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Dominique Heimler (Citeo) : « En 2022, l'entreprise sera complètement dans le cloud »

Dominique Heimler, DSI de Citeo, pilote un SI à plusieurs strates

Retrouvez cet article dans le CIO FOCUS n°165 !

Des process aux données, l'IT se réinvente au coeur de l'entreprise

C'est un lieu commun, un truisme, une évidence : aucune entreprise ne peut plus exister sans une informatique performante au service de son métier. Mais, concrètement, comment cela peut-il se traduire lorsque l'entreprise (ou l'organisme) se réinvente ? Comment adapter l'informatique aux exigences...

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Dominique Heimler, DSI de Citeo, revient sur la gestion d'un système d'information composé de plusieurs strates. L'ambition est de basculer complètement dans le cloud d'ici 2022, tout en innovant sur le recyclage des déchets.

PublicitéCIO : Pouvez-vous nous présenter Citeo ?

Dominique Heimler : Citeo est issue de la fusion d'Eco-emballages et d'Ecofolio et a été créée par les entreprises pour réduire l'impact environnemental de leurs emballages et papiers. Concrètement depuis 25 ans, les entreprises assument « le principe de la responsabilité élargie du producteur » et financent à travers Citeo, le tri et le recyclage des emballages en France.

Entre 1997 et 2017, le taux de recyclage des emballages a été multiplié par 2 en passant de de 35% à 68%. En 2017, la France a recyclé 3,4 millions de tonnes d'emballages sur les 5 millions de tonnes vendues chaque année, permettant d'éviter l'émission d'1,6 millions de tonnes de CO2.

Des résultats qui s'expliquent grâce à la sensibilisation des consommateurs. Aujourd'hui, 88% des Français trient leurs emballages, le tri est devenu le 1er geste citoyen des Français. Pour autant, il est important d'appeler à la mobilisation de tous et de chacun : seuls un Français sur deux est trieur systématique et les villes trient deux fois moins bien que les territoires ruraux.

Citeo s'est fixé 4 priorités : accompagner les entreprises dans la généralisation de l'éco-conception ; développer de nouveaux débouchés pour la matière recyclée ; simplifier le geste de tri pour permettre à tous les Français de trier tous leurs emballages et papiers d'ici 2022 ; et harmoniser, moderniser et optimiser le système de collecte et de tri en France.

CIO : Dans ce cadre, comment fonctionne la DSI ?

Dominique Heimler : Notre SI est riche et singulier : il recouvre l'ensemble du circuit de l'économie circulaire qui commence par l'industriel qui va mettre sur le marché un emballage, le consommateur qui achète et trie dans un bac de tri, une collectivité qui va lui donner les moyens de bien trier ses emballages et ses papiers et mettre en place la collecte jusqu'au recycleur qui va traiter la matière pour lui donner une seconde vie.

Le SI propose des solutions pour chaque étape : nous mettons à disposition des consommateurs des outils digitaux pour l'aider à mieux trier partout sur le territoire (consignesdetri.fr et l'appli Guide du tri)

Pour les industriels, nous mettons en place des outils afin qu'ils puissent déclarer les emballages et papiers mis sur le marché et faciliter ainsi le paiement d'une éco-contribution établie en fonction du cout du recyclage des matériaux utilisés.

Nous avons également des solutions pour les collectivités partenaires qui nous permettent d'assurer la traçabilité des tonnes recyclées.

CIO : Pour revenir sur la DSI, comment est-elle organisée ?

Dominique Heimler : Notre département comprend des profils divers engagés sur les problématiques Clients, Opérations, RH, Communication ou encore Finances.
Nous sommes 20 internes à la DSI et une soixantaine de personnes au total dont environ une vingtaine de développeurs.

PublicitéCIO : Quels sont les outils pour adresser l'ensemble des strates ?

Dominique Heimler : Nous utilisons le CRM Salesforce dans lequel nous gérons nos référentiels et nos documents. Au coeur de notre SI, nous avons le système financier géré par SAP capable de s'occuper de grands volumes (10 000 clients, 500 groupements de collectivités). Nous avons environ 70 applications métiers dont une quinzaine de sites web compte tenu de l 'ensemble des parties prenantes avec lesquelles nous travaillons.

CIO : Est-ce que vous vous appuyez sur le cloud ?

Dominique Heimler : Aujourd'hui, nous sommes à 85% dans le cloud. Une partie est sur Azure et OVH. Sur le cloud de Microsoft, nous avons signé un partenariat avec LinkbyNet pour infogérer notre cloud. OVH est utilisé pour quelques sites.

Le CRM est en SaaS, par contre la solution SAP est sur site. L'objectif est que d'ici 2022, l'entreprise soit complétement cloud, y compris SAP, notre système de paie et nos serveurs de fichier. Les collaborateurs sont sur la suite Office 365 avec One Drive. Sur ce point, nous sommes au milieu du gué, car certains de nos collaborateurs utilisent encore des serveurs de fichiers, mais vont à terme tous basculer sur One Drive.

CIO : Est-ce que cela s'inscrit dans une logique de télétravail ?

Dominique Heimler : Nous sommes aujourd'hui dans une logique de Home Office avec l'accord d'un responsable pour que le collaborateur puisse travailler de chez lui. Ceci nous assure une démarche de continuité d'activité en cas de perturbation comme des grèves, un incendie, le non accès à l'immeuble. Les personnes peuvent travailler sur 80% du système d'information, mais pas sur SAP qui nécessite un poste de l'entreprise avec un accès VPN. Nous réfléchissons actuellement à faire un pas de plus vers du télétravail.

CIO : Où en êtes-vous sur le digital workplace ?

Dominique Heimler : C'est un de nos projets majeurs pour 2019. Nous devons digitaliser nos pratiques pour plus de performance et pour créer un véritable espace communautaire qui favorise la transversalité. La réflexion et la déclinaison opérationnelle sont en cours.

CIO : Sur SAP, quelles sont les évolutions attendues ?

Dominique Heimler : Nous étudions le fait de basculer sur SAP HANA version HEC version qui autorise le spécifique car nous avons estimé que d'ici 2022, nous aurons encore un peu de spécifique résiduel, l'option full SaaS semble à date un pari risqué.

CIO : Sur la partie développement, comment faites-vous ?

Dominique Heimler : Pour les portails, on s'appuie sur Drupal avec des compétences en interne et sur la technologie Angular de Google. Sinon, on a l'habitude de travailler avec des centres de service comme c'est le cas par exemple sur SAP (partenaire à Toulouse). Sur Salesforce, on a également un centre de service. Sur la partie développement, il y a beaucoup d'évolutions. Nous avons récemment sorti un outil baptisé Sprint pour simplifier la déclaration des clients. Ces derniers peuvent faire une déclaration partielle et avec des approches statistiques, nous sommes capables de compléter certaines des informations manquantes. Nous avons une base de référence sur les dernières années, avec des données rentrées. La précision est élevée.

CIO : Comment gérez-vous la question de la sécurité ?

Dominique Heimler : La question de la sécurité est pour nous prioritaire. Nous menons des audits et très régulièrement des tests d'intrusion en interne et en externe. Nous disposons d'une politique de sécurité des systèmes d'information, d'un comité de sécurité des SI qui réunit tous les trimestres les fonctions SI, RH, services généraux, juridiques et qui passe en revue notre matrice des risques.

CIO : En termes d'innovation, dans quelles directions allez-vous ?

Dominique Heimler : Nous avons une Direction de l'innovation qui travaille sur l'ensemble du cycle et qui entre autres organise chaque année le « Circular Challenge » pour détecter et accompagner les start-ups. Par exemple, la société Uzer, finaliste du Circular Challenge propose un boîtier qui se place dans une cuisine et indique dans quel bac mette le déchet et fournit des statistiques sur la production de déchets du foyer. Par ailleurs, Citeo réfléchit de plus à la création d'un fonds à même d'investir dans les start-ups de l'éco-système du recyclage. La DSI est également force de propositions pour l'utilisation de nouveaux outils comme les chatbots comme alternative aux FAQ pour des usages précis.