réflexions sur ce que les 12 mois précédents leur ont appris. Voici leurs réponses.
1. La transformation numérique a atteint une vitesse vertigineuse
La course est lancée pour digitaliser davantage les opérations et tirer parti de la technologie pour l'innovation et la transformation de l'entreprise. C'est une tendance depuis des années, mais les DSI ont constaté que le rythme auquel eux et leurs équipes doivent réaliser la transformation numérique s'est encore accéléré. Une récente enquête de Bain & Co. auprès de 1 400 dirigeants a révélé que 85 % d'entre eux déclarent que « la disruption se poursuivra à un rythme effréné ou même s'accélérera au cours des cinq prochaines années ».
Si ce n'était pas déjà clair, 2022 a rendu évident que les DSI doivent agir très rapidement. « Des situations pandémiques mondiales ou géopolitiques qui surviennent une fois dans un siècle, aussi bien que les attentes en constante évolution des clients exigent que les entreprises, grandes comme petites, voire des secteurs entiers fassent rapidement évoluer leurs modèles économiques et obligent à expérimenter tout en bougeant », observe Sanjay Macwan, CIO et RSSI de l'opérateur de communication cloud Vonage. Par conséquent, « les entreprises de tous les secteurs ont besoin d'une approche stratégique pour concilier l'exploitation du cloud computing, la sécurité et confiance dès la conception ainsi que les données, en vue de créer une valeur exponentielle tout en gérant de manière appropriée les risques de cybersécurité ».
2. Et le retour sur investissement doit être plus rapide
Les DSI doivent non seulement fournir des technologies transformatrices plus rapidement, mais ils ont compris que leurs collègues du comité exécutif veulent également voir des retours encore plus rapides. « Les délais de retour sur investissement deviennent en effet très courts », confirme Stuart Carlaw, directeur de la recherche chez ABI Research. « Auparavant, l'attention se portait sur une rentabilité à 18, 24 et 36 mois, mais maintenant, beaucoup de nos contacts signalent que les délais de retour sur investissement de six mois sont attendus. Qui plus est, il est également nécessaire de démontrer la capacité à respecter ces délais avant même l'approbation du projet. »
3. La flexibilité de la stack IT est essentielle
PublicitéAprès plus d'une décennie à renforcer l'agilité des équipes techniques, en adoptant des méthodologies agiles et DevOps et en faisant de la capacité à pivoter une priorité, les DSI ont consacré davantage de temps à créer de la flexibilité au sein de leur environnement IT d'entreprise.
Pour Rosie Rivel, DSI de BigCommerce, cela signifie une architecture plus composable. « En ce qui concerne la technologie sur laquelle repose notre activité, la technologie non différenciante doit arriver le plus rapidement possible, donc je cherche à construire de manière composable, avec des solutions packagées et des API intégrées qui créent la modularité et la flexibilité dont nous avons besoin », confie-t-elle. « Les modèles économiques évoluent et nous devons être suffisamment flexibles pour évoluer avec eux ; La modularité me permet de fournir une pile technologique qui peut prendre en charge différents modèles économiques. »
Les analystes de la société de recherche Gartner ont également constaté la valeur de la modularité en 2022, affirmant que leurs recherches prévoyaient qu'en 2022, les dirigeants des entreprises avec une forte modularité s'attendaient à une croissance moyenne des revenus de 7,7 %, contre seulement 3,4 % pour ceux des entreprises à faible modularité.
4. L'IA est devenue mainstream
L'intelligence artificielle, comme la modularité, s'est installée dans les pratiques et est devenue un facteur de différenciation clef de succès en 2022. Les chiffres du rapport d'octobre 2022 de Deloitte sur l'état de l'IA dans l'entreprise illustrent bien ce point, avec 94 % des décideurs interrogés affirmant que l'IA est essentielle au succès. « Des solutions d'IA à visée pratique apparaissent dans certains des workflows d'entreprise les plus courants et les plus fréquents et permettent des expériences clients et employés plus riches », constate Sanjay Macwan, affirmant qu'une telle utilisation de l'IA « devient un enjeu mis sur la table ». Il ajoute : « Tout comme nous ne pouvons pas imaginer une entreprise fonctionner sans ordinateurs portables et appareils intelligents pour les employés, nous commençons à voir des solutions d'IA s'infiltrer dans toutes les formes possibles de workflows présentes dans les entreprises. Pour les DSI et tous les responsables technologiques et métiers, ce caractère plus 'routinier' de l'IA va se révéler passionnant, car ils vont devoir trouver des moyens plus pratiques d'exploiter l'IA dans les années à venir. »
5. Les DSI doivent maîtriser la sécurité
La cybersécurité a toujours été un problème pour les DSI, mais elle est passée en tête de nombreuses listes de priorités des DSI en 2022. L'enquête State of the CIO de cette année a révélé que le renforcement de la cybersécurité était la première initiative business motivant les investissements IT en 2022, devant des enjeux stratégiques tels que l'augmentation de l'efficacité opérationnelle (n° 2 sur la liste des investissements) et l'amélioration de l'expérience client (en troisième position).
« La surface d'attaque est plus complexe que jamais. De ce fait, nous devons nous assurer que la DSI est un facilitateur tout en continuant à investir dans les personnes, les outils et les processus pour atténuer ces complexités », affirme Carl Froggett, CIO de Deep Instinct. « En raison de la rapidité du changement, réagir à une situation n'est plus suffisant ; vous devez d'abord l'empêcher de se produire plutôt que d'être constamment dans la réaction. »
6. La technologie doit compenser les pénuries d'employés
L'année qui s'achève a vu des chiffres de chômage bas ainsi que des taux de départs élevés, ce qui a poussé les DSI à trouver davantage de moyens d'utiliser la technologie pour atténuer la crise, note Stuart Carlaw. « Les pénuries d'employés favorisent l'adoption de la technologie. Auparavant, les entreprises envisageaient des solutions automatisées si elles pouvaient remplacer sept à dix personnes. Cette année, nous avons vu cette taille se réduire à pratiquement une personne », indique l'analyste, ajoutant que la tendance a considérablement stimulé l'utilisation de cobots, de véhicules automatisés, d'IA et d'autres technologies de productivité qui augmentent la main-d'oeuvre humaine ou la remplacent tout à fait.
7. L'automatisation doit aussi apporter des avantages
Si importante que soit l'automatisation pour augmenter la productivité et réduire les coûts, les DSI affirment qu'ils doivent aussi mettre à profit ces initiatives pour stimuler la transformation des processus. Cette leçon n'échappe pas à Carrie Rasmussen, CIO de Ceridian. Pour elle, dans les initiatives d'automatisation il faut d'abord s'assurer que les processus eux-mêmes sont efficients et efficaces avant de les automatiser. Ensuite, ces projets doivent également offrir « une perspective à plus long terme, pour nous améliorer dans ce que nous faisons », explique-t-elle. « Il existe de bonnes et de mauvaises façons d'automatiser », poursuit Carrie Rasmussen. « Trop souvent, l'automatisation est vendue comme quelque chose qui réduira les coûts. Au lieu de cela, elle devrait être considérée comme quelque chose qui génère de la valeur. »
8. L'UX est un différenciateur
L'année dernière a également vu l'expérience client et l'expérience des employés, qui étaient déjà des enjeux majeurs, prendre encore de l'importance, alors que la concurrence dans une économie en ralentissement s'intensifie, la rivalité pour les talents reste élevée et la frustration monte face aux expériences numériques erratiques et impersonnelles qui ont été tolérées au plus fort de la pandémie.
De fait, Rosie Rivel cite l'accent accru mis sur l'expérience comme l'un de ses principaux points à retenir de 2022, notant que « l'expérience est vraiment ce qui va nous différencier. » Elle explique que l'IT doit créer et prendre en charge des expériences de travail qui s'adressent aux employés (la DSI comprise) où qu'ils se trouvent. Son équipe l'a fait en partie en mettant en oeuvre des kiosques sans rendez-vous et d'autres options de libre-service, ainsi qu'en mettant en oeuvre des plateformes qui prennent en charge les interactions et la collaboration virtuelles des employés. Elle se concentre également sur les parcours des utilisateurs et personnalise les points de contact pour les employés et les clients.
9. Il est acceptable - et accepté - que la vie privée et la vie professionnelle s'entremêlent davantage
Dans de nombreuses organisations, si ce n'est toutes, les employés à tous les niveaux ont dû mélanger leur vie personnelle et professionnelle au cours des dernières années, alors qu'ils naviguaient entre les confinements et d'autres politiques de l'ère de la pandémie. Cela a conduit Amy Evins, vice-présidente exécutive et CIO de LPL Financial, à adopter de nouvelles perspectives. « J'ai grandi dans une culture d'entreprise pesante : vous n'aviez pas à amener vos situations familiales au travail », confie Amy Evins. Quand elle devait s'occuper d'affaires personnelles ou familiales, elle les gérerait discrètement. « Mais maintenant, il y a une prise de conscience respective. Vous connaissez les familles des gens parce qu'ils ont travaillé depuis chez eux. Vous savez maintenant s'ils ont un chat. Il y a un nouveau niveau de connexion personnelle. Cela ajoute une nouvelle dimension de respect et de confiance. Cela crée des relations plus étroites. »
10. Pensez d'abord aux personnes, pas à l'emplacement
Monique Dumais-Chrisope, vice-présidente principale et CIO d'Encore Capital Group, a elle aussi adopté de nouvelles perspectives sur le leadership, qui mettent davantage l'accent sur les gens.
« J'ai dû beaucoup me former sur la conception d'organisations centrées sur l'humain », explique-t-elle. « Avec le retour au bureau, les tendances hybrides et les demandes des employés pour plus de flexibilité, il était tout à fait difficile de déterminer, pour l'IT en particulier, quel était le bon modèle. J'ai regardé de grandes entreprises technologiques proposer du 100% à distance, puis revenir là-dessus et l'expérience des employés a été terrible. »
Comme de nombreux autres cadres, Monique Dumais-Chrisope a entendu à la fois des employés qui préfèrent le travail à distance et d'autres qui apprécient les interactions en personne avec les membres de l'équipe au bureau. Elle souligne que ces points de vue divergents génèrent « tout un casse-tête pour la plupart d'entre nous, afin de trouver le bon équilibre ». Cela l'a amenée à concevoir une organisation centrée sur l'humain, par opposition à la vision traditionnelle centrée sur l'emplacement. « J'ai pu me servir de cela pour mettre en place une approche hybride plus flexible pour mon équipe technologique et je sens qu'ils apprécient l'équilibre. »
11. Il reste du travail en matière de collaboration bureautique hybride
Trois ans après la pandémie, Amy Evins constate que tout le monde essaie toujours de trouver la meilleure façon de communiquer et de collaborer dans ce monde hybride. Oui, il existe une foule de technologies pour aider à combler le temps et l'espace entre collègues, mais celles-ci ne reproduisent pas vraiment les discussions informelles près de la fontaine à eau. « Je ne pense pas que nous ayons encore résolu ces aspects. Nous avons des textos et des messages instantanés, mais ce n'est pas la même chose que de demander en personne si son interlocuteur a une minute pour parler. Ce type de communication s'est perdue dans ce monde hybride et nous ne l'avons pas encore rétablie. »
12. La culture est essentielle pour recruter et retenir les talents technologiques
Dans le même ordre d'idées, 2022 a confirmé la conviction de nombreux DSI qu'ils doivent offrir aux talents technologiques une raison de les rejoindre ou de rester avec eux qui va au-delà de la rémunération. « Recruter et retenir les meilleurs talents est toujours dans l'esprit d'un CIO, mais cette année, cela s'est avéré particulièrement difficile en raison de la pénurie continue de compétences IT », affirme Ron Guerrier, CIO chez HP. « Plus que jamais, la culture du lieu de travail détermine votre capacité à recruter et à retenir des talents IT qualifiés. Le passage à long terme au travail hybride a mis en lumière la culture d'équipe, qui offre des opportunités tant aux employés qu'aux employeurs. Les professionnels qualifiés ont désormais accès à un bassin d'emplois élargi, ce qui leur permet de choisir en priorité le type d'environnement dans lequel ils peuvent donner le meilleur d'eux-mêmes. » En conséquence, Ron Guerrier estime que lui et d'autres DSI « doivent aller au-delà de la simple concurrence sur les salaires et les titres, et vraiment faire un effort concentré pour construire une culture d'inclusivité et d'intégration travail-vie au sein de nos équipes IT ».
Article rédigé par
Par Mary K. Pratt, IDGNS (Adapté par Aurélie Chandèze)
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