Donner la parole aux entreprises qui mènent des transformations agiles
Depuis quatre ans, la conférence Agile en Seine rassemble à Paris la communauté Agile francophone, en mettant à l'honneur les organisations qui mettent en oeuvre ces pratiques. Les organisateurs de ce rendez-vous reviennent sur sa genèse, dressent le bilan de l'édition 2020 et partagent leurs projets pour l'année à venir.
PublicitéPermettre aux entreprises qui mettent en pratique les méthodes agiles de partager leur expérience : c'est avec ce leitmotiv en tête qu'une équipe de passionnées d'Agilité a décidé il y a quelques années de créer un événement pour l'ensemble de la communauté : experts, coachs mais aussi et surtout utilisateurs. Sous l'impulsion de Couthaïer Farfra, lui-même coach Agile et PDG d'une société d'accompagnement, également président du French Kanban User Group, la conférence Agile en Seine a vu le jour, portée par une petite équipe de volontaires. « L'idée est née d'un constat : il existait de nombreuses conférences regroupant la communauté Agile. Les programmes faisaient la part belle aux interventions de coachs pour d'autres coachs, mais il n'y avait que très peu de représentants des utilisateurs finaux ni de retours d'expériences des entreprises utilisant ces méthodologies », explique-t-il. Avec l'arrêt des Scrum Days à Paris, un créneau s'est libéré pour un nouvel événement, avec un positionnement volontairement centré sur les utilisateurs. « Nous souhaitions permettre à ces derniers de présenter la manière dont leur entreprise mettait en oeuvre les pratiques agiles. »
Il y a quatre ans encore, cette initiative n'avait rien d'évident, beaucoup d'entreprises étant encore réticentes à communiquer sur les transformations qu'elles avaient engagées. « J'ai lancé un appel à la communauté, notamment via le French Kanban User Group, pour identifier des organisations qui adoptaient l'Agilité, et nous avons recueilli plus de 150 suggestions. Nous sommes ensuite allés voir ces entreprises pour leur proposer de partager leur expérience », raconte Couthaïer Farfra. Cette démarche a reçu des retours très positifs. « Des acteurs comme la Société Générale, Pôle Emploi ou encore Axa France, qui avait lancé sa transformation dès 2012, ont accepté de témoigner, pour montrer comment ils innovaient grâce à l'agilité et comment ces pratiques contribuaient à la qualité de travail », indique-t-il. Une fois le programme établi, l'équipe a bénéficié de l'aide de Microsoft, qui a mis à disposition son centre de conférences pour accueillir la première édition de l'événement. Au total, plus de 250 participants ont assisté à celle-ci. Depuis, la formule a été étendue et réitérée avec succès. En 2020, pour la quatrième année consécutive, Agile en Seine a rassemblé sur une semaine témoignages et ateliers, avec des retours d'expérience de e-voyageurs (SNCF), d'Airbus UpNext, de Renault Digital, de la Banque de France ou encore d'ING.
L'équipe d'Agile en Seine. De gauche à droite et de bas en haut : Arnault Etouman, Soun Banh, Arnaud Gonzales, Farida Mellouk, Frank Beulé, Joël Sagnon, Sylvia Cohen et Couthaïer Farfra.
PublicitéAu-delà des pratiques, une communauté Agile désireuse de donner du sens au travail
Constituée de bénévoles, l'équipe organisatrice compte en ses rangs des coachs agiles aussi bien indépendants que salariés, travaillant dans des cabinets spécialisés ou de grandes entreprises. Elle évolue régulièrement en fonction des disponibilités et contraintes de chacun. Cette année, elle a par exemple accueilli Farida Mellouk, coach Agile à la Société Générale. Les organisateurs consacrent un temps important au choix des intervenants. « Nous identifions des organisations qui déploient l'agilité, comme la Banque de France par exemple, qui communique beaucoup sur les réseaux sociaux, ou comme ING. Nous allons à leur rencontre, pour nous assurer que leur démarche agile repose sur des bases solides et qu'il ne s'agit pas simplement de publicité. » L'équipe s'appuie aussi sur des critères de sélection assez stricts et partagés. « Nous privilégions les sujets inédits, nous évitons d'avoir une même entreprise sur plusieurs sessions, sauf s'il s'agit d'entités différentes, ni un même orateur sur plusieurs sessions. Nous avons également mis en place une charte pour éviter que la conférence ne soit utilisée à des fins professionnelles », précise Couthaïer Farfra.
En termes de thématiques, Agile en Seine a adopté un spectre volontairement large, en abordant aussi bien la culture agile que les aspects techniques et les méthodes comme Scrum, Kanban ou SAFe. « Cette année, les présentations axées sur le sens ont eu davantage de succès que celles sur les pratiques », observe Farida Mellouk. « Les sessions sur les modèles mentaux, la reconnaissance biosystémique ont rencontré un très bon accueil. Cela montre que les participants sont aujourd'hui davantage en quête de sens, ils cherchent à voir ce que l'agilité peut leur apporter dans leur travail, leur façon d'être, comment elle peut contribuer à la société », pointe-t-elle. Pour Couthaïer Farfra, la conférence est aussi une vitrine, qui vise à faire sortir de l'ombre des intervenants. « Nous nous attachons plus à la qualité du sujet qu'à la renommée de l'intervenant, sans forcément chercher des stars. La première année, nous avons ainsi fait venir un professeur des écoles, Christian den Hartigh, sur la keynote de clôture, pour expliquer comment il utilisait les méthodes agiles dans sa classe, en les mettant au service de l'éducation. Son intervention a donné lieu à une standing ovation ». Les organisateurs cherchent aussi à aller vers la parité, « pour montrer que l'agilité, l'IT ne sont pas que des mondes d'hommes. Cette année, nous avons par exemple fait venir Fatima-Zahra Hamil pour une session sur le Nudge très appréciée. » Malgré cela, la part des sujets proposés par des femmes oscille entre 20 et 25%, l'équipe peinant à aller au-delà.
Cette année, Agile en Seine s'est achevé sur une table-ronde en présentiel, qui a reçu un très bon accueil. De g. à d. : Farida Mellouk, Nathalie Barbier (Renault), Jean-Sébastien Goetschy (Société Générale), Renaud Chevalier, Couthaïer Farfra, Jean-Claude Grosjean, Philippe Scimeca (ING France) et Morgane Remy.
S'ouvrir tout en conservant la valeur des échanges de proximité
En raison du contexte sanitaire, l'édition 2020 a pour la première fois été diffusée 100% en ligne. « Nous avions envisagé 800 participants en présentiel. En passant à un format en ligne, nous avons finalement eu plus de 1200 inscrits. La crise sanitaire est apparue comme une grosse difficulté au premier abord, mais elle s'est aussi révélée être une opportunité. Nous avons appris et découvert des outils comme Remo ou eventmaker, cela nous a donné des idées. Nous avons également vu que l'événement pouvait toucher un public plus large que franco-français, avec des participants venant de nombreux pays », souligne Couthaïer Farfra. Les organisateurs ont également profité de ce changement de format pour inviter 300 agilistes venant du Maroc, de Tunisie et d'Algérie.
Pour 2021, les organisateurs envisagent un format mixte. « Nous ne voulons pas aller vers une trop grosse conférence physique, pour préserver la dimension de réseautage, mais la diffusion en streaming nous permet d'ouvrir plus largement l'accès », estime Couthaïer Farfra. Pour réunir la communauté Agile sur une base plus régulière, l'équipe a également décidé d'organiser un meet-up hebdomadaire. Ces rendez-vous vont démarrer fin octobre, tous les mercredis soir, et vont permettre de découvrir les intervenants qui n'ont pas pu présenter leur sujet pendant la conférence.
Article rédigé par
Aurélie Chandeze, Rédactrice en chef adjointe de CIO
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