Tribunes

Deux nouveaux métiers au sein de l'entreprise: architecte et directeur des transformations

Deux tiers des projets sont en situation d'échecs. Pour éviter d'en arriver là, les transformations ont besoin d'un architecte et d'un directeur.

PublicitéInternet et l'émergence accélérée du numérique ont accentué le caractère transverse et multi-métier des visions clients et, de ce fait, des systèmes d'information sous-jacents, en particulier leur facette métier. Le cycle de transformation des entreprises s'en trouve d'une part plus accéléré, et d'autre part plus cadencé.

Des organismes spécialisés dans le management de projets, comme le canadien Standish Group, dans son rapport annuel, et malgré l'amélioration observée en 2011, fait état de près de 2/3 de situations d'échec ou de dépassement en délai ou en budget des grands projets.
Ainsi, la maîtrise des cycles de transformation de l'entreprise requiert des compétences nouvelles : architecte des transformations et son pendant managérial, directeur des transformations.

L'utilisateur du système d'information ne se réduit plus qu'à quelques agents derrière le guichet ou des administratifs dans leurs bureaux, nous retrouvons le citoyen à son domicile, l'abonné au travers de son smartphone ou le porteur d'un dispositif RFID qui franchit un tourniquet...

Plus encore, les transformations de contexte n'ont plus un caractère transitoire, elles deviennent plus récurrentes dans le temps. Et de ce fait, leur gouvernance doit non seulement s'inspirer des organisations itératives, nonobstant certaines adaptations ou améliorations, mais aussi trouver le moyen de capitaliser sur l'existant afin que la réactivité, dans la mise en oeuvre des évolutions régulières, soit industrielle.

Rajouter de nouveaux services au bénéfice de l'utilisateur doit s'adosser à une démarche incrémentale et non à une refonte systématique du système d'information. Pour ce faire, il est essentiel que le système d'information puisse reposer sur un modèle évolutif agile. Ainsi, l'agilité n'est pas que dans les méthodologies de pilotage d'organisation de type SCRUM, LEAN ou autre, mais surtout dans ce modèle cible autour duquel s'élaborera le fonctionnement du système d'information.

Ce modèle évolutif agile doit être en mesure de favoriser la maîtrise budget / délais de la mise en oeuvre, tout en offrant une capacité affirmée de transformation métier.
Dans certains restaurants japonais, les mets sont servis dans des assiettes catégorisées (petite, moyenne et grande taille, assiettes de couleurs différentes, etc...). La comptabilisation des consommations s'effectue sur la base du nombre d'assiettes par catégories. De ce fait, l'introduction dans le menu d'un nouveau plat n'impose pas l'évolution du logiciel de facturation... Le cuisinier peut exercer ses qualités innovantes sans que soit modifié le logiciel de caisse.

Nous avons donc un modèle de gouvernance du restaurant japonais qui rationnalise sa capacité d'enrichissement culinaire. Nous parlons alors de gouvernance par le modèle.
L'enjeu est d'être en mesure de piloter la transformation permanente de l'entreprise en s'adossant à la bonne architecture. La mise en place de cette architecture de transformation, en mesure de fiabiliser les processus de transformation en cours et à venir, est du ressort de deux acteurs majeurs : l'architecte et le directeur des transformations, respectivement artisan-cheville ouvrière et manager de la « gouvernance des transformations ».

PublicitéLa « Gouvernance des Transformations » met en place un cadre référentiel qui permet d'appréhender les complexités parallèles et simultanées que nous devons affronter dans le cas des grands projets :
- La complexité de la production technologique et des nouveaux processus innovants
- La complexité de nos sociétés qui affrontent une ère de négociation permanente pour - définir et redéfinir leur positionnement régional et mondial.
- La complexité des contextes économiques et des mécanismes de financement
- La complexité des mécanismes de formation des ressources humaines et le bon compromis entre leur sédentarisation et leur mobilité internationale (nouvelle forme de nomadisme ?)
- ...

L'architecte des transformations est le successeur du binôme constitué par l'urbaniste des systèmes d'information et le spécialiste des méthodes itératives. Le directeur des transformations porte, quant à lui, un mélange intelligent des compétences d'un Directeur des Systèmes d'Information, d'un Directeur des Ressources Humaines et d'un Directeur Financier. Ces deux nouveaux profils doivent se doter des compétences de « modélisation agile » à ne pas confondre avec les désormais traditionnelles méthodologies agiles.
Ces deux nouveaux métiers, et en particulier, celui de Directeur des transformations, commencent à pointer leur nez au sein des organigrammes de certaines administrations et grands groupes. Il est à prévoir que les mois qui viennent, en particulier, avec la redéfinition des options de ré-industrialisation, confirment cette tendance.

Article rédigé par

Omar Seghrouchni, Associé fondateur de StragIS
Omar Seghrouchni est associé fondateur de StragIS et Auteur de la « Gouvernance des transformations »